Alors que le massacre à Gaza a repris le 1er décembre après une brève « pause », l’État israélien a considérablement intensifié son invasion brutale dans le sud de la bande de Gaza. Le nombre de morts est estimé à plus de 16.000, un record qui fait froid dans le dos.
Par Tom Costello et Matt Hirst
Les manifestations se poursuivent dans le monde entier. Une nouvelle campagne a été lancée, Workers for a Free Palestine (WFP), qui vise à développer l’action syndicale pour perturber la machine de guerre israélienne. Après les appels à la fermeture des usines d’armement au Royaume-Uni, plus de 1.000 personnes ont organisé des blocages le 7 décembre, avec la participation et le soutien total de Socialist Alternative (section d’Alternative Socialiste Internationale en Angleterre, Pays de Galles et Ecosse). Ce jour-là, les sites de BAE Systems dans le Lancashire et à Glasgow, d’Eaton Mission Systems à Bournemouth et de L3Harris à Brighton ont été fermés par des manifestations imposantes et déterminées. Dans d’autres villes, des manifestations locales ont été organisées pour perturber les fabricants d’armes.
Le lancement de WFP représente une avancée majeure pour le mouvement de solidarité avec la Palestine. Ce que le Premier ministre britannique Sunak, le chef du parti travailliste Starmer et l’establishment belliciste craignent encore plus que les manifestations de masse dans les rues, c’est l’action de masse de la classe ouvrière sur les lieux de travail.
Si les travailleurs des chemins de fer, des docks et finalement des usines d’armement s’organisent et sont prêts à faire grève pour stopper la fabrication et le transport d’armes, cela aura un impact majeur sur la capacité de l’impérialisme à faire pleuvoir la destruction sur le peuple palestinien.
Les syndicats doivent maintenant agir
Bon nombre des actions syndicales les plus puissantes ont été inspirées par l’appel lancé par les syndicats palestiniens en octobre pour « mettre fin à toute complicité, cesser d’armer Israël ». WFP a aujourd’hui la possibilité de faire pression sur les syndicats britanniques pour qu’ils suivent cet exemple et répondent pleinement à cet appel.
Les syndicats Unite et GMB, qui représentent de nombreux travailleurs employés dans la production d’armes, doivent en particulier adopter une position forte et claire d’opposition à l’industrie de l’armement. Les motions de solidarité avec WFP, qui s’engagent à ne pas manipuler d’armes israéliennes, doivent ensuite être transformées en actions, à la suite des travailleurs de l’industrie et des transports d’Italie, d’Espagne, d’Afrique du Sud, de Belgique et d’ailleurs, pour refuser de fabriquer ou de manutentionner les armes pour Israël.
Les travailleurs de ces secteurs, s’ils sont dirigés par les dirigeants syndicaux dignes de ce nom – ou plus vraisemblablement par des militants de la base puisque les dirigeants syndicaux continuent de refuser d’agir – pourraient être certains des alliés les plus essentiels du mouvement international de lutte contre le massacre à Gaza. Les travailleurs britanniques ont bien plus en commun avec les millions de Palestiniens qu’avec les patrons, qui réalisent des profits obscènes en temps de guerre, profitant directement de la mort de milliers de personnes.
Commencer à soutenir WPF et faire en sorte que ses revendications soient prises en compte par le mouvement ouvrier au sens large pourrait également signifier l’organisation régulière de stands de campagne et des séances de distribution de tracts devant tous les lieux de travail liés à la machine de guerre israélienne.
Protéger les emplois, stopper la machine de guerre
L’action sélective des travailleurs pour empêcher la poursuite de l’armement de l’État israélien est la prochaine étape immédiate du mouvement. La classe ouvrière a le pouvoir d’arrêter la machine de guerre en refusant d’effectuer le travail qui la fait fonctionner. Une telle action montre également comment la classe ouvrière peut construire un avenir meilleur, où nos emplois ne dépendent pas d’une industrie conçue pour le massacre de masse des travailleurs dans d’autres pays.
L’argument de certains dirigeants syndicaux est que si des entreprises comme Elbit et BAE cessent de produire des armes, les travailleurs perdront leur emploi. Des syndicats comme le GMB ont même lancé un appel honteux au gouvernement pour qu’il augmente les dépenses d’armement sur cette base !
Parallèlement, de nombreux travailleurs des communautés voisines de ces usines s’inquiètent sincèrement des conséquences de l’arrêt de la production sur l’emploi local. Beaucoup de ces sites constituent la seule source d’emploi local réel pour de nombreuses personnes. Mais il ne s’agit pas d’un simple choix binaire entre les entreprises d’armement et le chômage des travailleurs. Il existe une alternative, mais seulement si notre mouvement se bat pour elle !
Si, par exemple, les syndicats exigeaient la nationalisation de BAE Systems et d’Elbit, sous le contrôle démocratique des travailleurs, sans compensation pour les millionnaires, cela jetterait les bases d’un plan visant à répondre aux besoins des populations et de la planète. Grâce à un programme de reconversion garantissant des emplois bien rémunérés et protégés par les syndicats, les compétences et la technologie pourraient être utilisées à des fins réellement utiles.
Ce type de transformation massive a été proposé chez Lucas Aerospace dans les années 1970. L’entreprise a été confrontée à des licenciements et à des réductions d’effectifs et le personnel a créé le plan Lucas, qui consistait à créer des produits hautement innovants, économes en énergie et faisant appel à des technologies vertes. Ce type de plan est absolument nécessaire compte tenu de la crise climatique que nous vivons et peut contribuer à mettre fin au massacre de vies palestiniennes et autres, tuées chaque jour dans le monde entier par les roquettes et les bombes des puissances impérialistes dans leur quête de profit au détriment de la classe ouvrière.
L’héritage de l’action des travailleurs contre la guerre
Bien qu’elle soit souvent occultée, la classe ouvrière britannique a une riche histoire de solidarité internationale face à la guerre. Les ingénieurs d’East Kilbride, qui ont refusé de réparer les pièces de l’armée de l’air chilienne de 1974 à 1978, après avoir vu les horreurs de la dictature de Pinochet, en sont un exemple frappant. Ce boycott particulier a été immortalisé dans le documentaire Nae Pasaran (2018) et doit être regardé par tous ceux qui veulent voir comment les travailleurs du monde entier peuvent jouer leur rôle pour mettre fin à la guerre et à la dévastation.
Seule une action internationale de masse permettra de mettre fin à l’assaut brutal contre Gaza. Au sein d’Alternative Socialiste Internationale, nous nous organisons au niveau mondial – y compris en Israël et en Palestine – pour un avenir socialiste de paix et de libération, pour le peuple palestinien et tous les travailleurs et opprimés du monde. Rejoignez-nous !