Caterpillar : l’accord proposé, ‘‘C’est se foutre de notre gueule ! ’’

Manifestation à Bruxelles de travailleurs du site de Gosselies et d’entreprises sous-traitantes

Plusieurs centaines de travailleurs de Caterpillar Gosselies et de quelques entreprises sous-traitantes ont manifesté ce matin du lundi 13 février dans le quartier européen à Bruxelles, quelques jours après une manifestation tenue à Namur. La concentration s’est essentiellement faite autour du rond-point Schuman ; les manifestants ont voulu à un moment partir en cortège dans une rue adjacente, la Rue Froissart, mais un gros dispositif policier les a poussés à rebrousser chemin après quelques centaines de mètres.

Par Stéphane Delcros

Ils étaient là pour mettre la pression au moment où les délégations syndicales rencontraient des responsables européens pour évoquer le dossier Caterpillar, et l’enveloppe financière du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation, pour la reconversion de travailleurs après la fermeture. Il ont d’ailleurs obtenu un projet de 20 millions d’euros de ce Fonds, pour financer les cellules de reconversion et former les travailleurs à de nouveaux métiers.

Mais ce déplacement était en général aussi l’occasion de revendiquer la fin des mesures d’austérité véhiculées par l’Union européenne et l’arrêt des fermetures boursières qui ont pour seul but d’augmenter les dividendes versés aux actionnaires. Parmi les travailleurs, les critiques étaient également nombreuses contre les institutions européennes et les inégalités flagrantes existant entre leur situation et celle des eurocrates.

Les discussions sur le plan social ont commencé

Des discussions sont en cours, notamment sur le nombre de personnes qui bénéficieront d’un régime de chômage avec complément d’entreprise et sur les conditions de départ du personnel. La direction de Caterpillar avait d’abord fait une proposition de 20.000 euros de primes par travailleur (et 25.000 pour ceux disposant d’une plus longue ancienneté), pour ensuite faire monter ce montant vers 27.500 euros. ‘‘C’est se foutre de notre gueule !’’, entendait-on ce lundi matin parmi les manifestants. Les négociations devraient semble-t-il durer jusqu’à fin mars. Le montant des primes pourrait donc encore augmenter, surtout si les travailleurs continuent à mettre la pression.

Mais les discussions ne sont pas encore abouties non plus par exemple concernant les charges fiscales à appliquer aux primes ; même si des primes élevées sont arrachées, la réalité de ce qu’auront effectivement les travailleurs en quittant leur boulot pourrait en faire déchanter plus d’un. De nombreuses autres négociations pour licenciements collectifs ont en effet débouché sur des montants de primes assez impressionnant, mais c’est au final beaucoup moins qui se trouve dans les poches des travailleurs. Les regrets peuvent alors être très grands. Et encore plus grands si on discute de la situation des sous-traitants… Les travailleurs des entreprises sous-traitantes de Caterpillar Gosselies, estimés à entre 4.000 et 5.000 indirectement mais tout aussi brutalement touchés par la fermeture, n’ont encore aucune info d’un quelconque plan pour leur avenir. C’est notamment le cas des salariés – présents en nombre à la manif de Bruxelles – de Yusen Logistics à Courcelles, qui emploie 180 personnes dont 130 en lien direct avec Caterpillar Gosselies.

Pour un plan de lutte offensif et large pour l’emploi !

Le fait que les directions syndicales soient prêtes à se battre – avec des mobilisations et des demi-journées de grève quotidienne depuis quelques jours – pour les meilleures conditions de départ possibles est à saluer. Mais au vu de la destruction de l’emploi et de la dégradation des conditions de travail, ainsi qu’à l’érosion de la sécurité sociale, on pourrait s’attendre à quelque chose d’autre en termes d’objectif de lutte.

Pourquoi ne pas essayer de sauver l’emploi ? Avec une stratégie bien orchestrée et offensive, qui essaie de rassembler de plus larges couches, il semble réaliste de tenter de sauver l’emploi, ainsi que d’obtenir un réel avenir pour les éventuels départs, sur base de la pression et du rapport de force ainsi créé. Cela passera par des revendications nécessaire, comme la nationalisation de l’entreprises sous la gestion et le contrôle des travailleurs, et par l’activation de l’énorme soutien passif pour les travailleurs de Caterpillar et sous-traitants qui existe dans la société carolo, mais aussi wallonne et belge en général.

Mais les ‘révoltés de Gosselies’ pourraient aussi devenir le fer de lance d’une mobilisation générale pour l’emploi, entraînant avec eux les travailleurs d’autres entreprises occupées à licencier : ING, Douwe Egberts, Brico, Eram, Blokker, Zeeman, C&A, Brantano,… Ils pourraient ainsi construire un plan d’action offensif, en commençant par le blocage de la production et de toutes les livraisons en occupant l’entreprise, et aboutissant à une manifestation monstre, en envoyant des groupes de travailleurs aux 4 coins du pays et en faisant de Gosselies un point de ralliement ouvert à tous les syndicalistes combatifs et sympathisants solidaires motivés, à l’image de la lutte des travailleurs des Forges de Clabecq en 1997 et de leur mobilisation exemplaire vers la Marche multicolore du 2 février 97. Une telle stratégie pourrait d’ailleurs relancer une lutte généralisée contre l’austérité budgétaire du gouvernement Michel, main dans la main avec les travailleurs du non marchand et du travail social, particulièrement touchés eux aussi en ce moment, et qui auraient bien besoin d’une telle lutte unitaire.

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