Van Hool : préserver tous les emplois par une prise de contrôle publique pour construire des bus “verts”

  • Sauvons les véritables constructeurs de bus : pas un centime pour la famille Van Hool et les banques, exproprions l’entreprise !
  • Pour un plan d’investissement public massif dans des transports publics écologiques !
  • Pour une entreprise publique gérée par le personnel au côté des chauffeurs de bus et des usagers !
  • Pour des comités de soutien afin d’organiser la solidarité par des actions, des manifestations et des grèves !

La société Van Hool met fin à la production de bus en Belgique. L’entreprise prévoit de supprimer 1.100 des quelque 2.500 emplois à son site de Koningshooikt. La construction de bus devrait être entièrement transférée en Macédoine du Nord, cela étant teoutefois encore loin d’être certain. Si, d’ici la fin du mois, l’entreprise ne reçoit pas de fonds supplémentaires de la part du gouvernement, des banques ou d’un investisseur privé, la société déposera son bilan.

Derrière cette situation, on trouve l’avidité de la famille Van Hool, notamment assouvie jadis grâce à l’exploitation coloniale, qui lui a permi de se hisser sur la liste des Belges les plus riches. Aujourd’hui, les victimes sont les centaines de familles de travailleurs de la société de construction de bus. De son côté, le gouvernement flamand refuse de mettre en œuvre un plan ambitieux d’investissements massifs dans des transports publics plus écologiques. Il se résigne aux pertes d’emploi et à l’arrêt de la production.

Le gouvernement flamand ne construit pas d’autobus, a déclaré le ministre flamand de l’Emploi Jo Brouns (CD&V). Sa collègue la ministre de la Mobilité Lydia Peeters (Open-VLD) aurait pu préciser que le gouvernement flamand fait de toute façon rouler de moins en moins d’autobus en raison de sa stratégie pourrie concernant les transports en commun. Récemment, une restructuration a été annoncée chez De Lijn, devant se traduire par la suppression de 16,5 % des arrêts ! Ce ne sont pourtant pas les besoins qui manquent ! Nous avons besoin besoins en transports publics plus nombreux, plus performants et plus écologiques, c’est l’évidence. Le gouvernement fédéral se cache pour sa part derrière le gouvernement flamand, en espérant tirer un avantage électoral de l’échec de ce dernier au détriment de la N-VA. Quel cynique calcul politique sur le dos de la misère sociale ! Pendant ce temps, la cupidité des super-riches, comme la famille Van Hool, est passée sous silence dans toutes les langues.

Les Belges les plus riches veulent faire payer le personnel et la collectivité

Début janvier, Marc Zwaaneveld, célèbre gestionnaire de crise, a été nommé co-PDG pour mener à bien une restructuration. La famille Van Hool est fortement divisée, ce qui pèse sur le fonctionnement de l’entreprise, mais elle s’accorde toujours sans souci dès qu’il s’agit de faire payer aux travailleurs leur soif de profits. Cela s’est déjà manifesté lorsqu’une partie de la production a été transférée en Macédoine du Nord à partir de 2013.

Entre 2013 et 2022, 1.400 emplois ont disparu, dont la moitié en raison de la délocalisation vers la Macédoine du Nord (Trends/Tendances, 8 mars). Le PDG Filip Van Hool a déclaré début 2015 que la production y était moins chère et de meilleure qualité. Les atouts ? Non seulement les faibles coûts salariaux, mais aussi la recherche effrénée d’emplois due à un taux de chômage de 40 % en l’absence de filet de sécurité sociale. (Trends/Tendance, 8 mars). Les commentateurs libéraux expliquent aujourd’hui avec cynisme que Van Hool aurait dû déménager plus tôt en Macédoine du Nord au lieu de conserver “trop de personnel” à Koningshooikt.

La production de bus, la principale activité restée en Belgique, était sous pression. Alors qu’un millier de bus étaient encore construits en 2019, seuls 190 l’ont été en 2021, la pandémie n’y étant pas étrangère. D’autres facteurs ont continué à mettre Van Hool sous pression : la concurrence d’entreprises chinoises moins chères, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, la concurrence d’entreprises plus grandes. Les querelles familiales internes à la famille Van Hool sont venues s’ajouter à ces facteurs, ce qui a par exemple poussé l’entreprise à ne s’intéresser aux bus électriques que très tardivement. Une montagne de dettes s’est accumulée auprès des grandes banques, mais aussi auprès des pouvoirs publics.

L’argent est épuisé, dit aujourd’hui l’entreprise. Où sont donc partis les millions transférés de l’entreprise au holding familial Immoroc ? Ce holding considère l’entreprise comme la vache à lait de la famille Van Hool. Pour parvenir à une solution qui privilégie les intérêts du personnel, il faut exproprier cette famille. Le personnel et la collectivité doivent reprendre le contrôle et la gestion de l’entreprise pour permettre à la production locale de transports publics écologiques de passer à la vitesse supérieure. Que l’on mette un terme à la soif de profit des propriétaires privés de Van Hool !

