Lettre au PTB : relevons ensemble les défis de cette ère du désordre

La période électorale qui s’annonce revêt un caractère unique à plus d’un titre. Sur le fond, elles prennent place au beau milieu d’une crise profonde du système capitaliste et d’un processus de radicalisation et de polarisation croissantes. Sur la forme, toutes les échéances électorales se suivent en quelques mois, élections sociales incluses. Nous sommes convaincus que le résultat électoral obtenu par le PTB/PVDA représentera un atout pour la classe travailleuse et nous souhaitons donc assister votre dynamique de campagne.

Par le Bureau exécutif du PSL/LSP

Les services publics s’effondrent, tout comme notre pouvoir d’achat. La charge de travail est insoutenable et donne lieu à une véritable épidémie de burnouts. Les listes d’attente interminables règnent partout. La faillite de la politique dominante est déjà évidente dans tous les domaines alors que la crise climatique s’aggrave et que le danger de conflits militaires grandit. L’ampleur du manque de moyens donne une idée de celle des défis à relever pour une véritable politique de rupture. Sans cela, les nombreuses oppressions de ce système inégalitaire continueront d’être renforcées tandis que s’aggravera la menace contre nos droits démocratiques.

Sans surprise, la confiance dans toutes les institutions et leurs porte-paroles est au plus bas : le parti du Premier ministre n’atteint plus les 10 % dans les sondages ! Les partis traditionnels francophones ont beau s’en tirer un peu mieux, le déclin vertigineux de confiance est un processus global. En avril dernier, le Grand Baromètre RTBF-Ipsos soulignait que sept Belges sur dix se méfient de la politique actuelle (69%, un chiffre qui grimpait à 74% en Wallonie). 

Comme le disait Gramsci : «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.» Il est de plus en plus clair que le capitalisme lui-même provoque et renforce les multiples crises et que les résoudre exige de renverser ce système. Tant qu’il n’existe pas de compréhension largement partagée de la manière de le faire, vers quelle alternative et avec quelle force sociale, cet enchevêtrement de crises sera un terreau propice au désespoir contre-révolutionnaire. 

Le Vlaams Belang n’a pas grand-chose à faire pour marquer des points. Les autres partis ne cessent de lui donner de nouvelles opportunités et de banaliser sa politique. Mais si le racisme reste important, ce n’est pas son seul thème. Le VB cherche à jouer sur toutes les formes de mécontentement, en mettant l’accent sur la jeunesse et les populations rurales. Il tente de se différencier de la N-VA en critiquant les conséquences des politiques antisociales, même si le VB continue de rouler pour les riches. Le parti qu’il contrôle, Chez Nous, pourrait faire élire les premiers élus de l’extrême droite francophone depuis des années. Ce danger dans les urnes s’exprimera également par plus de violences raciste, sexiste et queerphobe dans les rues, alimentées également par les résultats de l’extrême droite et de la droite populiste d’autres pays.

Tout annonce qu’une nouvelle crise politique historique naîtra des élections fédérales et régionales dans un contexte où le FMI appelle les autorités belges à économiser à nouveau 30 milliards d’euros au cours des six prochaines années. 

Dans ce contexte, nous avons été nombreux en Belgique à ressentir du soulagement au vu des prévisions de résultats électoraux à la faveur du PTB/PVDA en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre. Nous sommes convaincus que la situation de la classe travailleuse en Belgique sera positivement renforcée par le résultat du PTB/PVDA et nous voulons y contribuer et mener campagne avec nos membres et sympathisants.

Leur enthousiasme ainsi que leur engagement dans la campagne serait stimulé par la présence de candidats de notre parti sur vos listes. Le PSL/LSP dispose de membres qui ont gagné un respect et influencent politiquement leurs collègues et au-delà. Ils et elles démontrent quotidiennement leur engagement sans faille dans le combat pour l’émancipation de la classe travailleuse, que cela soit au travers d’un travail syndical ou de l’implication dans les luttes féministes, antiracistes, contre la queephobie… Tant au niveau des élections européennes, fédérales, régionales que communales, nous pouvons contribuer à tous les niveaux à la dynamique combative nécessaire à la construction d’un rapport de force électoral. Nous pouvons également le faire sur les lieux de travail à l’occasion des élections sociales. 

Nous comprenons bien la préoccupation centrale actuelle du PTB/PVDA, celle d’acquérir tout d’abord une expérience à l’échelon local avant de viser plus loin. Mais le mouvement social au sens large, des associations aux organisations syndicales, ne manque pourtant ni d’expériences ni de talents. Le PTB/PVDA pourrait les engager à ses côtés en utilisant sa campagne dans le but affiché de parvenir non pas simplement à des gouvernements de « gestion sociale » du statu quo avec le PS et ECOLO, mais à de véritables gouvernements de rupture reposant sur la force et la pression de la classe travailleuse organisée, dans le respect de sa diversité. Les listes du PTB/PVDA seraient encore plus positivement considérées par les travailleuses et travailleurs en reflétant ouvertement la diversité d’opinions de toutes celles et ceux qui veulent se battre pour une véritable politique de rupture. 

Nous estimons que la meilleure campagne repose avant tout sur la lutte sociale. C’est la meilleure façon de démasquer le PS et ses promesses creuses. C’est justement ce pourquoi les sommets syndicaux font tout leur possible pour mettre les mobilisations syndicales en veilleuse jusqu’aux élections, un calcul dangereux pour protéger les « partis-amis » au pouvoir. Le plus efficace pour imposer nos revendications dans le débat public, c’est la mobilisation, la manifestation de masse, la grève. Les partis traditionnels seraient dès lors contraints de se prononcer au sujet des préoccupations des travailleuses et travailleurs au lieu d’alimenter une surenchère raciste dont seul profite le Vlaams Belang. La lutte sociale, c’est aussi la meilleure manière d’empêcher l’extrême droite de capter la colère et les frustrations quotidiennes. 

Une telle dynamique de lutte est également importante pour construire la confiance dans l’action collective et préparer les combats à venir, une fois les élections passées. De sombres perspectives austéritaires se profilent pour tous les niveaux de pouvoir, y compris pour les communes dont de nombreuses sont sous tutelle financière de la Région bruxelloise ou du Centre régional d’aide aux communes, le « FMI wallon ». Il faudra une lutte intense pour briser la camisole de force budgétaire qui existe à tous les niveaux de pouvoir et pas seulement aux niveaux du fédéral et des régions.

Un changement fondamental et révolutionnaire de la société, c’est-à-dire la fin de la propriété privée des grands moyens de production, est une question d’urgence sociale, écologique et économique absolue. Y faire face exige un sens de l’urgence et une stratégie claire et ouverte vers la transformation socialiste de la société. Nous souhaitons participer à vos côtés à cet important débat ainsi qu’à la discussion sur la manière dont les échéances électorales peuvent être utilisées à cette fin, notamment autour d’une campagne ambitieuse concernant la « taxe des millionnaires ». 

Nous vous proposons donc d’organiser une rencontre afin de discuter concrètement de la manière dont nous pouvons maximiser les gains électoraux des 9 juin et 13 octobre dans le cadre d’une campagne électorale liée à des initiatives de lutte et visant à populariser les thématiques de classe et la nécessité d’une transformation socialiste de la société. 

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