Contre l’oppression, l’exploitation et l’extrême-droite :
- Construisons des comités démocratiques locaux de résistance
- Décidons d’un plan d’action en escalade
En France, les 500 familles les plus riches détenaient 1000 milliards d’euros en 2021. Si on augmentait de 500 euros par mois les 26 millions de salarié.e.s, cela représenterait 13 milliards. Soit à peine 1,3% du magot des ultra-riches. Voilà. Le reste, c’est de la diversion.
Tract d’Alternative Socialiste Internationale – France distribué aujourd’hui à Paris dans le cadre de la journée de mobilisation contre la Loi immigration
La loi sur l’immigration constitue l’attaque la plus raciste en France depuis des décennies. Elle est emblématique d’un virage significatif à droite du régime Macron, également visible dans la défense par Macron de Depardieu soi-disant victime d’une ‘‘chasse à l’homme” (!) ou encore dans la composition du nouveau gouvernement. Cette loi est tout droit sortie du petit manuel “diviser pour mieux régner”. D’un côté, Macron fait interdire le port de l’abaya à l’école suivant une vision rétrograde et sexiste de la laïcité de l’État (qui promeut la séparation de la religion et de l’Etat, pas de se mêler de ce que portent les jeunes filles), de l’autre, il célèbre l’Hanoukka à l’Elysée.
De cette façon, il attise tant l’islamophobie que l’antisémitisme. Sa croisade islamophobe comporte également la répression de la solidarité avec la Palestine et son assimilation au terrorisme. Haine et discorde sont distillées à la base de la société, pour affaiblir la classe travailleuse et sa résistance, qui n’est forte qu’à hauteur de sa solidarité active. Ce qu’il souhaite, c’est développer la réalité raciste déplorable des “deux France” à nouveau légitimement et puissamment révélée et combattue lors des mobilisations antiracistes de l’été dernier après le meurtre policier raciste de Nahel.
La loi, raciste et méprisable dès le départ, a été considérablement durcie au cours des 18 derniers mois de débat. Aujourd’hui, Le Pen et l’extrême droite qualifient son vote de “victoire idéologique”. Ce développement s’inscrit dans la tendance croissante à droite de Macron et de ses gouvernements. Pour surmonter leur faiblesse parlementaire, ils misent sur la séduction de la droite et de l’extrême-droite. Pour tenter de se consolider une base sociale, même limitée, ils en reprennent la rhétorique. Leurs politiques, de même que l’impunité de la violence policière, ont renforcé la confiance de l’extrême-droite pour passer à l’action violente.
Mais il existe aussi une raison structurelle. La classe dirigeante, en France comme ailleurs, voit fondre sa base de soutien. Elle doit recourir à un mélange de politique de “diviser pour mieux régner” et de mesures autoritaires pour dévier la colère et détourner l’attention des multiples contradictions d’un système capitaliste à bout de souffle.
Les tensions inter-impérialistes croissantes bousculent les certitudes géostratégiques. Les dépenses militaires doivent augmenter. L’inflation entraine des profits records chez les multinationales, agroalimentaires notamment, mais peuvent entrainer des explosions sociales. Pareil avec la crise climatique incontrôlable. Les gouvernements ont moins de marge de manœuvre dans la compétition pour les profits, les marchés et le pouvoir. Pour que le champagne continue à couler et garantir la rentabilité et la compétitivité, il leur faut intensifier leurs attaques contre la classe travailleuse. La loi immigration est une nouvelle tentative cynique d’exploiter les angoisses et la crainte de l’avenir des gens ordinaires afin de protéger les intérêts de ceux-là mêmes qui conduisent la société droit dans le mur.
Le racisme n’apportera ni sécurité, ni stabilité, ni vie décente à qui que ce soit parmi la classe travailleuse et la jeunesse. Tout comme le sexisme ou la queerphobie, il vise avant tout à nous diviser. Et tout ce qui nous divise nous affaiblit ! D’autres offensives antisociales sont en préparation, comme la prochaine loi visant à détruire davantage nos conditions de travail présentes et à venir.
Et après ? Encore des coupes budgétaires. Encore moins de soins de santé. Moins d’énergie bon marché. Moins d’enseignement. Moins de transports publics. Moins de services sociaux. Et toujours plus de souffrance et de difficultés. Ça, c’est le cocktail idéal pour plus d’insécurité et des explosions de violence. Et les boucs émissaires, ce seront les personnes réfugiées et les musulmans. Ça, c’est le projet de Macron et de ses maîtres.
