Les antifascistes deux fois plus nombreux que l’extrême droite à Anvers

L’Association des étudiants nationalistes (NSV), l’aile étudiante du Vlaams Belang, s’est sentie confortée par les sondages en Flandre et a organisé une nouvelle marche de la haine après cinq ans d’absence. Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, et son allié, Dries Van Langenhove, avaient appelé à se rendre à Anvers renforcer le cortège. En cette année électorale, les candidats du VB étaient désireux de s’afficher, d’autant plus qu’une mobilisation internationale avait également ramené des délégations des Pays-Bas, de France et même d’Autriche. En vain. Sous le slogan “La jeunesse flamande se soulève”, moins de 200 personnes ont manifesté, une bonne partie d’entre elles pouvait d’ailleurs très difficilement être qualifiée de “jeunesse” et, vu la mobilisation internationale, elle n’était pas non plus très “flamande”. Au pas cadencé rythmé par des tambours menaçants, la haine est toutefois bel et bien descendue dans la rue. 

Bruno Verlaeckt, président de la section d’Anvers de la FGTB.  

Situation différente Dageraadplaats. A partir de là, une mobilisation antifasciste très diversifiée, vivante et dynamique a défilé dans les rues d’Anvers et du quartier de Borgerhout, sous les chaleureux encouragements des habitant.e.s. Le chiffre donné par la police juste avant le départ était une sous-estimation, nous étions un bon paquet au-delà des 250. Nous sommes partis à plus de 400 et la manifestation s’est encore agrandie en cours de route. Dans les discours prononcés au point d’arrivée, le président de la FGTB d’Anvers, Bruno Verlaeckt, a exprimé sa solidarité explicite envers les manifestant.e.s, jeunes pour la plupart, et a parlé à juste titre de 500 antifascistes. Son discours a souligné que l’extrême droite se trouve toujours de l’autre côté des barricades dans la lutte pour le progrès social. Le soutien du mouvement ouvrier organisé à la manifestation était très positif : l’extrême droite représente il est vrai une menace pour l’ensemble de nos droits sociaux, y compris nos droits syndicaux. Il est également excessivement positif que les jeunes activistes antifascistes, en tant que futurs syndicalistes, adoptent immédiatement cette approche à l’agard du mouvement ouvrier.

La manifestation antifasciste a réuni des groupes et des participant.e.s de nombreuses organisations. On retrouvé mélangés nombre d’activistes queer, un groupe de la Coordination Antifasciste de Belgique (CAB) où se trouvaient des antifascistes francophones et néerlandophones, une forte délégation de la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) et des Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA), divers groupes et individus anarchistes, des membres de Comac et du PTB, des membres d’Anvers pour la Palestine, des syndicalistes principalement issus de la FGTB (parmi lesquel.le.s des délégations du chemin de fer et de la société flamande de transports en commun De Lijn, des syndicalistes locaux et des activistes de Syndicalistes contre le Fascisme), Femmes contre le Fascisme et le Racisme… VegAnarchy était également présent et s’est chargé de fournir un bar à soupe pour les manifestant.e.s. A cela s’ajoutent encore bon nombre d’antifascistes inorganisé.e.s qui ont rejoint la mobilisation grâce à la campagne qui a été menée en amont de la manifestation.

L’atmosphère était combative et inclusive, avec un message sans équivoque : il nous faut une politique sociale qui s’en prend aux conséquences de la faillite du capitalisme. Les pénuries sociales en matière d’emploi, de logement décent et accessible, d’accès aux soins de santé,… nourrissent les divisions et la haine.

La différence entre l’extrême droite et les antifascistes était évidente dès les premières prises de parole aux deux manifestations. Alors que l’extrême droite a commencé par une tirade transphobe, les antifascistes ont entendu une personne transgenre appeler à la solidarité contre la haine.

D’autres orateur.trice.s de la manifestation antifasciste ont également dénoncé toutes les formes d’oppression et les ont liées au capitalisme. Par exemple, Nicky, de la Campagne ROSA et du PSL, a expliqué : Tous nos problèmes sont censés être la faute des personnes homosexuelles, des personnes trans, des réfugié.e.s ou des musulman.ne.s… Il s’agit toujours d’une distraction par rapport à la véritable cause de nos problèmes. Les inégalités et les oppressions sont enracinées dans le système capitaliste. Il n’y a pas de capitalisme sans exploitation. Tout le monde est pointé du doigt, sauf la riche élite capitaliste qui détient le pouvoir.

Dans notre tract, nous ajoutions: Pour stopper l’extrême droite, nous devons nous attaquer au terreau qui le nourrit. Cela implique de défendre des investissements massifs dans le logement social afin d’éliminer les listes d’attente ; un financement public beaucoup plus important pour des services publics accessibles tels que l’éducation, les soins de santé et les transports publics ; une formation pour les enseignant.e.s afin qu’iels puissent s’opposer au sexisme, au racisme et à la LGBTQIA+phobie dans la salle de classe, ainsi qu’une éducation sexuelle axée sur l’égalité des genres ; une augmentation du salaire minimum à au moins 17 euros de l’heure ; un impôt sur la fortune pour les super-riches afin de libérer des ressources pour l’expropriation en cas de fuite des capitaux ; la nationalisation des secteurs centraux de l’économie afin que nous puissions en planifier démocratiquement le fonctionnement pour répondre aux besoins de la société.

Ce n’est que le dernier jour que le NSV s’est montré à Anvers avec des affiches sur les campus et dans les quartiers étudiants. La tâche était cependant désespérée : l’espace public du quartier étudiant était dominé par des affiches et des autocollants appelant à la manifestation antifasciste. L’extrême droite espérait trouver se connecter aux étudiant.e.s anversois.es avec le soutien d’anciens membres du NSV aujourd’hui au Vlaams Belang (certains ayant un passé au cercle catholique d’extrême droite KVHV à Gand). Cela ne s’est pas concrétisé. La campagne antifasciste a joué un rôle crucial à cet égard.

Nous évaluons cette manifestation ainsi que la coopération pour l’organiser comme extrêmement positives. Nous continuerons bien sûr à nous organiser et nous espérons que les lecteur.trice.s de cet article voudront également s’impliquer.

Le 11 mai, par exemple, nous organiserons à Anvers un après-midi thématique sur l’antifascisme, suivi d’un quiz.

Le 18 mai, nous participerons à la Brussels Pride, un jour plus tard il y aura la manifestation contre le massacre génocidaire à Gaza.

Le 16 juin, la Coordination Antifasciste de Belgique organisera une manifestation nationale à Bruxelles, une semaine après la tenue des élections.

Le 30 juin, la Campagne ROSA organise une manifestation “Pride is a Protest” à Gand : trois semaines après le “dimanche noir”, un dimanche arc-en-ciel !

Un week-end antifasciste suivra les 6 et 7 juillet.

Le 10 août, nous participerons avec une délégation militante à la Pride d’Anvers et, le 24 août, à la Pride de Liège.

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