Ikea Hognoul : Après 7 jours, la grève continue

Samedi matin , l’immense parking d’Ikea à Hognoul, sur les hauteurs de Liège, est toujours quasiment désert. La grève entamée pour protester contre les réductions de personnel (alors que le groupe Ikea continue de dégager des profits énormes et qu’à Hognoul une extension du magasin va être ouverte cet été) est massivement suivie. Près du magasin, une grande tente blanche, des drapeaux rouges et verts, une sono et une quarantaine de travailleurs qui discutent. Visiblement, tout le monde est bien décidé à continuer l’action. Une impression que confirment Anne-Marie Dierckx, déléguée CNE, et Pascale Vleugels, permanente SETCa, avec qui nous avons discuté.

Que s’est-il passé jeudi à la réunion nationale entre direction et syndicats ?

Anne-Marie : Cette rencontre nationale entre s’est terminée sur un clash complet. La direction a voulu s’en tenir à un ordre du jour national et a refusé de discuter de la situation à Liège. Dans ces conditions, les représentants syndicaux sont sortis. Un préavis a été déposé en front commun syndical pour les six sièges belges avec une échéance de deux semaines. Dans l’heure, la direction d’Ikea qui jusque là refusait le moindre pas en avant a demandé un bureau de conciliation qui se tiendra mardi. Vendredi, nous avons tenu une assemblée du personnel sur le parking. Une grande majorité a décidé de poursuivre le mouvement jusqu’à mardi, y compris en durcissant le mouvement.

Comment expliques-tu qu’Hognoul soit parti le premier à l’action ?

Anne-Marie : D’abord, il y a une forte tradition syndicale combative et une bonne unité entre la CNE et le SETCa. Puis il y a la structure un peu particulière du personnel. A Hognoul, les contrats à durée déterminée représentent 20% de travailleurs alors que cette proportion est beaucoup plus faible à Bruxelles et en Flandre. Donc supprimer ces emplois fait beaucoup plus mal à Liège et a suscité une réponse plus rapide du personnel. Mais il est clair qu’ailleurs, le licenciement des CDD ouvrira rapidement la voie à celui de CDI. Le siège d’Arlon est parti en même temps que nous et a fait deux jours de grève. Mais la pression y est énorme : le direction a organisé elle-même des assemblées du personnel en affirmant que ce serait une grève sauvage, ce qui est faux puisqu’un préavis court depuis des mois et que les travailleurs qui partent en grève sont couverts par le syndicat. Maintenant, les choses se mettent à bouger avec le dépôt du préavis national. Une délégation de la LBC (CNE flamande) est venue apporter sa solidarité ce matin. Ils vont faire circuler un tract dès mardi et des actions pourraient avoir lieu rapidement.

Comment réagissent les clients ?

Anne-Marie : Les réactions des clients ont été très compréhensives. Encore aujourd’hui, il y a des gens qui ne savent pas qu’on est en grève et qui passent pour faire leurs courses mais ils sont très sympathiques avec nous parce qu’ils comprennent qu’avec moins de personnel, le service à la clientèle va immanquablement en souffrir.

La direction a reconnu dans la presse que chaque jour de grève lui coûte 3.000 clients. Comment expliquer une telle obstination de sa part à ne pas discuter ?

Anne-Marie : Depuis des mois, la direction écoute mais n’entend pas. Je pense qu’ils veulent casser l’organisation syndicale mais la force de la réponse en front commun les a contraint à une position de repli.

Pascale : Samedi dernier, la journée de grève leur a coûté 500.000 EUR. Et pourtant, ils n’ont pas bougé les jours suivants. La direction rêve effectivement de casser le syndicat à Liège. Elle espérait que nous resterions isolés mais elle a obtenu l’effet contraire.

Cette fois-ci, la direction n’a pas fait appel aux tribunaux pour obtenir des astreintes. Pourquoi?

Pascale : Mais parce qu’il n’y a pas de piquet qui interdise l’entrée ! La porte d’entrée pour le personnel reste grande ouverte. Mais, à part les cadres, personne n’entre ! Les travailleurs sont massivement en faveur de la grève, ils le redisent à chaque assemblée. Il y a un tel ras-le-bol des conditions de travail que tout le monde veut que les choses changent. Bien qu’il a déjà beaucoup donné avec cette première semaine de grève, le personnel reste très déterminé.

Comment se passe la grève ?

Pascale : Passer une semaine sur un parking n’a rien d’évident. On s’organise pour tenir, la tente permet de se reposer un peu, de discuter à l’aise. La grève unit aussi les travailleurs. Vu la taille du magasin et les cloisonnements internes, il y a des tas de gens qui ne se connaissent pas. Avec la grève et le piquet ici, ils se rencontrent et se connaissent maintenant mieux. On reçoit pas mal de visites de délégations de notre secteur mais aussi d’autres secteurs. Là, pour le moment, il y a un délégué de Colruyt qui a pris une journée de grève pour venir nous soutenir.

Qu’est-ce qui est prévu pour la suite ?

Pascale : Nous tiendrons une nouvelle AG du personnel mercredi matin pour débattre des résultats du bureau de conciliation de mardi. Mais il est clair que cette grève se fera au finish et qu’on ne lâchera pas si on n’a pas de résultats satisfaisants. Là où on est arrivé après une semaine, on ne va pas reculer.

Montrez votre solidarité avec les travailleurs d’Ikea :

  • Signez la pétition de soutien qui figure sur le site www.petition.be sous l’onglet IKEA
  • Faites signer cette pétition autour de vous (vous pouvez la télécharger mais aussi l’obtenir auprès des grévistes ou auprès des membres du PSL).
  • Venez rendre visite au piquet sur le parking d’Ikea à Hognoul (accueil chaleureux garanti 24 h sur 24).

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