Même pour le paiement des indemnités de départ, les Belges les plus riches se tournent vers les autres, en particulier vers le gouvernement et les banques. Le gouvernement flamand refuse d’intervenir, tout comme il refuse de construire des bus, et souhaite trouver au moins un partenaire privé et l’accord des banques. Ces conditions ne vont pas à l’encontre de la position centrale de la famille Van Hool dans l’entreprise et n’offrent en réalité aucune réponse. Nous ne pouvons pas accepter que la collectivité soit abusée pour payer un drame social !

Des investissements massifs dans des transports publics écologiques !

Le fait que De Lijn commande 92 bus électriques au fabricant chinois BYD alors que Van Hool est en difficulté suscite l’indignation à juste titre. Il existe un contrat-cadre avec BYD qui permet de commander jusqu’à 500 bus. BYD assemble les bus en Hongrie et serait 100.000 à 150.000 euros moins cher que le second candidat. (Gazet van Antwerpen, 1er mars).

En 2021, 36 autobus supplémentaires ont été commandés à Van Hool et 24 à VDL dans le cadre d’un contrat-cadre portant sur 350 autobus. Deux ans plus tard, tous ces autobus n’ont pas encore été livrés. La question se pose de savoir pourquoi De Lijn ne commande pas les 300 autobus restants du contrat-cadre à Van Hool. Il n’est pas certain que cela soit utile : selon Jo Brouns, le carnet de commandes est plein et les bus ne seraient pas fabriqués à Koningshooikt.

De Lijn et ses sous-traitants doivent commander des milliers de bus électriques au cours des dix prochaines années. Dans le quotidien De Tijd, Ann Schoubs, directrice-générale de De Lijn, a déclaré qu’un bus sur trois parmi les 2.235 a plus de 15 ans et aurait déjà dû être mis hors service. Elle demande des investissements supplémentaires. Contrairement aux pays voisins, la Belgique est très en retard en ce qui concerne les bus zéro émission.

Le climat et la crise de la mobilité exigent un plan de transports publics de grande ampleur. La politique dominante va dans la direction opposée avec une stratégie au mieux reposant sur la stagnation et le pourrissement. Un revirement majeur s’impose de toute urgence. La construction d’autobus verts jouera un rôle central à cet égard et exigera de mobiliser toutes les capacités de production disponibles. Ce faisant, nous ne pouvons accepter que les travailleurs du monde entier soient montés les uns contre les autres dans le cadre d’une compétition mortifère reposant sur une course vers le bas des salaires et conditions de travail.

Ce ne sont pas les profits des banques et des familles les plus riches qui doivent être sauvés, mais les emplois et la production. L’entreprise doit être reprise en main par les pouvoirs publics, sous contrôle et gestion du personnel (qui est le véritable expert) et de la collectivité (qui a désespérément besoin de transports publics écologiques). Un conseil élu composé de techniciens, de constructeurs de bus, de conducteurs de bus et d’usagers pourrait gérer une telle entreprise publique en veillant aux intérêts du service, du climat et donc de l’ensemble de la collectivité.

C’est nécessaire non seulement pour conserver tous les emplois, mais aussi pour développer le département de recherche et de développement afin qu’il puisse être un catalyseur pour le développement ultérieur de la mobilité verte. Laisser cette expertise inexploitée est criminel. Pour relever les défis climatiques sans laisser derrière soi un désert social, la nationalisation de Van Hool et de l’ensemble du secteur de la mobilité est crucial.

Renforcer la solidarité

Le choc provoqué par les suppressions d’emplois prévues chez Van Hool est très fort et ne se limite pas au personnel de Van Hool et à leurs familles. Pour la direction, il n’existe pas d’autre choix que ce plan de restructuration ou la faillite pure et simple. Refusons ce discours et luttons pour chaque emploi! L’indignation et le choc peuvent être transformés en solidarité active, par exemple avec des comités de soutien pour organiser des actions et visites de solidarité en vue d’une manifestation de masse à Koningshooikt. Une campagne active dans l’ensemble du secteur métallurgique peut déboucher sur des actions et des grèves. Outre Van Hool, des nuages sombres continuent de planer sur Audi à Bruxelles.

Le gouvernement flamand et les patrons affirment que tout se passera mieux que prévu parce que le marché du travail est désormais tendu. Ne nous laissons prendre au dépourvu. Le remplacement d’emplois décents par des emplois plus flexibles et moins bien payés nous entraîne toutes et tous dans une spirale infernale. D’autre part, la question est de savoir combien de temps durera cette tension sur le marché du travail reste entière. Et si la récession industrielle déclenchait une vague de tragédies sociales ? Cette récession n’est pas due au fait que nous ne travaillons pas assez ou que nous gagnons trop. Elle provient en droite ligne de l’échec du marché libre, des tensions géopolitiques croissantes et de leur impact sur les chaînes d’approvisionnement, de la montée du protectionnisme et de la soif de profit dévorante d’une poignée de super-riches.

Il est nécessaire de transformer toute la société change pour assurer que les intérêts des travailleurs et de leurs familles – ceux qui font réellement fonctionner l’économie – soient au centre des préoccupations.

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