Victoire chez Grains Noirs à Molenbeek : la grève de 9 jours arrache la réintégration des 8 collègues!

Le 14 février à 17h, la direction patronale a finalement accepté d’annuler le préavis des 8 ouvriers licenciés. L’arrogance patronale a reçu la réponse appropriée des travailleurs et travailleuses : la détermination et l’unité autour de l’objectif de sauvegarder l’emploi de chaque collègue attaqué. La lutte paie, et le rapport de force favorable aujourd’hui créé peut servir à imposer davantage de gains pour le personnel !

Par Stéphane Delcros

La veille encore, le 13 février à 19h30, la direction avait faussement tendu la main aux grévistes, en proposant la réintégration de seulement 1 ou 2 ouvriers sur les 8, puis finalement de 3 ouvriers, au terme des 3h30 de négociations. « L’accord » pourri de la direction patronale prévoyait aussi un bonus salarial (CCT 90, entre 100 et 1000€), et 2000€ de primes pour les 5 licenciés et pour d’autres éventuels départs volontaires, à condition que les partants ne tombent pas malades pendant la période de préavis… !? Evidemment inacceptable pour les grévistes, qui ont alors décidé de continuer la grève, jusqu’à la réintégration des 8. Mais la perspective d’une nouvelle semaine de grève et donc de la perte de profits – mais aussi de la perte potentielle de contrats importants – a finalement fait plier l’employeur, qui a contacté les représentants du personnel le lendemain pour accepter la réintégration.

La direction a tout de même obtenu le droit de proposer des départs volontaires à ceux ou celles qui le voudraient, pour quand même tenter de baisser la masse salariale liée aux emplois fixes – des négociations au cas par cas qui devront être menées en présence des délégués syndicaux. Mais cet accord est tout de même une véritable claque pour le patron de Grains Noirs, qui est maintenant confronté à une victoire syndicale. Nul doute qu’il tentera encore à l’avenir d’attaquer son personnel, mais celui-ci pourra se référer à cette victoire pour lui tenir tête.

Le rapport de force favorable aujourd’hui créé peut être utilisé pour imposer davantage de gains pour le personnel. Par exemple pour imposer l’ouverture des livres de comptes, pour faire la clarté sur les pertes ou très faibles bénéfices officiellement réalisés par l’entreprise ces dernières années. Ou encore pour imposer un allongement des heures libérées pour les délégués syndicaux, afin de compter sur davantage de temps pour défendre les intérêts des collègues de semaine en semaine. De même, un tel rapport de force favorable aujourd’hui pourrait permettre d’avancer vers l’arrêt du travail interim, et l’embauche de collègues supplémentaires pour répartir le travail disponible sur davantage d’épaules, sans pertes de salaires.

Les grévistes de Grains noirs ont montré pendant 9 jours un exemple de combativité. Ils ont tenu tête à une attaque agressive contre 8 de leurs collègues, soit plus de 10% des effectifs. Ils ont dû faire face à l’interdiction d’utiliser les locaux du personnel, et donc notamment les toilettes, et ont subi un forçage du piquet par la direction patronale et la police pendant une nuit, venus permettre la sortie de marchandises pour un client qui mettait un ultimatum. Ce qui leur a permis de tenir, c’est leur solidarité entre travailleurs et travailleuses en front commun des délégations ouvriers/employés et FGTB/CSC, et l’organisation du piquet en roulement jours et nuit durant 9 jours, lors desquels chacun et chacune a pu être impliqué en jouant un rôle actif dans cette victoire arrachée.

Ci-dessous : quelques idées que le PSL/LSP a amené le 11/02 parmi les grévistes pour tenter d’organiser la solidarité autour du piquet de grève et contre la répression des syndicalistes. Si un tel type de campagne n’a finalement pas été nécessaire chez Grains Noirs, cela pourrait tout de même s’avérer utile pour d’autres mouvements de grèves.

Organisons la solidarité contre la répression des syndicalistes !

En organisant le piquet en roulement jour comme nuit, et en faisant face aux agressions patronale et policière, les grévistes ont montré un exemple de combativité. Il est temps d’élargir cette lutte, en organisant la solidarité avec leur combat, qui est celui auquel chaque travailleur et travailleuse peut être confronté.

Il serait bon que des contacts soient noués avec les délégations syndicales de la région et du secteur, et que le piquet puisse recevoir la visite de délégations. On pourrait proposer aux délégués combatifs de passer sur le piquet avec 1, 2 ou 3 collèges et partager une photo de solidarité.

Une campagne de solidarité dans le quartier pourrait aussi être utile, par exemple avec des affichettes à mettre aux fenêtres des commerces et des particuliers.

Cela pourrait être couplé à l’organisation d’un petit événement sur le piquet : un rassemblement en fin d’après-midi ou en soirée, permettant à qui veut d’apporter sa solidarité. Un petit événement n’a pas besoin de centaines de participants pour être un succès. Même avec quelques dizaines de participants extérieurs au piquet, sur base de l’enthousiasme et d’un autre rendez-vous à prévoir, chacun et chacune sera armé pour faire de la date suivante un succès plus grand encore.

Un petit tract peut être utile pour mobiliser vers un tel événement : en diffusant un tract dans les boîtes emails de tous les délégués FGTB Horval et CSC alimentation & service de Bruxelles, dans les boîtes aux lettres des rues autour de l’entreprise, dans les cafés, snacks et commerces et via les WhatsApp des réseaux militants. Malgré la petite taille de l’entreprise, une telle initiative pourrait récolter un grand soutien. Ces quelques propositions ne sont qu’un début. Les heures d’attente au piquet peuvent être utilisées pour réfléchir où diffuser ce petit tract. En rendant la campagne vivante, on peut être étonné du soutien et des liens qui peuvent en sortir.

Cela permettrait à la fois d’organiser plus concrètement la solidarité, et aussi de mettre la pression la plus forte possible sur la direction patronale de Grains Noirs, pour l’obliger à accepter la réintégration des 8 collègues licenciés. Le rapport de force favorable pourrait alors aussi être utilisé pour imposer l’arrêt du travail interim et l’embauche de collègues supplémentaires pour répartir le travail disponible sur davantage d’épaules, sans pertes de salaires.

Quelques photos du piquet

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