[INTERVIEW] CHU Brugmann : Les travailleurs en colère contre les horodateurs

Interview de Karim Brikci, délégué CGSP-Brugmann

Fin septembre, les travailleurs de l’Hôpital Brugmann, à Bruxelles, ont pris connaissance du nouveau plan de mobilité de la ville de Bruxelles. Mais ce dernier rend payant l’ensemble des rues avoisinantes de l’hôpital. Il s’agit d’un problème de taille puisque les travailleurs seront désormais contraints d’acheter une carte de 750 euros pour se rendre au boulot. Oui mais la résistance s’est organisée !

Comment cette colère a-t-elle été organisée?

La direction n’a pas discuté avec le personnel de ces changements. Son silence était pour beaucoup révoltant. Dès que nous avons appris la nouvelle, nous avons décidé d’organiser une assemblée générale pour en parler. La problématique du parking pour le personnel n’est pas neuve : manque de places dans le quartier autour de l’Hôpital, privilèges pour l’accès aux parkings internes,… et toujours silence radio de la direction.

Cette fois-ci, nous avons estimé nécessaire de réagir fermement à cette nouvelle donnée. Avec nos camarades des différents employeurs du site Horta, nous avons organisé cette assemblée en front commun qui a réuni 400 personnes. Nous avons discuté et décidé démocratiquement de nos revendications : une carte riverain gratuite, le remboursement à 100% des transports en commun et la révision des critères d’accès aux parkings internes. Le mot d’ordre est clair : On ne payera pas pour venir travailler !

Il est très rare de voir en Belgique de grandes assemblées générales de travailleurs décider des revendications et des actions. Comment êtes-vous parvenus à ce résultat?

J’espère tout d’abord que cela deviendra de moins en moins rare car le résultat est plutôt enthousiasmant ! Nous avons, depuis un peu plus d’un an, organisé des AG régulières (trimestrielles) pour informer et mobiliser les travailleurs sur différentes thématiques.

Des assemblées spécifiques à certains services ont aussi été organisées (nettoyage,…). Et je pense que c’est ce prérequis qui a permis de construire peu à peu la possibilité d’en arriver à une telle participation lors des dernières AG. Nous avons écrit plus de 4 tracts en 1 mois, mis sur place un blog et une newsletter. L’ensemble des travailleurs est ainsi tenu au courant et peut s’impliquer.

Quels sont les avantages de cette méthode?

Tout d’abord ce sont les travailleurs en assemblée qui prennent les décisions quant à leurs revendications et sur la manière d’organiser la suite du combat. Il est clair pour tout le monde que c’est cette assemblée qui décidera aussi de l’attitude à adopter concernant les résultats des négociations. Je pense que c’est ainsi que l’on peut reconstruire la confiance entre les travailleurs et leurs organisations syndicales. Nous pensons que c’est aussi de cette manière que l’on sera capable de maintenir la pression dans le temps si les autorités essayent de nous avoir à l’usure.

Quelles sont les perspectives pour la lutte?

La ville de Bruxelles a rapidement reculé (mise en application du plan postposée à début janvier) mais avec pour objectif de mieux gagner du temps dans l’idée de nous préparer à l’idée d’un tarif préférentiel, mais payant tout de même ! L’AG a déjà réitéré mi-octobre notre refus de payer un copeck. Nous avons déjà organisé plusieurs actions dont une action parking gratuit. Pour maintenir la mobilisation et faire passer un message très clair aux autorités, nous organisons une grande Action ‘‘Occupons le parking’’ le 8 novembre prochain. Nous offrirons l’accès à tous les travailleurs au sein du parking interne normalement réservé à nos chers directeurs. L’idée d’une réaction collective de tous les travailleurs bruxellois concernés fait aussi son bonhomme de chemin. On a discuté à plusieurs reprises d’un appel à une action commune devant la ville de Bruxelles. Le 8/11, dans la soirée, se tiendra une AG de toute la CGSP concernant cette problématique. Nous y serons présents en défendant l’idée d’élargir nos actions afin que l’ensemble des travailleurs bruxellois puissent obtenir la gratuité pour ses déplacements domicile-boulot.

Dans quelle mesure ce combat rejoint-il l’appel de la CGSP -ALR à la grève générale le 14 novembre ?

Pour le 14/11, notre secteur a en effet décidé d’organiser une action de grève pour s’opposer à la politique d’austérité. Nous allons utiliser nos prochains rendez-vous locaux afin d’informer un maximum de nos collègues par rapport à l’austérité en Europe, mais aussi plus précisément par rapport à ce qui nous pend au nez dans les mois qui viennent en Belgique.

Nous espérons surtout que le mot d’ordre de grève s’étendra à un maximum de secteurs. Après l’annonce de la fermeture de Ford Genk, ne serait-il pas temps de mettre sur pied un véritable plan d’action, dont le 14 pourrait être une étape après la manifestation du 11 novembre à Genk ?

blog : cgspacodbrugmann.blogspot.be

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