C’est tous ensemble qu’il faut lutter!

Le contrôle des chômeurs, demandé par les patrons et accordé par le ministre Vandenbroucke est en route. Les premières vagues de jeunes chômeurs ont déjà été convoquées devant l’ONEm. Les sanctions vont pleuvoir. L’objectif du patronat et du gouvernement n’est pas seulement d’exclure en masse les chômeurs mais de les pousser à accepter du travail à n’importe quel prix. Question de faire pression sur les salaires et les conditions de travail. Voilà pourquoi la lutte contre les exclusions du chômage concerne l’ensemble du monde du travail.

Guy Van Sinoy

Dans le secteur privé le patronat est à l’offensive sur tous les fronts: encore plus de flexibilité, diminution des charges sociales, allongement de la carrière, annualisation du temps de travail. Le verdict scandaleux au procès de l’explosion de la cokerie à Cockerill (voir p.5) donne la mesure de l’insolence de la bourgeoisie.

Dans les services publics ce n’est pas mieux. A la SNCB plus d’un millier de travailleurs ont reçu une note de service les informant que leur poste était supprimé! A La Poste on ne compte plus les arrêts de travail contre Géoroute, le nouveau système de distribution du courrier.

Car un peu partout les travailleurs résistent. A la Sonaca les employés ont mené une semaine de grève malgré les astreintes et les intimidations. A Cockerill les arrêts de travail se multiplient dans l’une ou l’autre division. Les travailleurs de DHL sont sur la brèche pour la défense de leur emploi. A la STIB les conducteurs ont débrayé pour protester contre les cadences imposées par les horaires trop serrés.

Mais ces luttes restent isolées car elles ne sont pas répercutées et centralisées par les organisations syndicales. Celles-ci ne prennent aucune initiative pour organiser la riposte à l’offensive de la bourgeoisie et du gouvernement. A la base, les travailleurs sentent cela. Il est révélateur qu’à Malines, lors de la diffusion de notre bulletin d’information pour les postiers (Modèle 9), les facteurs refusaient le tract dans un premier temps car ils croyaient que c’était une feuille du syndicat! Voilà qui en dit long sur la méfiance de la base à l’égard des bureaucrates. Il faut dire qu’à La Poste les directions syndicales ont accepté Géoroute, tout comme à Cockerill les responsables syndicaux se sont résignés à la fermeture de la phase à chaud.

Nous ne mettons pas tous les responsables syndicaux dans le même panier. Mais il est révélateur qu’au moment où les travailleurs sont mis sous pression la direction de la FGTB soit paralysée par un conciliabule secret au sommet pour trancher qui va devenir son secrétaire général.

Sur le terrain militaire une armée qui se battrait peloton par peloton, régiment par régiment contre un ennemi discipliné et armé jusqu’aux dents est battue d’avance. Il en est de même sur le plan social. Pour l’instant il n’y a pas d’alternatives aux directions syndicales sclérosées. Mais on peut prendre des initiatives pour tenter de rompre l’isolement. Allez secouer votre délégation syndicale pour qu’elle soutienne une lutte sociale menée dans une entreprise de votre secteur ou de votre localité. Etablissez des passerelles entre les secteurs et les délégations qui ne se résignent pas à capituler. Au cours des prochains mois, malgré ses forces encore limitées, le MAS entend mettre la main à la pâte pour rompre l’isolement entre les résistances sur le plan social.

Un vieux militant qui a participé à de nombreuses luttes nous a raconté ceci. En 1932 lors de la grève générale des mineurs, Emile Vandervelde, à l’époque président du Parti Ouvrier Belge, avait lors d’un discours comparé les différents corps de métiers aux instruments de musique: les métallos ce sont les tambours, les mineurs la grosse caisse, les employés les violons, les services publics les trompettes, etc. Et un jeune ouvrier s’était écrié du fond de la salle: «Mais Nom de Dieu! Qu’est-ce que le chef d’orchestre attend pour faire jouer?»

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