Rail. Préparons la prochaine grève de 48 heures avec un plan de mobilisation et des revendications claires

Quand on voit tout ce qui ne va pas dans les chemins de fer, on ne peut que constater que le personnel est économe dans l’usage de son droit de grève… En Flandre, l’association de navetteurs TreinTamBus s’est plainte que cette première grève de 48 heures s’est ajoutée aux retards, à la réduction du nombre de trains et à d’autres problèmes dont souffrent les voyageurs depuis longtemps. Déclaration bien peu perspicace. Le lien est évident entre ces nombreux problèmes et les raisons du mouvement de grève.

En dépit d’une préparation chaotique, la participation à ces deux premiers jours de grève, ces 8 et 9 novembre, est appréciable. Le personnel fait preuve d’une grande volonté d’action, qui pourrait encore s’accroître à l’approche de la grève de décembre. Les choses sont allées très vite jusqu’à aujourd’hui et il n’y avait qu’un petit tract syndical pour mobiliser le soutien à la grève. Les critiques ne manquaient pas à ce sujet aux piquets de grève visités par les militant.e.s du PSL. Pas mal de questions portaient encore sur les réunions de consultation sociale, dont rien ne sort et qui se passent avec un management qui connaît sur le bout des doigts la rhétorique des écoles de commerce mais qui n’a pas acquis les connaissances de base sur le fonctionnement du chemin de fer.

Les raisons de la colère sont nombreuses, tant auprès du personnel que des passagers. Les frustrations s’accumulent en raison du manque de ressources et de collègues. La volonté de la direction de réduire le temps de « prise de service » de l’accompagnateur(1) a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ce n’est qu’une des mesures qui accentuent la flexibilité à outrance. Les syndicats dénoncent aussi la contractualisation croissante, notamment concernant le personnel des guichets. Ces dernières années, de plus en plus de postes de cadres ont été créés (un doublement depuis 2016 pour atteindre 700) alors que le personnel qui fait effectivement rouler les trains est moins nombreux. « Jetez-les dehors », a déclaré un représentant syndical au piquet de grève de la gare d’Anvers Berchem, en parlant des cadres de cabinets de consultance.

La tenue des piquets de grève est importante, même si le personnel doit dorénavant envoyer à l’avance une lettre d’intention indiquant s’il fera grève ou non. Les piquets de grève offrent la possibilité de discuter collectivement et, surtout, de préparer les prochains jours de grève. Un mois est prévu à cet effet, ce qui est plus que dans la plupart des autres cas. Cela signifie que l’on a le temps d’organiser une tournée sur chaque lieu de travail avec des membres du syndicat pour parler à un maximum de collègues et les convaincre de se joindre à la grève. Cela donne le temps d’élaborer des appels qui partent des nombreuses pénuries sur le lieu de travail, en formulant des revendications sur le nombre supplémentaire de collègues nécessaire ainsi que sur le financement qui s’impose. En 20 ans, les effectifs ont diminué de près d’un tiers alors que les services se sont développés.

Trouver du soutien auprès des voyageurs peut de prime abord ne pas sembler évident. Le mécontentement y est pourtant également très fort. Cheminot.e.s et voyageur.euse.s partagent des intérêts communs. La manifestation pour le climat du 3 décembre à Bruxelles est une excellente occasion de le montrer.

Des transports publics plus nombreux et de meilleure qualité : c’est une revendication essentielle en matière de climat. Pourquoi ne pas organiser dans cette manifestation un bloc conséquent de membres du personnel des transports publics, avec un tract qui appelle à constituer des délégations de solidarité de la part des activistes du climat lors de la prochaine grève de 48 heures des 6 et 7 décembre ? Lors de ces piquets de grève, des micros ouverts pourraient être organisés, au cours desquels des militant.e.s pour le climat et d’autres sympathisant.e.s pourraient prendre la parole. La solidarité peut également être renforcée avec la participation de collègues d’autres secteurs du transport public. Chez De Lijn, même la direction doit reconnaître que la stratégie à l’œuvre est pourrie. Ces derniers jours, des grèves spontanées ont eu lieu contre la fermeture de dépôts et contre la politique suivie plus généralement. Au piquet de Berchem à Anvers, quelques délégués de De Lijn étaient en visite de solidarité. Pourquoi ne pas s’acheminer vers une grève commune de tous les transports publics ?

Ce pourrait être le point de départ d’une vaste campagne autour de la revendication d’un plan d’urgence avec une augmentation drastique du financement public pour les transports publics. Une telle campagne, à l’approche des élections, ferait de nos revendications un enjeu électoral. Cela irait à l’encontre des appels à l’économie lancés par les politiciens de droite et par des organismes comme le FMI, qui affirme déjà que les gouvernements belges doivent économiser 30 milliards d’euros au cours des six prochaines années. Les transports publics, comme beaucoup d’autres services (de l’enseignement aux soins de santé en passant par la petite enfance), ont été réduits à néant. Si nous ne voulons pas que les mêmes politiques pourries se poursuivent pendant des années, nous devons organiser notre combat.

  1. Temps de préparation entre son arrivée sur son lieu de travail et le début effectif de son service, durant lequel il s’informe de ses services du jour et vérifie une série de choses dans le train. Ce temps était de 20 minutes.

Photos de Bruxelles

Photos de Liège

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