Choisir l’emploi ET la santé. PAS LA SOIF DE PROFIT!

Choisir l’emploi ET la santé

La santé et l’emploi sont-ils incompatibles? L’emploi est-il seulement possible au détriment du sommeil des riverains? Si on croit la direction de DHL, les divers gouvernements et les médias, la réponse est trois fois oui.

Santé et emploi: contradictoires?

La direction, les politiciens et les médias parlent beaucoup de l’incompatibilité entre santé et emploi. Quand ils parlent de «santé» ils veulent dire «le sommeil des riverains», quand ils parlent de «l’emploi» ils veulent dire «le job des travailleurs de DHL». C’est une définition au sens étroit. La santé des travailleurs de DHL , travaillant dans des conditions précaires, privés eux aussi d’un sommeil réparateur et confrontés à un avenir incertain, tombe visiblement sous la catégorie «emploi». Mais beaucoup de riverains sont eux aussi des travailleurs. Ce sont eux qui, avec le consentement du gouvernement flamand, Biac et depuis le début des années 80 DHL (qui ne comptait alors que 20 travailleurs), ont été séduits par les offres d’agences immobilières qui leur ont proposé de s’établir là où le terrain était bon marché. Les riverains paient maintenant le prix: leur sommeil est perturbé et ils ne sentent sans doute pas bien pendant le reste de la journée – ça aussi c’est du travail. En bref : au lieu d’être contradictoires, santé et emploi sont inséparables, sans bonne santé pas de bon travail. Tout travailleur le sait.

La vraie contradiction n’est pas entre l’emploi et la santé, mais entre l’emploi et la santé d’une part et la soif de profit d’autre part. DHL, dépendant de la Deutsche Post, un ancien service public, veut à tout prix devenir un concurrent mondial vis-à-vis d’UPS, Fedex et TNT. Voilà pourquoi DHL veut à tout prix réduire les coûts. C’est possible en faisant travailler le personnel de façon très flexible et en ayant recours massivement au travail intérimaire. En outre, en utilisant des avions bon marché, de seconde main, de gros volume et faisant beaucoup de bruit la nuit. Deutsche Post, de son côté, ne manque pas de moyens. L’an dernier ses profits ont atteint 2,975 milliards d’euros (120 milliards de FB). Pour les cinq dernières années, le profit de la Deutsche Post s’élève à 11,7 milliards d’euros (450 milliards de FB). En termes économiques, une telle politique se nomme pillage de l’homme, de l’environnement et de l’entreprise.

Le gouvernement n’est pas innocent non plus!

Toute la Flandre, en particulier les partis dits "linguistiques", se révoltent quand un avion de trop survole la périphérie Nord ou Est de Bruxelles. Le gouvernement a, pendant des années, mené une politique irresponsable d’aménagement du territoire. De nouveaux quartiers résidentiels ont été construits à deux pas de l’aéroport. Les bureaux et les agents immobiliers ont empoché les bénéfices, le gouvernement a encaissé les taxes, et les problèmes prévisibles ont été reportés à plus tard. Certains partis communautaires souhaiteraient que Bruxelles prenne en charge davantage de vols de nuit. En bref: les Bruxellois devraient subir plus de vols. Quelle explication les lèche-culs du patronat donneront-ils si jamais un avion s’écrase au beau milieu de Bruxelles? Verser des larmes de crocodile?

Depuis des années, Verhofstadt et Vandelanotte ont mené une politique d’austérité et de privatisation. Ce qui est public est déclaré «inefficace», ce qui signifie pour eux «non-rentable». Le privé est pour eux «plus efficace», ce qui ne signifie pas «de meilleurs services», mais «plus rentable». Entre-temps, les désastres se succèdent. La Sabena a fait faillite, à La Poste et à la SNCB 20.000 emplois vont disparaître et 9.000 ont déjà disparu chez Belgacom. Les conditions de travail ont été systématiquement saccagées par les contrats temporaires, à temps partiel et intérimaires. La base légale pour permettre cela a été élaborée par tous les partis réunis.

Existe-t-il alors une solution? Si on suit la logique de DHL, bientôt personne ne pourra plus dormir la nuit. Soit parce qu’on travaille la nuit pour DHL ou pour un sous-traitant avec un contrat précaire et un petit salaire, soit à cause des avions bruyants qui rasent les toits. Un gouvernement à la hauteur aurait immédiatement mis le couteau sous la gorge de DHL. DHL aura au moins besoin de quatre ans pour délocaliser. Entre-temps, DHL reste basé à Zaventem car c’est un endroit clé pour le marché le plus important: le Benelux, l’Allemagne et la France. Ni Vatry, et certainement pas Leipzig n’offrent d’alternative à Zaventem. Un gouvernement à la hauteur aurait menacé de nationaliser les infrastructures sans indemnités. Il aurait repris les infrastructures et le personnel de DHL et aurait transformé la société en société publique offrant des services. Dans le pire des cas il aurait proposé une collaboration avec un des concurrents de DHL sur base d’une convention collective conclue préalablement avec les syndicats, le personnel et, sur base des normes de bruit, avec tous les riverains.

Une solution qui garantisse tant l’emploi que la santé est possible, mais pas si on continue à raisonner dans la logique du profit du système actuel. Les problèmes chez DHL ne sont que l’expression de la crise du capitalisme, de même que les problèmes du non-marchand, de la STIB (les transports en commun bruxellois), de la Poste, de la SNCB, d’Opel, de Cockerill, de VW et de tant d’autres. Soit on continue à lutter chacun dans son coin, soit on essaye de contraindre le patronat et le gouvernement à céder si on lutte tous ensemble, de manière intersecto-rielle, organisés dans des assemblées générales afin que chacun et chacune reste concerné.

Pour faire un pas en avant, le MAS (Mouvement pour une Alter-native Socialiste) a pris l’initiative d’organiser, avec les organisations de jeunesse des syndicats, une Marche des Jeunes pour l’Emploi le 19 mars 2005.

Afin de faire de cette Marche un succès le MAS lance un appel à la formation de comités locaux dans les quartiers, les lycées et les entreprises.

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