Un hiver chaud inéluctable

Minimum 50.000 manifestants présents à Bruxelles, ce 21 décembre, pour le traditionnel parcours Nord- Sud. Enfin une réponse à l’attitude agressive du patronat dans les négociations sur un nouvel Accord Interprofessionnel (AIP). La position des syndicats s’en est trouvée renforcée. Ce fut également l’occasion, pour beaucoup de délégations et de secteurs, d’apporter leurs propres revendications. Même si un accord sort finalement des négociations secrètes pour l’AIP, un hiver chaud est inéluctable.

Eric Byl

Les dirigeants syndicaux n’ont pas épargné leurs critiques envers le patronat. Xavier Verboven (ABVV) a qualifié les propositions patronales mises sur table de « déclaration de guerre ». Et André Mordant (FGTB) d’avertir le patronat : « si nous ne sommes pas écouté, nous reviendrons ». A la CSC, Josly Piette ajouta que les patrons veulent l’insécurité sociale, son collègue Cortebeeck a averti également le gouvernement: gouvernement et employeurs ne savent ni ne comprennent que les travailleurs valent mieux . Guy Haaze de la CGSLB renchérit : on a voulu nous faire travailler aux conditions des Japonais, puis des Russes et actuellement des Chinois. « Nous en avons assez du management de ressources humaines, des délocalisations, de la soustraitance et des fermetures d’entreprises », rajouta le patron du syndicat libéral.

Les dirigeants syndicaux reflètent ce qui vit à la base. Une augmentation de salaire de 1% en échange de flexibilité n’est plus suffisante. Les calicots et les interviews montraient que dans beaucoup d’entreprises la flexibilité est arrivée à un niveau intenable. Autre revendication émanant plus particulièrement des grandes entreprises, entre-autre dans la pétrochimie à Anvers : le maintien du système des pré-pensions, également comme moyen d’adoucir les fermetures et les licenciements.

Qu’il fut grand temps pour les syndicats de montrer leurs dents s’illustra notamment par les grèves spontanées qui accompagnèrent la manifestation. A Anvers et à Gand des secteurs de De Lijn sont partis en grève, et en Wallonie, pratiquement aucun bus des TEC n’est sorti. Le constructeur de bus Van Hool avait moins de 150 des 4000 travailleurs présents.

Cette manifestation était une opportunité, pour beaucoup de délégations, d’attirer l’attention sur leurs problèmes particuliers. La FGTB de Glaverbel était en grève dans toutes ses divisions en solidarité avec leurs collègues de Splintex. Une délégation du call-center Up-Call, où une filiale a été déclarée en faillite, portait des calicots avec dessus « des pratiques de Cowgirl ». Les travailleurs du groupe électronique Scanfil d’Hoboken ont défilé portant un cercueil, symbole des 102 emplois perdus sur 252. L’AIP a autant de significations pour le secteur privé que pour tous les travailleurs des services publics. Tous se rendent compte des conséquences qu’aurait un mauvais AIP sur l’attitude du gouvernement et des managers des entreprises publiques. Le Non-Marchand, quant à lui, revendiquait un 13ième mois et 25.000 emplois supplémentaires.

Pour la presse flamande, il semblerait que la manifestation du 21 n’est qu’une preuve supplémentaire de la volonté du patronat et des syndicats de chercher la surenchère et la confrontation. « Le Soir » écrit à juste titre que la manifestation ne fait qu’apporter un brin d’équilibre après les attaques continuelles du patronat.

Toutefois, on peut regretter le manque d’appels pour gérer l’après 21 décembre. L’annonce d’une grève générale avec celle du Non-Marchand du 27 janvier, par exemple, mettrait véritablement les patrons sous pressions. Nous espérons qu’en cas d’accord, celui-ci serait présenté à la base avant d’être signé par les dirigeants syndicaux.

Nous sommes intervenus dans la manifestation avec 90 militants. 7.000 tracts furent distribués, 165 numéros de l’Alternative Socialiste vendus, et les autocollants de la marche des jeunes nous ont permis de récolter plus de 300 euros. Trois stands et une petite camionnette sont venu compléter notre dispositif pour appeler à la marche des jeunes du 19 mars, appel auquel une vingtaine de délégués ont souscrit pour le lancement de comités pour la marche des jeunes dans leurs entreprises.

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