Ce vendredi 10 février à 1h du matin, la direction patronale a forcé le piquet de grève à l’aide de la police pour faire sortir des marchandises pour un client. Pour rappel, près de 65 travailleurs et travailleuses de ce traiteur sont en grève depuis le 7 février pour exiger l’arrêt de la procédure de licenciement de 8 collègues (lire notre article précédent). Organisons la solidarité contre l’agressivité patronale !
Par Stéphane Delcros
Durant la semaine, le patron avait reçu un ultimatum de la part du client Pain Quotidien, qui menaçait de rompre le contrat en cas de non-livraison des marchandises ce vendredi.
Profitant du moment où le plus petit nombre de grévistes étaient présents sur le piquet (5), le patron a commencé à sortir des marchandises à 1 h du matin, dans le but de remplir une camionnette de livraison, avec l’aide de certains employés non-grévistes. Il a contacté la police sous le prétexte d’une soi-disant violence de la part de grévistes, qui ne faisaient pourtant que bloquer, sans violence.
La police a débarqué avec 7 voitures et s’est immédiatement rangée du côté du patron, relevant les identités des grévistes et dressant un PV. À l’aide d’un huissier, elle a aidé le patron à briser le piquet pour lui permettre de charger la marchandise, en obligeant les grévistes à rester derrière une ligne, les menaçant d’utiliser du gaz lacrymogène. « Laissez le patron travailler » ; « si vous ne voulez pas de ce travail, allez en chercher ailleurs » : c’est ce que la police a dit aux grévistes.
Organisons la solidarité contre la répression des syndicalistes
En organisant le piquet en roulement jour comme nuit, et en faisant face aux agressions patronale et policière, les grévistes ont montré un exemple de combativité. Il est temps d’élargir cette lutte, en organisant la solidarité avec leur combat, qui est celui auquel chaque travailleur et travailleuse peut être confronté.
Le personnel de Grains Noirs n’est pas le seul à avoir subi la répression envers les syndicalistes cette semaine : une grève avait débuté au dépôt Decathlon de Willebroek, après la suppression d’un bonus salarial pour le personnel. Après 3 jours, la police est intervenue et la justice a décidé de faire lever le piquet.
Il serait bon que des contacts soient noués avec les délégations syndicales de la région et du secteur, et que le piquet puisse recevoir la visite de délégations. On pourrait proposer aux délégués combatifs de passer sur le piquet avec 1, 2 ou 3 collèges et partager une photo de solidarité.
Une campagne de solidarité dans le quartier pourrait aussi être utile, par exemple avec des affichettes à mettre aux fenêtres des commerces et des particuliers.
Cela pourrait être couplé à l’organisation d’un petit événement sur le piquet : un rassemblement en fin d’après-midi ou en soirée, permettant à qui veut d’apporter sa solidarité. Un petit événement n’a pas besoin de centaines de participants pour être un succès. Même avec quelques dizaines de participants extérieurs au piquet, sur base de l’enthousiasme et d’un autre rendez-vous à prévoir, chacun et chacune sera armé pour faire de la date suivante un succès plus grand encore.
Un petit tract peut être utile pour mobiliser vers un tel événement : en diffusant un tract dans les boîtes emails de tous les délégués FGTB Horval et CSC alimentation & service de Bruxelles, dans les boîtes aux lettres des rues autour de l’entreprise, dans les cafés, snacks et commerces et via les WhatsApp des réseaux militants. Malgré la petite taille de l’entreprise, une telle initiative pourrait récolter un grand soutien. Ces quelques propositions ne sont qu’un début. Les heures d’attente au piquet peuvent être utilisées pour réfléchir où diffuser ce petit tract. En rendant la campagne vivante, on peut être étonné du soutien et des liens qui peuvent en sortir.
Cela permettrait à la fois d’organiser plus concrètement la solidarité, et aussi de mettre la pression la plus forte possible sur la direction patronale de Grains Noirs, pour l’obliger à accepter la réintégration des 8 collègues. Le rapport de force favorable pourrait alors aussi être utilisé pour imposer l’arrêt du travail interim et l’embauche de collègues supplémentaires pour répartir le travail disponible sur davantage d’épaules, sans pertes de salaires.