Après les applaudissements, les couteaux dans le dos, l’épuisement… une première victoire !

Action l’hôpital Saint-Pierre durant la visite de Wilmès. Photo : Collectif Krasnyi

Les collègues ayant quelques années au compteur l’ont senti venir : les coups de couteau dans le dos ont suivi les applaudissements. Et cela s’est passé plus vite que prévu ! Il faut dire que les responsables politiques qui ont applaudi les ‘‘héros’’ sont coupables de nombreuses années d’économies budgétaires et de négligence dans le secteur de la santé.

Par un délégué syndical du secteur

Des coups de couteau dans le dos

Le projet d’égalisation des conditions de travail des employés statutaires et contractuels des services de la ville de Gand, avec la ‘‘conséquence malheureuse’’ de la perte de centaines d’euros de congés payés pour les personnes des maisons de repos du CPAS, pouvait encore, mais avec vraiment beaucoup de bonne volonté, être interprété comme un ‘‘accident de parcours’’. Les syndicats ont fait entendre un autre son de cloche et ont affirmé qu’on leur avait tordu le bras pour parvenir à un ‘‘accord’’. Cependant, la grande indignation de la population a fait (temporairement ?) revenir le conseil communal sur ses pas.

Le gouvernement flamand voulait instaurer des contrats flexibles et précaires dans les centres de soins résidentiels sous le prétexte de lutter contre la pénurie de personnel. Concrètement, il s’agissait de louer du personnel aux centres de soins résidentiels par l’intermédiaire d’entreprises extérieures. Toutefois, cela ne résout pas le problème de la pénurie de personnel et met en péril les conditions de salaire et d’emploi actuelles.
Mais la principale attaque est venue du fédéral et de Maggie De Block sous la forme de deux Arrêtés royaux (AR) du gouvernement de pouvoirs spéciaux. Il s’agissait d’une pure provocation. Un AR visait à réquisitionner du personnel soignant (sous menace d’amendes et de peines de prison) alors que, dans toutes les régions, une véritable armée de volontaires (des personnes ayant un diplôme de soignant mais qui ne sont pas immédiatement sur le terrain, comme dans l’enseignement) est prête à intervenir si nécessaire. Rien qu’en Flandre, plus de 5.000 personnes de bonne volonté sont déjà impliquées !

Un second AR visait à pouvoir déléguer des tâches d’infirmier à d’autres travailleurs. Pourquoi donc les infirmières et infirmiers devraient-ils alors étudier pendant 3 à 4 ans ? Cet AR suit la logique de l’industrialisation des soins de santé. En raison de la pression constante de la rationalisation (des économies déguisées en ‘‘gains d’efficacité’’), les soins sont compris comme une série d’actes consécutifs purement techniques comme sur une chaîne de montage. L’aspect humain et social est totalement oublié.

Épuisement mental

Il va sans dire que la crise du coronavirus a un impact mental sérieux sur le bien-être du personnel de la santé. Les résultats du deuxième baromètre (début mai) de la plateforme en ligne De ZorgSamen.be (réalisé par 3.298 professionnels de la santé) sont éloquents. Plus de la moitié des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient sous haute pression. Les plaintes concernant la fatigue, les problèmes de concentration et l’incapacité à se détendre sont nettement plus nombreuses que d’habitude. Quatre fois plus de personnes se sentent malheureuses par rapport à la période précédant la crise. Presque trois fois plus de personnes que d’habitude pensent à quitter la profession.

Une étude de l’Université d’Anvers, où 1.216 infirmières, soignants et aidants ont été interrogés, a montré que le matériel de protection pour les soins aux patients était encore insuffisant. ‘‘La confiance dans les autorités est faible parmi les prestataires de soins de santé : la moitié d’entre eux n’ont guère confiance dans la capacité à faire face à la crise’’. (De Standaard 9/5/20)

Une première victoire !

L’opposition des syndicats et des organisations professionnelles contre les arrêtés royaux, notamment, est plus forte du côté francophone. Mais l’indignation des soignants et des représentants syndicaux en Flandre n’était pas négligeable !

L’action du personnel de l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles lors de la visite de la Première ministre Wilmès le 16 mai a frappé les esprits. Sans aucun doute, ‘‘la haie du déshonneur’’ dos tourné deviendra l’une des images emblématiques de la colère blanche. Depuis 2019, les hôpitaux bruxellois jouent un rôle moteur. D’une manière ou d’une autre, il existe un relatif boycott médiatique à ce sujet en Flandre. Mais ce n’était pas le cas cette fois-ci. Le lendemain, rien d’autre n’a été discuté au travail et nous pouvons dire sans risque que cette action sereine mais forte fut un signal d’espoir pour tous les travailleurs de la santé.

Lorsque la ministre Marghem a versé encore plus d’huile sur le feu, des annonces de grève ont suivi du côté francophone. A peine deux jours plus tard, le gouvernement minoritaire a annoncé que les deux AR étaient suspendus.

La colère blanche arrive…

Pour obtenir de véritables victoires, il faudra construire un rapport de force tant sur le lieu de travail que dans la société. Si nous souhaitons une colère blanche massive, nous devrons en faire un véritable tsunami en procédant par étape, avec la patience nécessaire. Et ce dans une perspective concrète via un plan d’action discuté le plus largement possible.

Une initiative telle que La Santé en Lutte peut contribuer à rassembler toutes les parties prenantes et leurs organisations, y compris les employés des autres services essentiels (sous-payés), autour d’objectifs communs. Son appel à une grande manifestation de/pour les soins de santé après le confinement peut déjà compter sur un intérêt croissant des deux côtés de la frontière linguistique.

Tous ensemble ! Pour des soins de santé de qualité pour tous !

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