Liège: ETTB, une mobilisation réussie ne s’invente pas

Dans cette industrie de production de pièce métalliques de précision, notamment destinées à l’aéronautique, la mobilisation ainsi que l’intervention le jour de la grève générale furent effectuées en front commun syndical. Ainsi, le délégué CSC était présent aux côté de son homologue de la FGTB pour rappeler à ses affiliés qu’ils étaient indemnisés pour la grève, et ce même si la CSC n’appelait pas ses membres à la faire.

Nicolas Croes

Lors de notre interventions, nous avons été véritablement surpris par la combativité des travailleurs sur place, ainsi que leur intérêt pour les idées socialistes. Le fait que le système de production capitaliste n’amène que misère pour l’écrasante majorité était bien présent, mais les discussions sont allées bien au-delà de ce constat, et nous avons ainsi abordé la question de l’alternative au capitalisme et la manière d’y arriver. Bien loin d’être venu avec de nouvelles thématiques, nous n’avons fait que prolonger des échanges qui existaient déjà au sein de l’entreprise. Il fut tout à fait naturel pour eux de répondre à la division au sommet des syndicats par une unité à la base, et les travailleurs, CSC et FGTB ensemble, sont allé sur plusieurs autres sites pour inviter leurs camarades à rejoindre le mouvement de grève. Plusieurs contacts avaient été pris en ce sens avant la journée de grève générale. Ils ont hélas pu constater que toutes les délégations n’avaient pas agit de la sorte. C’est avec surprise qu’ils sont intervenus dans une usine à la demande d’un délégué FGTB… resté à l’extérieur pendant qu’ils parlaient aux travailleurs à sa place! Il ne les avait du reste guère informé les jours précédents. Mais une telle situation n’est pas née du néant.

C’est en effet dans la douleur qu’une telle conscience s’est forgée dans l’entreprise. Durant des années, ETTB (Esco Turbine Technologie Belgique) n’eut aucune représentation syndicale. Le directeur de l’époque nous fut décrit comme un dictateur infâme déployant beaucoup d’énergie pour laisser les syndicats à la porte de "ses" bâtiments.

La situation changea lors du rachat de l’entreprise par un groupe américain, il y a 5 années de cela. A cette occasion, beaucoup de promesses furent données aux travailleurs, qui ne sont restées que des paroles en l’air. Selon les travailleurs interrogés, ce fut la "goutte d’eau de trop". Toutefois, l’ancien directeur était resté aux commandes durant une période de transition, qu’il mit à profit pour continuer son combat contre les syndicats. Il réussit ainsi à licencier le premier délégué. Bien loin de se laisser faire, les militants ont tenu bon, et la délégation est aujourd’hui bien implantée dans cette entreprise.

Depuis lors, les problèmes ont augmenté sur le site. Si la direction américaine a énormément investit dans l’entreprise, il y eut rapidement trop de pièces à produire, et pour cause de mauvaise gestion, ETTB est actuellement en déficit depuis deux ans. La faute en incombe évidement aux capitalistes, qui ont une fois de plus eu les yeux trop grand, mais ce sont les travailleurs qui sont pénalisés, l’entreprise jouant en effet sur ce point pour refuser toute avancée dans les conditions de travail.

Ce sont donc les nerfs à vif que les travailleurs se sont lancés dans la grève générale, et il est à parier que cette journée d’action aura renforcé leur détermination à faire valoir leurs droits.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai