Bilan du conflit à Godiva: arrêtons de lutter entreprise par entreprise! Une direction arrogante uniquement intéressée par le profit.

Depuis 2007, Godiva fait partie du groupe turc Ulker, la plus grosse multinationale agroalimentaire turque. Depuis ce rachat, Godiva a réussi à diminuer ses coûts à hauteur de 24 millions de dollars. Pour 2010, leur plan a pour objectif d’encore réduire la facture de 10 millions de dollars. Pourtant, le groupe Ulker a réalisé 7,4 milliards de dollars de chiffre d’affaire en 2006 et n’annonce aucune baisse en termes de profit. Son chiffre d’affaire a atteint 10,9 milliards de dollars en 2008 et les prévisions en termes de vente pour Godiva annoncent une augmentation de l’ordre de 10 à 15% pour 2010.

Par Nicolas (Bruxelles)

Le PSL lance une campagne de solidarité.

Avec des affiches, nous avons voulu rendre visible la solidarité existante dans le quartier. De plus, nous nous sommes lancés dans des campagnes pour des Marches des Jeunes pour l’Emploi dans les différentes régions. A Bruxelles, le chômage chez les jeunes est en moyenne de 34%. La suppression des 90 emplois chez Godiva vient d’avantage approfondir le problème: la désindustrialisation à Bruxelles limite drastiquement les débouchés pour les jeunes. Nous devons lutter ensemble pour la sauvegarde de chaque emploi!

Ces restructurations annoncées répondent toujours au même objectif: faire payer aux travailleurs la course au profit et la rémunération des actionnaires. Lorsque la direction annonce sa volonté de liquider le secteur de l’emballage à Koekelberg, jetant ainsi 87 ouvriers et 3 employés, la seule raison est que cela permet de dégager un peu plus de profit en économisant sur les coûts salariaux. Nos emplois, nos salaires, nos conditions de travail sont des variables au service de l’avarice du patronat et des actionnaires, leur perspective étant de sous-traiter l’emballage à moindres coûts vers un atelier protégé: les handicapés sont instrumentalisés pour réduire les salaires.

Le lock-out : attaque patronale contre le droit de grève.

A l’annonce de ce bain de sang social, les travailleurs organisent la résistance dans l’usine en ralentissant ou en bloquant partiellement la production. La direction saisira cette occasion pour criminaliser les actions des travailleurs en parlant de problème de sécurité et de manquement aux obligations contractuelles. Or, ce qui est en jeu ici c’est la sécurité d’avoir un emploi et donc un avenir pour ces travailleurs, et ce n’est pas les obligations contractuelles qui sont ici minées mais le contrat entier de 90 travailleurs.

La direction va passer à la vitesse supérieure en organisant un lock-out de l’usine, privant ainsi les travailleurs de leur travail et de leur salaire, mais surtout minant le droit de grève des travailleurs. La direction s’octroie le droit de priver la majorité de la décision de bloquer ou non la production: c’est une attaque franche contre notre droit de grève. A partir de là, les travailleurs organisent un piquet 24h/24 pour empêcher la direction de vider les stocks ou de démanteler le secteur de l’emballage.

Une issue au conflit ?

Bien que la direction refuse de négocier la suppression de l’emballage, un compromis se dégage. Sur base d’une proposition du cabinet de la ministre de l’emploi, la piste des prépensions est avancée et proposée aux travailleurs et à la direction qui l’ont acceptée mardi 13 avril.

En substance, ce compromis, qui doit encore être négocié dans les détails, propose le reclassement de 12 ouvriers de l’emballage vers d’autres secteurs de la production ainsi que le départ en prépension de 65 ouvriers sur l’ensemble de l’usine, ce qui devrait libérer de la place pour recaser les travailleurs de l’emballage. Mais même si ce plan se déroule comme espéré, il n’empêche que l’emballage est supprimé et que les 90 emplois ne sont pas tous sauvés.

La lutte était partie au départ pour sauver l’emballage mais les négociations n’ont permis que de limiter les licenciements secs. Du côté du ministère, à aucun moment la suppression de l’emballage n’a été remise en cause. Du point de vue du gouvernement, licencier est un droit inaliénable du patron. Pourtant, nous devons nous demander s’il n’est pas possible d’éviter un bain de sang social autrement qu’en payant avec l’argent public les allocations des travailleurs licenciés.

La lutte à Inbev doit être un précédent important pour tous les travailleurs qui font face aux restructurations. La victoire a pu être atteinte par la mise en place d’une lutte combative tournée vers les autres entreprises et vers la population. C’est en construisant la solidarité et en élargissant leur combat qu’ils ont pu notamment accroître le rapport de force en leur faveur et faire reculer la direction.

A Godiva, la combativité est présente et les travailleurs ne sont pas dupes envers la solution des conciliateurs. Les négociations risquent de soulever les contradictions d’un tel accord. Par contre, Godiva est représentatif de l’isolement des luttes entreprise par entreprise. Les directions syndicales doivent mettre en place une solidarité dans les luttes, combattre cette isolement, rassembler les travailleurs. De plus, avec le lock-out c’est le droit de grève de l’ensemble des travailleurs qui est attaqué. Nous allons faire face à des attaques sur nos pensions, à des attaques sur nos statuts. Ces assainissements sur notre dos vont toucher des millions de belges. La question d’une lutte unifiée va être cruciale pour défendre nos acquis.

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