Secteur des soins – Le gouvernement bat le chaud et le froid

Photo : La Santé en Lutte

Frank Vandenbroucke (SP.a, ministre fédéral de la santé publique) et Ben Weyts (N-VA, ministre flamand de l’enseignement) appliquent la même méthode: battre le chaud et le froid. Ben Weyts souhaite que les syndicats acceptent plus facilement le licenciement des enseignants en échange d’une nomination plus rapide (qui aurait immédiatement beaucoup moins d’intérêt en termes de sécurité d’emploi). Frank Vandenbroucke souhaite que le personnel soignant accepte la nouvelle loi concernant la délégation des tâches de soins infirmiers en échange d’une prime supplémentaire (qui ne serait que ponctuelle). Ils ne changeront pas la situation désastreuse de ces deux services essentiels.

Par Anja Deschoemacker

Que demande le personnel soignant ? La manifestation du 13 septembre organisée par le collectif La Santé en Lutte – qui a mobilisé des milliers de travailleuses et travailleurs de la santé en dépit des contaminations et des mesures sanitaires – exigeait un refinancement public du secteur afin de disposer de plus de personnel avec de meilleurs salaires et d’un service de qualité accessible à toutes et tous. Ils ont dû repousser une tentative d’interdire leur manifestation en faisant appel à l’opinion publique par le biais d’une lettre ouverte signée par plus de 1.000 soignants et ont fait face à la répression policière pendant la manifestation.

Aujourd’hui, Frank Vandenbroucke ajoute l’insulte à l’injure : le personnel soignant peut recevoir une prime unique, une petite tape dans le dos. Mais le gouvernement refuse tout changement fondamental pour éviter au personnel des efforts surhumains et ne pas les placer devant le choix inhumain de décider qui sera soigné ou pas.

La loi sur la délégation des tâches infirmières n’est pas seulement une insulte aux infirmières et infirmiers, c’est un cadeau au patronat du secteur pour encore plus presser le personnel comme des citrons tout en réduisant la qualité des soins. Dans son tract de novembre, La Santé en Lutte déclare : « une révolte légitime se développe dans nos rangs ».

Organisons une deuxième vague de lutte !

Au moment d’envoyer ce journal à l’impression, les premières actions étaient déjà annoncées. La pandémie a fait comprendre à de larges pans de la population ce que le personnel savait déjà : la loi du profit et la logique d’austérité tuent le secteur de la santé. Depuis des années, il pleut des témoignages de soignants selon lesquels la qualité des soins est mise à mal en raison du manque de personnel. Bien avant la pandémie, le risque d’épuisement mental et de burn-out y était très élevé. En Belgique, une infirmière s’occupe en moyenne de 10 patients, contre 5 dans un pays comme la Norvège. Ce n’est pas avec un membre du personnel supplémentaire par équipe (la seule chose déjà accordée) que la situation deviendra gérable.

Le gouvernement fait la sourde oreille. Des moyens supplémentaires ont été consacrés à la santé, mais pas pour un véritable refinancement et pour mettre fin à la logique commerciale qui domine le secteur depuis ces dernières décennies, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Les fonds supplémentaires visent à combler certains trous et – surtout ! – à mettre fin à la « révolte légitime » des travailleuses et des travailleurs.

Une deuxième vague de résistance est absolument nécessaire si nous voulons des soins de santé à la hauteur, sans bénévoles non qualifiés et non rémunérés, sans que le personnel testé positif au covid ne doive se rendre au travail et supporter la lourde charge mentale du risque d’infecter des patients déjà très vulnérables, sans que les tâches infirmières ne doivent être effectuées par du personnel ne disposant pas des connaissances professionnelles indispensables.

Pour le 11 décembre, La Santé en Lutte appelle à un rassemblement rue de la Loi. Nous appelons chaleureusement nos lecteurs à y participer. Une nouvelle grande manifestation et l’élaboration d’un plan d’action syndical dans le secteur devraient être les prochaines étapes pour abroger cette loi et imposer au gouvernement de répondre aux exigences réelles du personnel.

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