Caterpillar, une nouvelle lutte commence

Le mois dernier, la direction de Caterpillar annonçait 1400 pertes d’emplois sur le site de Gosselies. Ajoutés aux 200 CDD non renouvelés et aux 500 CDD perdus depuis mai 2012, c’est de plus de 2000 personnes dont se sépare la direction.

Thomas (Namur)

Un contexte explosif

Rien qu’en février de cette année, 923 entreprises ont fait faillite. Après Arcellor, Ford, Duferco,… c’est maintenant l’usine de Gosselies qui est menacée. Le slogan des délégations syndicales, ‘‘non aux licenciements boursiers’’ pointe du doigt la raison majeure de la décision de la multinationale : engranger encore plus de profits au mépris des travailleurs qui, pourtant, ont créé la montagne de richesses sur laquelle sont assis la direction et les actionnaires.

Avec l’unification des statuts ouvrier-employé ordonnée par l’Europe à partir de juillet, il est moins cher de virer des ouvriers aujourd’hui car les préavis ouvriers sont bien moins longs que pour les employés. Si l’intention des patrons est de niveler les statuts vers le bas (salaires et conditions de travail), ils savent que jamais les syndicats et les employés – force considérable en Belgique – n’accepteront des préavis au niveau d’un ouvrier actuel.

La technologie de pointe dans un contexte de crise économique

Les délégations soulignaient que Gosselies s’est tourné vers la construction de machines plus puissantes, plus performantes. Malgré leurs performances, la conjoncture économique les rend plus difficiles à vendre car plus chères. Une contradiction du système capitaliste, qu’on peut étayer par un exemple probant : Gosselies produit notamment des moteurs moins polluants, mais la vente ne rencontre pas les espoirs escomptés car 25% plus chers. Pourtant, la recherche et le développement de moteurs écologiques devraient être une priorité ! Ce ne sera le cas que lorsque les outils de production de pointe et les secteurs-clés de l’économie seront nationalisés, sous le contrôle des travailleurs !

Nous rejoignons, sur ce point, Antonio Cocciolo, président des métallos Hainaut-Namur, qui nous disait en interview fin mars ‘’nous sommes hors de toutes décisions politiques, il faut revenir à une puissance publique locale et européenne et créer des liens avec les travailleurs d’autres pays européens (…) Des pans entiers de l’économie tels que l’énergie ou les banques doivent être placés sous contrôle public.’’

‘’La crise économique est une aubaine pour le patronat’’ rappelait-il, ‘’elle permet d’accélérer la politique du choc suivie aujourd’hui, chantage à la délocalisation pour flexibiliser au maximum, ou délocaliser la production afin d’augmenter les taux de profits.’’

Effectivement, la direction de Caterpillar en profite pour remettre en cause les accords des conventions collectives passées : les acquis de la lutte syndicale interne. Les délégués avaient notamment réussi à interdire l’engagement d’intérimaires dans l’usine. C’est le moment de réintroduire les intérims, qui s’intégreraient très bien dans le CPS (Caterpillar Production System), sorte de toyotisme à la sauce Caterpillar qui comporte les mêmes ingrédients : l’ordre (les fameux 5S), les cercles de qualités, les primes individuelles, etc. Gosselies est même le centre européen du groupe en matière de formation au toyotisme. Le toyotisme, ou la production en just-in-time, vise à ne plus produire puis stocker pour vendre, mais produire selon le nombre de commandes passées. Cela s’accompagne d’une idéologie néolibérale dure exigeant une flexibilisation accrue des travailleurs visant à produire mieux, plus vite, de meilleure qualité, et avec le moins de temps de travail possible. Les cercles de qualités sont des centres de réflexions de quelques travailleurs, qui partagent leurs idées pour améliorer la production.

En fait, nous mêmes socialistes révolutionnaires, nous sommes pour une production de meilleure qualité, qui nécessite moins de temps à la tâche et où les travailleurs auraient un rôle central dans l’élaboration du produit. Mais l’objectif du toyotisme, c’est de maximiser les profits avec moins de personnel. Le nôtre, de partager les richesses et le temps de travail. De remplacer la logique de la concurrence anarchique par la planification économique et produire pour l’usage.

Aucun secteur n’échappe à la crise, construisons l’alternative

Enseignement, fonctionnaires fédéraux, secteur de la santé, pensions, secteurs privés des services et de l’industrie, etc. : comme ailleurs en Europe, le mouvement ouvrier est en quête d’une alternative politique pour en finir avec l’avidité des financiers et des capitaines d’industrie ainsi qu’avec l’austérité budgétaire de leurs représentants politiques.

Les syndicalistes de Caterpillar sont vus depuis longtemps comme un groupe de tradition ouvrière, présents aux manifestations et apportant leur solidarité aux travailleurs en crise. Des liens se sont d’ailleurs créés avec les travailleurs d’ArcellorMittal dans la même situation. On va peut-être vers une unification des luttes ouvrières. Construire la solidarité et disposer d’un plan d’action ambitieux est la seule alternative face à cette avalanche de perte d’emplois qui est loin d’être terminée.

La concurrence, c’est l’arme des riches, solidarité celle des travailleurs

Il suffit de marcher dans la région de Charleroi pour se rendre compte des manquements énormes dans la société, et du potentiel que représentent les nombreux outils abandonnés par le patronat qui ne les juge pas assez rentables. Nationalisons ces outils pour assurer des milliers d’emplois et que la main-d’oeuvre qualifiée de l’usine Gosselies puisse produire les engins, les moteurs, et autres ensembles mécano- soudés dont nous avons besoin !

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