Carrefour : La lutte se poursuit

La poussière est quelque peu retombée depuis l’annonce de nouvelles pertes d’emploi chez Carrefour. Les déclarations de soutien du gouvernement à l’annonce de la disparition de 1233 emplois ont déjà été oubliées. Le slogan «jobs, jobs, jobs» ne sert qu’à être déclaré de façon abstraite ou à servir de prétexte pour s’en prendre à nos salaires et à nos conditions de travail. Une fois que les choses deviennent plus concrètes, il n’y a plus personne.

Par un délégué du secteur

Les dirigeants politiques se sont toutefois bien prononcés contre la retraite anticipée : ceux qui se retrouvent à la porte doivent retourner au travail, en toutes circonstances. Le personnel et les syndicats ont exprimé leur colère. Ils veulent lutter à la fois contre la soif de profits de Carrefour et contre la flexibilité que le gouvernement veut imposer pour faciliter les choses pour des entreprises de ce type.

Le gouvernement proclame soutenir le personnel. Kris Peeters voulait le démontrer en revenant plus tôt du Forum économique mondial de Davos. Mais, dans l’intervalle, le gouvernement lui-même est en première ligne pour accroître les possibilités de flexibilité sur le marché du travail et dans le secteur de la distribution tout particulièrement.

Toutes les mesures adoptées afin de créer des emplois ont échoué dans le secteur de la distribution. Le personnel subit déjà une grande flexibilité, les entreprises comme Carrefour paient déjà peu d’impôts et elles bénéficient de nombreux avantages (fiscaux). Cela n’a pas conduit à de nouveaux emplois, cela n’assure même pas le maintien des emplois actuels.

Pour la direction, l’automatisation, en particulier à la caisse, permet de réduire le nombre d’emplois. De plus, les hypermarchés ne semblent pas assez rentables. Certains des magasins destinés à être fermés ou à voir leur activité réduite sont âgés de moins de 10 ans. De plus le nombre de magasins de proximité va augmenter. Il s’agit souvent de magasins franchisés exploités par un patron «indépendant» qui détermine lui-même les conditions de travail et de salaire dans son magasin. Pas besoin de faire un dessin : les conditions de travail et de salaire sont généralement pires, le personnel est encore plus écrasé. La nouvelle restructuration de Carrefour ne vise pas à garder la tête hors de l’eau, mais à donner encore plus de dividendes aux actionnaires.

Les syndicats se plaignent de l’attitude de la direction de Carrefour et de celle du gouvernement. Ils refusent de laisser les conditions de travail et de salaire être saignées à blanc dans les magasins, ils ne veulent rien lâcher et ils n’acceptent tout simplement pas cette logique. Cela est positif, mais il faudra plus que de l’indignation et des actions éparses dans tout le pays pour repousser l’attaque. Nous ne devons pas nous limiter à demander un meilleur business plan chez Carrefour, cela équivaut à reporter le problème ou à le faire porter par d’autres épaules.

Le personnel était très disposé à agir et des actions spontanées ont eu lieu. Ce qui manquait, c’est un plan de bataille clair associé à des revendications strictes. N’attendons plus et défendons une toute autre organisation du secteur de la distribution. Le mouvement des travailleurs est déjà parvenu par le passé à imposer la réduction du temps de travail, cette revendication doit faire son retour aujourd’hui afin d’éviter que le progrès technologique ne conduise systématiquement au déclin social. Nous ne devons pas rejeter ou entraver le progrès technologique, mais au contraire l’utiliser pour mieux répartir le travail entre tous les travailleurs.

Aujourd’hui, les magasins qui sont assujettis à de ‘‘meilleures’’ commissions paritaires sont en concurrence féroce avec les magasins franchisés où les salaires sont plus bas, la semaine de travail plus longue et où il n’y a pas de délégation syndicale pour assurer le respect des conventions collectives. Ne nous laissons pas monter les uns contre les autres, que ce soit en termes de magasins ou de chaînes de distribution. Un plan d’action reposant sur des revendications offensives telles que l’imposition d’un salaire minimum de 14 euros par heure, d’une semaine de travail de 32 heures, de contrats à temps plein pour tous ceux qui le souhaitent, etc. permettrait d’unir tous les travailleurs du secteur contre cette concurrence acharnée, dévastatrice et responsable de terribles massacres sociaux. Ce serait un excellent premier pas pour sortir de la logique de profits du secteur et élaborer un secteur de la distribution démocratiquement planifié au service de la population et non des actionnaires.

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