COP15.La biodiversité vouée d’avance à l’échec ?


Du 7 au 19 décembre, après de nombreuses tergiversations dues à la pandémie, la COP15 sur la biodiversité aura enfin lieu. Pas comme prévu à Kunming, en Chine, mais à Montréal, au Québec. La présidence est cependant toujours assurée par la Chine qui, comme l’a révélé Le Monde début octobre, n’a invité que des ministres du commerce et des responsables d’ONG. Aucun chef d’État ou de gouvernement.

Article soumis par Jan-Pieter Everaerts, rédacteur du magazine en ligne De Groene Bel.

Pourtant, comme l’affirme Le Monde, ce sommet sera « l’un des événements les plus décisifs de cette décennie pour la protection de l’environnement et la survie de l’humanité. »

Le défi n’est pas mince : l’objectif est d’établir un nouveau cadre mondial pour mettre fin à la destruction de la biodiversité d’ici à 2030. Aucun des objectifs du précédent accord, conclu au Japon en 2010, n’a été atteint et la dégradation de la nature s’est encore accélérée. La déforestation atteint des niveaux record, 40 % des terres sont dégradées et les populations de vertébrés – comme l’a révélé le WWF – ont diminué de 68 % depuis 1970. Selon l’homologue biologique du GIEC, le panel sur la biodiversité IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services), un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction en raison de toutes les activités humaines sur la Terre. La 6ème grande vague d’extinction. La disparition de nombreuses espèces d’insectes menace à elle seule un « effondrement de la nature », a écrit le journaliste environnemental Damian Carrington.

Pas seulement des animaux emblématiques, mais des écosystèmes entiers

Par le terme biodiversité, nous entendons la variété des écosystèmes, des différentes espèces végétales et animales au sein d’un écosystème, ainsi que la variation génétique au sein des espèces. Par nature, il existe de grandes variations sur Terre. Les régions tropicales sont beaucoup plus riches en espèces que les régions polaires. Les deux pays qui présentent la plus grande biodiversité se trouvent en Amérique du Sud : Brésil et Colombie. La Colombie, par exemple, possède la plus grande biodiversité mondiale en matière d’oiseaux (environ 1.900 espèces, dont 150 espèces de colibris).

Ne vous y trompez pas: la conservation de la biodiversité va bien au-delà de la sauvegarde d’animaux emblématiques comme le tigre ou l’ours polaire. Il s’agit de préserver des écosystèmes entiers – comme ceux de l’Amazonie et du Cerrado au Brésil, les jungles du Congo et de l’Asie du Sud-Est, mais aussi les ressources forestières d’Europe ou les récifs coralliens tropicaux – dans un état de santé tel que ces écosystèmes puissent fournir les services écosystémiques essentiels à notre approvisionnement en eau potable, à notre alimentation par l’agriculture et la pêche, ainsi qu’au stockage du CO2 et à la lutte contre le réchauffement, entre autres. Les écosystèmes actuels ont mis des millions d’années à émerger et à développer des équilibres dynamiques pour assurer leur fonctionnement à long terme. Certaines d’entre elles peuvent être restaurées par des interventions relativement limitées, mais, par exemple, les vastes « zones mortes » déjà présentes dans les océans, où toute intervention planifiée est impossible, mettront des siècles, voire des millions d’années, à se reconstituer.
Et ce, alors que la demande d’eau potable, de nourriture et d’innombrables matières premières pour la « transition énergétique durable » continue de croître en même temps que la population humaine mondiale.

L’état actuel de la « Planète bleue » – 71 % de la surface de la ‘Terre’ est recouverte d’eau (dont à peine 2,5 % est potable) – signifie des environnements beaucoup plus chauds, voire incroyablement chauds, pour les générations futures. Cela signifie également des écosystèmes dégradés qui ne seront plus en mesure de fournir de la nourriture et surtout de l’eau potable aux nombreuses mégapoles, souvent de faible altitude et menacées par les inondations, dans lesquelles les populations humaines sont de plus en plus concentrées. L’enjeu est donc de taille à Montréal. Toutefois, il est à craindre que le sommet ne se termine dans une impasse, plus encore que le sommet sur le climat COP27.

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