Le gouvernement, les patrons, toute la presse et le sommet de la CSC auraient sans doute préféré que ce ne soit pas le cas. Ils ont pourtant été obligé de reconnaître que la grève générale lancée par la FGTB fut un succès indédit. Cela ne s’explique évidemment pas par les nombreux blocages de routes. Sans un soutien large, la seule FGTB n’aurait jamais été capable de réaliser ce tour de force.
Eric Byl
Quelle différence avec les années précédentes! Chaque délégué syndical vous aurait dit qu’une grève générale était vouée à l’échec sans la CSC. La confiance des travailleurs FGTB est maintenant considérablement renforcée, pour débrayer seul si nécessaire.
La préparation laissait pourtant à désirer. Il est vrai que la FGTB s’est activée mi-septembre, mais avant on ne l’avait que trop peu entendu dans le débat sur les fins de carrières. Nous supposons que le sommet du syndicat rouge voulait ainsi éviter la confrontation avec ses « partenaires » trop libéraux du SP.a et du PS. Il apparaît mainenant à tous qu’il s’agissait d’une faute d’envergure.
De plus, une grève aussi sérieuse ne s’est plus vue depuis 12 ans, ce fut donc la première pour beaucoup de militants. La nécessité de faire des piquets devait à nouveau être apprise. La fermeture de centres de formations syndicales comme celui de Melreux ou le manque de formation idéologique ont eu leurs conséquences.
Depuis le départ de Mia de Vits, une bouffée d’air frais – ce sont les mots d’un secrétaire du Setca – est entrée dans la FGTB. Finalement, on a prit la peine d’écouter la base. Finalement, on a préparé une grève au lieu de la saboter. Espérons que l’on poursuive cet élan et que l’on puisse mettre de l’ordre là où le sommet de la FGTB est toujours dans la poche des patrons, comme à la Poste ou chez Belgacom.
Pour l’Establischment, la FGTB est isolée. PS et SP.a ont également choisi le mauvais camp. Mais la FGTB peut compter sur le soutien de la population. Selon une enquête du groupe VUM (Vlaamse Uitgeversmaatschappij) plus de 40 % des flamands (sans parler des wallons et des bruxellois) ont approuvé la grève. C’est bien plus que le nombre de membres de la FGTB et bien plus que le score du syndicat aux élections sociales. Chez ceux qui n’ont qu’un diplôme du secondaire, le soutien monte à 55 %, tandis que chez les universitaires, il tombe à 21 %.
A l’opposé, le gouvernement, malgré le soutien de toute la presse, des académiciens, du patronat et d’une partie de la CSC n’a pu convaincre que 25 % des flamands sur leur optique vis-à-vis des fins de carrière.
Cortebeek a essayé de briser la grève
On prétend que la FGTB est divisée, mais l’on veut surtout dire par là que la direction n’est pas capable de faire avaler à sa base l’agenda néolibéral. La situation est différente à la CSC. La direction a dépensé pas moins de 140.000 euros pour briser la grève, et le préavis de grève pour le 10 ocotbre a été annulé. En fait, le sommet de la CSC a maintenu le gouvernement debout. La division syndicale a été utilisée par certains pour saper le droit de grève. Ils veulent entre autre interdire les piquets de grève, déjà proscrits dans les propriétés privées, sur la voie publique, limitant de ce fait scandaleusement notre droit de grève.
En réalité la CSC est beaucoup plus divisée que la FGTB. A toutes les réunions de la CSC où nous avons été présent, la critique des militants fut accablante. Mais sur le terrain, l’unité à la base fit écho à la division au sommet. Quant à la direction, c’est un fossé qu’il existe entre Cortebeek et sa clique, clamant à qui mieux mieux la nécessité de travailler plus longtemps, et le chef du service d’étude de la CSC, De Swert, qui dans son livre « 50 mensonges sur le vieillissement » réfute cette thèse.
Nous ne pouvons pas nous laisser entraîner dans la politique de « diviser pour mieux règner ». Nous sommes agréablement surpris par la nouvelle approche du sommet de la FGTB, mais restons vigilants. Pour cela, nous devons continuer la construction de notre réseau syndical. Cette grève est une opportunité pour construire des relations de force dans les entreprises, mettre à l’ordre du jour la rupture des syndicats avec le SP.a/PS et le CD&v/CDh et promouvoir la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs indépendant du patronat.