Nuit debout à Bruxelles. Et si on s'organisait?

nuitdebout01_02La Nuit Debout est une initiative lancée en France lors des mobilisations (qui se poursuivent) pour le retrait de la loi El Khomri qui vise la casse totale des protections sociales au travail.

Par Laure (Bruxelles)

Ils sont des milliers à s’être retrouvés sur la place de la République à Paris après la grosse mobilisation du 31 mars, pour dire « on ne bougera pas tant qu’on aura pas obtenu le retrait pur et simple de cette loi ». C’est un souffle nouveau et salutaire pour la contestation qui se renforce quotidiennement autour d’une jeunesse déterminée et des travailleurs de plus en plus nombreux à résister.

Une telle occupation de l’espace public permet non seulement de revendiquer mais aussi de se retrouver, de débattre, de s’organiser, de se politiser, d’échanger,… et ainsi de contribuer à la construction d’un rapport de force capable de faire tomber la loi et d’aller même au delà.

Ces occupations sont de plus en plus fréquentes lors de mouvements d’ampleur comme l’ont été celui des Indignés en Espagne, Occupy Wall Street aux Etats Unis ou encore plus récemment l’occupation du parc Gezi en Turquie.

Mais la particularité de ces occupations, c’est que toutes sont nées d’un mouvement populaire avec des revendications spécifiques (mouvement du 15M, sauvegarde du parc, opposition à la dictature des actionnaires, etc…) avant de s’élargir et de porter en son sein de nombreuses revendications tant politiques, démocratiques, que sociales et économiques.

C’est sans doute ce qu’il risque de manquer à nos « Nuit Debout » belges (puisque Liège relaie également l’appel), si nous n’en discutons pas rapidement, collectivement et démocratiquement.

Évidemment, nous ne sommes pas dans un contexte tel que nous l’étions lors du plan d’action pour faire tomber le gouvernement et ses mesures d’austérité lors de l’automne 2014. Il n’y a aujourd’hui malheureusement pas de mouvements d’ampleur contre l’austérité et la répression grandissante envers le mouvement social. Pas encore.

De là sans doute émerge ce sentiment qui était très perceptible lors de la première « nuit » bruxelloise d’un besoin de vivre ensemble, de se retrouver, collectivement. L’envie d’autre chose aussi était présente, d’une société plus juste, plus égalitaire, à visage humain. Et c’est déjà un bon début.

Mais les débats sans fin et sans fond risquent de prendre beaucoup de place si ne discutons pas très concrètement et urgemment de ce que l’on veut porter ensemble, quel mot d’ordre, quel objectif. De là seulement pourront découler des discussions constructives sur la manière dont on veut y arriver.

Et ce que l’on veut porter ensemble nous le pourrons que si nous obtenons le rapport de force nécessaire pour le porter. Et ce rapport de force nous l’obtiendrons que si nous nous organisons.

Du coup, vouloir se réunir, c’est un premier pas, débattre de la façon dont on va mener nos discussions, c’est important. Choisir le lieu où nous nous poserons devient par contre plutôt secondaire, tant que nous n’aurons pas défini le pourquoi nous voulons nous rassembler et quel est le premier objectif que nous voulons nous fixer.

Et vouloir bien vivre ensemble, c’est super. Mais sous le capitalisme, ou ne serait ce qu’avec un gouvernement ultralibéral, un bulldozer de destruction social, on ne pourra pas y arriver. La discussion doit donc aussi en passer par celle là.

Ainsi, de cette occupation, de nombreuses discussions riches peuvent naître. Ce qu’il est urgent d’accepter c’est que ces discussions sont politiques. Car n’en déplaise à certains, même si on peut comprendre le dégoût engendré par les politiques traditionnelles menées depuis des décennies par des partis défendant les 1%, notre combat sera politique et notre volonté de changer la société est politique.

Les attentats et la réponse qui y est apportée, les mesures sécuritaires, les licenciements, les coupes budgétaires dans les services publics, la chasse au chômeur, les coupes dans la culture sont autant d’éléments politiques qui ont des répercussions directes sur nos vies et notre façon de vivre ensemble, de consommer et d’échanger. A partir du moment où nous acceptons cette réalité, la discussion pourra commencer.

Et l’occupation pourra devenir ce forum populaire, ce lieu d’échange et de réflexion, un QG pour la lutte. Car la lutte, il faudra la mener et pas seulement assis, debout ou couché sur la place publique, mais organiser et déterminés sur nos lieux de travail, dans nos écoles, dans notre quartier.

C’est donc à ce carrefour que se retrouveront les prochains débats des « nuits debout » partagés par de nombreuses personnes en soif d’un avenir et d’une société emprunts d’humanité. Et de là se jouera l’avenir d’un embryonnaire possible mouvement.

La volonté de changement est là, à nous de la concrétiser.

Photos : PPICS

Nuit Debout - Bruxelles

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