Les difficultés socio-économiques augmentent aussi la violence basée sur le genre et contre les personnes opprimées. Les femmes travailleuses et les personnes non-blanches sont parmi les premières victimes de la hausse de la précarité au sein des foyers et de la société en général. Le sexisme, le racisme et d’autres formes d’oppression font partie de l’ADN du capitalisme et sont utilisés pour maintenir la société de classe. Par exemple, alors que les riches et puissants excusent constamment leurs abus flagrants (Depardieu, Gros Lardon, Darmanin, Zemmour, etc.), la droite et l’extrême-droite abusent cyniquement des cas de violence sexiste pour promouvoir leur programme haineux et réactionnaire.
Ceux et celles qui luttent courageusement contre la violence et l’injustice capitaliste et le système qui en est à l’origine sont alors réprimés et attaqués par les forces armées et la justice de classe (Saint-Soline, actions Robin des Bois, solidarité avec la Palestine et militantes féministes contre Depardieu) pour protéger la classe dirigeante et maintenir la société de classe.
Dépasser l’expression de la colère en construisant la riposte
Construisons un front uni de la classe ouvrière, de la jeunesse et des personnes opprimées, enraciné dans tous les quartiers ouvriers, les banlieues, les écoles, les universités et les lieux de travail ! Nous devons construire un mouvement dans l’esprit de la lutte contre la réforme des retraites, un mouvement qui combine la force considérable de la classe ouvrière organisée avec la volonté courageuse et inspirante de lutter pour un changement fondamental de la part de la jeunesse et des personnes opprimées, comme exprimé dans les manifestations antiracistes après le meurtre de Nahel.
Inspirons-nous des luttes des sans-papiers qui ont remporté des victoires initiales grâce à leurs grèves courageuses pour la régularisation et ont organisé une assemblée de plus de 100 personnes le 3 janvier à Paris pour se mobiliser en vue des manifestations des 14 et 21 janvier.
Les syndicats devraient suivre cet exemple et organiser des assemblées générales sur les lieux de travail ; les manifestations des 14 et 21 janvier ne devraient pas être divisées, mais constituer les premières étapes d’un plan d’action allant crescendo pour un mouvement dans lequel les personnes opprimées, la jeunesse et la classe ouvrière plus largement luttent côte à côte.
Soulignons d’ailleurs à ce titre que si les organisations syndicales avaient compris le réel enjeu derrière l’attaque raciste de l’interdiction du port de l’abaya à la rentrée pour construire la lutte contre le ministre de l’Education Gabriel Attal, nous ne serions que plus forts aujourd’hui pour lutter contre le même individu devenu Premier ministre.
Ne laissons personne de côté pour que personne ne se trompe de colère ! C’est ce qui doit être à l’ordre du jour du mouvement ouvrier organisé. Les exemples édifiants ne manquent pas : les manifestations spontanées contre la loi en décembre, les 32 départements “de gauche” qui ont déclaré leur refus de mettre en œuvre la préférence nationale pour l’allocation d’autonomie (APA), les comités antifascistes comme dans les Côtes-d’Armor impliquant LFI, les syndicats, les activistes/groupes féministes et climatiques, les comités de solidarité avec la Palestine dans les universités et les manifestations contre Depardieu qui ont eu lieu dans plus de 35 villes à travers la France le jeudi 11 janvier.
Imaginons ce qui serait possible si ces luttes se rassemblaient dans des comités de résistance locaux contre l’oppression, l’exploitation et l’extrême droite, en utilisant des manifestations, des actions directes et des grèves. Avec une telle organisation collective, nous pourrions également faire pression sur les 32 départements “de gauche” pour qu’ils s’opposent à la loi dans son intégralité – pour qu’ils se déclarent villes sanctuaires – et lier cela à une lutte pour un plan d’investissement massif dans les services publics.
Nous avons besoin d’un type de système différent : une société socialiste démocratique basée sur la planification démocratique et la propriété publique des secteurs clés de l’économie. De cette façon, les conditions matérielles seraient disponibles pour prendre en compte les besoins et l’épanouissement de chaque personne. C’est nous, la majorité sociale, qui devons décider – et prendre les rênes de la société – et non pas une poignée d’ultra-riches et leurs marionnettes politiques qui, pour satisfaire la rapacité des capitalistes, sont coupables du pire pour nous empêcher de nous unir contre eux. Car à partir de ce moment, plus rien ne nous serait impossible.