Rassemblement antifasciste contre la présence de Dries Van Langenhove à la KU Leuven

Selon le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, la section du NSV (Association des étudiants nationalistes, organisation étudiante liée au VB) de Louvain se porte bien et son parti y a récemment trouvé de nouveaux collaborateurs. La position politique défendue par le NSV de Louvain est celle d’une extrême droite dure. En avril, le cercle a fait venir à Louvain le néonazi autrichien Martin Sellner, à l’origine des projets d’expulsion de masse contre lesquels des centaines de milliers de personnes ont manifesté en Allemagne ces dernières semaines.

C’était maintenant au tour de Dries Van Langenhove, membre fondateur de Schild & Vrienden, qui était censé parler d’agriculture mais qui a surtout utilisé cette tribune pour une tirade raciste. Voici quelques extraits parus dans un article du quotidien flamand Het Nieuwsblad : « Il y a tout simplement moins d’ingénieurs africains. Les classes où il y a beaucoup d’enfants africains réussissent moins bien, nous le savons grâce à la recherche scientifique », « Lorsque des femmes roms viennent vous demander leur chemin, vous commencez automatiquement à faire plus attention à votre téléphone et à votre portefeuille » ou encore l’idée selon laquelle entretenir des préjugés serait « utile et vital ». L’extrême droite se sent renforcée par les sondages et elle redouble de haine. C’est également ce que nous avions vu précédemment, après les élections de 2019, lorsque l’extrême droite a organisé une réunion sexiste et raciste avec le chirurgien Jeff Hoeyberghs à l’université de Gand, par exemple. Avec une nouvelle percée de l’extrême droite, celle-ci ira plus loin et passera de la rhétorique à l’action.

Heureusement, une contre-manifestation antifasciste a été organisée avec plus de 100 participant.e.s. La ville de Louvain n’a pas autorisé la tenue d’une manifestation. Une réunion publique qui transpire la haine à l’université ne pose visiblement pas de problème aux autorités communales, contrairement à une manifestation visant à exprimer son rejet du racisme, du sexisme et de la division.

Le rassemblement antifasciste était combattif et a réuni des activistes de différents horizons politiques. La Campagne ROSA et le PSL ont activement mobilisé pour l’événement, au côté de la Plateforme des activistes antifascistes de Louvain et toute une série d’organisations, y compris les syndicats de la KU Leuven et la Coordination antifasciste de Belgique nouvellement créée. Il est très positif que des représentants de la FGTB et de la CSC aient clairement pris la parole lors du rassemblement : tout ce qui nous divise nous affaiblit, c’est aussi une évidence dans l’intérêt de la sécurité du personnel de l’université.

Elise, de la Campagne ROSA, a souligné la nécessité de s’attaquer au terreau de l’extrême droite par une lutte sociale contre le capitalisme. Elle a précisé que nous devons mener cette lutte à l’échelle internationale et a évoqué, entre autres, la situation au Brésil. Fin mars, une féministe socialiste brésilienne prendra la parole à Louvain (le mercredi 27 mars à 19h30 dans la salle Romaanse Poort) et d’autres villes du pays, notamment à Bruxelles et Liège. Elise a également appelé à une présence antifasciste le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Défendre de manière offensive les revendications féministes fait partie de la résistance antifasciste.

Tous les orateur.trice.s ont souligné l’importance des manifestations antifascistes. Il a été fait référence aux manifestations de masse en Allemagne. En Belgique, les actions sont encore modestes, mais l’indignation massive contre la justice de classe et, en fait, contre l’ensemble du système d’oppression et d’exploitation de classe montre le potentiel existant. Elise a fait explicitement référence à Sanda Dia, ce jeune étudiant tué lors d’un baptême étudiant élitiste du cercle Reuzegom, dont les condamnations ont été scandaleusement faibles. Mais elle a également fait référence aux mobilisations de masse contre l’horreur à Gaza. L’antifasciste liégeois Constantin, des Etudiant.e.s de Gauche en Action, a fait valoir que le parti d’extrême droite « Chez Nous » avait du mal à s’organiser en raison des manifestations antifascistes systématiques soutenues et menées notamment par le mouvement des travailleur.euse.s. Néanmoins, le terreau est également présent du côté francophone et pourrait conduire à une percée de Chez Nous en Wallonie. Il est important de s’y préparer en s’organisant mieux. La création de la nouvelle Coordination antifasciste de Belgique est un pas important dans cette direction.

Les défis auxquels font face les antifascistes ne sont pas des moindres. Tout d’abord faire comprendre que l’extrême droite n’a en réalité pas de réponse aux problèmes sociaux. Ensuite, organiser la résistance contre la politique dominante qui adopte un cour de plus en plus antisocial, ce qui profite à l’extrême droite. Enfin et surtout,  intensifier la lutte pour satisfaire les intérêts et les besoins de la majorité sociale, la classe travailleuse dans toute sa diversité.

Geert, de la campagne antifasciste Blokbuster et du PSL, a fait valoir que ce ne sont pas les réfugié.e.s qui suppriment 500 emplois à Barry Callebout pour maintenir des bénéfices records ou qui ne commandent pas les nouveaux bus de De Lijn à Van Hool, menaçant ainsi un drame social là aussi. Non, les migrant.e.s qui travaillent chez Barry Callebout et Van Hool sont tout autant victimes de la soif de profit d’hommes majoritairement blancs siégeant dans les conseils d’administration. Notre ennemi ne traverse pas la Méditerranée sur des canots pneumatiques, il arrive en limousines et jets privés. D’ailleurs, quiconque ose protester contre ces jets privés, comme l’a fait Code Rouge en décembre, est accueilli par les matraques de l’appareil d’État. La N-VA et le Vlaams Belang ont tous deux salué cette violence d’État !

La division entre les travailleurs et les opprimés n’a jamais rien donné. Elle a affaibli le mouvement syndical et la capacité à se battre ensemble pour des salaires plus élevés, de bonnes conditions de travail et un meilleur niveau de vie pour tous. Ce faisant, l’extrême droite a toujours été de l’autre côté des barricades, de la lutte pour la sécurité sociale à la protestation contre le massacre de Gaza aujourd’hui. Tout renforcement de l’extrême droite est un obstacle à notre lutte pour un changement fondamental, c’est-à-dire un changement de société qui place enfin au centre les besoins et les exigences de la majorité de la population. Une société différente est nécessaire pour concentrer les ressources et les richesses disponibles sur les soins de santé, l’éducation, les services et une vie meilleure plutôt que sur les crimes de guerre. L’élimination de la faim du profit ne se fera pas automatiquement, nous devrons nous organiser activement pour y parvenir. Ce faisant, nous défendons une alternative socialiste, une société dans laquelle nous décidons démocratiquement quoi et comment produire. C’est une société qui élimine le terreau de l’extrême droite et de toutes les formes d’oppression et d’exploitation. Nous ne le ferons pas pour moins que cela ! No Pasaran !

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