Les services publics, le patrimoine de ceux qui n’en ont pas

Luttons ensemble en défense de la pension des fonctionnaires et pour des moyens à hauteur des besoins

Gouvernement après gouvernement, les coupes budgétaires se suivent dans les services publics, souvent sous le prétexte fallacieux que les choses ne fonctionnent pas assez « efficacement ». Après avoir (dés)organisé nos services publics de manière bureaucratique, les défaillances sont invoquée pour retirer les ressources si nécessaires. Parallèlement, de nombreux services ont été jetés sur le marché : la poste, certains pans des transports publics, téléphonie, etc. Ces dernières semaines, des dizaines de maisons de retraite Orpea ont fermé en Belgique parce que la multinationale française de la santé refuse d’investir dans les infrastructures. Tout ça doit cesser !

Par Wouter (Gand), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

Le sous-investissement fait rouiller nos services publics

La réduction des effectifs et la démolition des structures entraînent le déclin du service à la population. C’est évident dans les chemins de fer : l’an dernier, il y a eu 40 % de trains supprimés en plus en raison du manque de personnel et des infrastructures défaillantes. Dans l’enseignement, les classes sont si surpeuplées qu’elles font fuir les enseignants. Des services essentiels comme les pompiers n’ont pas assez de matériel pour secourir les gens. À Gand, on a supprimé un refuge d’hiver pour sans-abris.

Le manque de ressources met tous les services sous pression. La charge de travail du personnel augmente et, dans les chemins de fer ou la police, il est souvent difficile voire impossible de prendre les congés auxquels on a droit. Les congés maladie augmentent donc rapidement. C’est inacceptable.

Pas touche aux pensions ! Suivons l’exemple français

Le gouvernement fédéral a les pensions en ligne de mire. Le débat entre Lalieux (PS) et De Croo (Open VLD) ne porte pas sur le retrait de l’attaque, simplement sur son ampleur. La discussion porte aujourd’hui sur la péréquation des pensions des fonctionnaires, qui n’évolueraient plus tout à fait comme les salaires. De Croo veut supprimer la péréquation, ce qui permettrait « d’économiser » 200 millions d’euros. Lalieux propose un plafonnement de la croissance à 0,5%. De Croo remet même en cause l’indexation de la pension minimale !

Les fonctionnaires peuvent être envoyés en préretraite en cas de maladie de longue durée. Lalieux veut prolonger la pension temporaire de maladie de deux ans pour éviter qu’elle soit utilisée. Au lieu de faire quelque chose sur les conditions de travail pour réduire les arrêts maladie, la ministre s’attaque aux malades.

Elle veut lier la retraite anticipée à des conditions plus strictes sur le nombre de jours travaillés. L’espérance de vie en bonne santé est en moyenne de 62 ou 64 ans. Il est crucial de prendre sa retraite à temps ! L’âge de la retraite de 67 ans et les restrictions à la retraite anticipée sont inacceptables. Dans les services d’incendie, le personnel exige la retraite à 60 ans. L’espérance de vie chez les pompiers est inférieure de sept ans à la moyenne.

Actuellement, les travailleurs et les jeunes descendent massivement dans les rues en France contre le passage de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Ils ont tout à fait raison et leur exemple devrait être suivi. Nous ne devrions pas avoir à payer pour un déficit budgétaire qui provient de la soif de profits des entreprises. Lorsque le gouvernement a voulu faire passer le système à points pour les retraites, il a été stoppé par notre résistance de masse. La lutte paie !

L’âge de la retraite et l’accès à la préretraite doivent être abaissés pour toutes et tous ! Une pension minimale de 1.700 euros pour chacun.e, y compris celles et ceux qui ont des carrières incomplètes, est nécessaire pour éviter que nos aînés ne tombent dans la pauvreté.

Tous les secteurs ensemble !

Les actions ne manquent pas dans les services publics. Quelques exemples :

  • Les cheminots se sont mis en grève pour plus de moyens, une revalorisation des grilles salariales, plus de sécurité….
  • Il y a déjà eu plusieurs jours de grève dans l’enseignement francophone avec des manifestations et des actions pour plus d’enseignants, des bâtiments décents et de meilleures conditions de travail.
  • Les travailleurs des hôpitaux publics ont participé en masse à la plus grande manifestation du non marchand depuis longtemps (22.000 personnes!). Le personnel exige plus de moyens, des salaires plus élevés et la semaine des 30 heures. Auparavant, les fonctionnaires locaux des CPAS de Bruxelles s’étaient mis en grève.
  • Les fonctionnaires fédéraux ont mené de nombreuses actions pour exiger le respect d’un accord sur les augmentations de salaire et d’autres questions.
  • Chez les pompiers et la police, la mobilisation se dirige vers une manifestation le 7 mars, notamment pour exiger plus de personnel et plus de ressources.

Tout cela illustre à quel point nos intérêts sont communs. L’unité dans la lutte est cruciale pour obtenir une victoire. Le résultat de la grève du 10 mars et son suivi doivent être discutés dans des assemblées du personnel. Mais des réunions interprofessionnelles dans chaque ville sont également nécessaires. Parce que cette lutte doit être portée par l’ensemble du mouvement syndical. C’est toute la société qui a besoin de services publics !

Nous devons mettre fin aux pénuries en rendant le travail dans le secteur public à nouveau attractif, avec une semaine de travail de 30 heures sans perte de salaire, avec des recrutements supplémentaires et le rétablissement des nominations statutaires. Toutes les privatisations et libéralisations doivent être annulées, car elles n’ont ni réduit les coûts pour les usagers ni amélioré la qualité. Une augmentation de tous les salaires de 330 euros bruts par mois est nécessaire dans le public comme dans le privé pour réduire notre perte de pouvoir d’achat.

L’argent manque ? Les profits des plus grandes entreprises et du secteur financier sont aujourd’hui très élevés. Ils investissent des milliards d’euros dans leurs propres actions au lieu d’investir dans la société. La nationalisation du secteur financier permettrait de dégager les fonds nécessaires aux services publics.

Les services publics qui ont été privatisés au cours des dernières décennies devraient passer dans le giron public par le biais de la nationalisation afin de garantir des services de qualité et suffisants. Ceci est crucial pour éviter le transfert des services aux familles, souvent aux femmes. Les services publics sous le contrôle démocratique de tous les travailleurs sont nécessaires pour permettre de bonnes conditions de travail et des services décents. Garantir des services publics décents et accessibles à tous nécessite une rupture avec la politique et le système actuels.

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Première page de Lutte Socialiste