Du jamais vu : un plan Renault chez Solvay !

Aux informations du 29 juillet 2010 on pouvait lire « Les résultats de Solvay dépassent les attentes. […] Au deuxième trimestre 2010 le chiffre d’affaire hors activités pharmaceutiques a bondi de 32% par rapport au deuxième trimestre 2009 ». Aujourd’hui on lit : « Solvay : 800 pertes d’emploi dans le monde, 150 à 160 emplois supprimés en Belgique » ! La procédure Renault commence !

Nadine Mertens, ancienne déléguée Solvay

Une procédure Renault ? Dans une entreprise dont la bonne santé financière ne fait aucun doute ?

La société Solvay a une image de marque à laquelle elle tient, celle d’une société « sociale » où patron, chefs et employés vivent en parfaite harmonie, les uns travaillant joyeusement, l’autre, reconnaissant, distribuant force de récompenses sous forme d’appointements bien au-dessus de la moyenne nationale et autres avantages sociaux. La société qui tenait au cœur du fondateur Ernest Solvay.

Oui ! Sauf que cela se réfère à l’ancienne société Solvay, celle qui s’appelait Solvay & Cie.

L’entreprise d’aujourd’hui ne correspond plus à cette image paternaliste. Depuis la transformation de la société en société anonyme son « cœur business » a été remplacé par le « core business » ! L’intérêt pour le bien-être des travailleurs a cédé la place à l’importance donnée au portefeuille des actionnaires (en majorité les familles Solvay, Janssen et autres). Graduellement les appointements ont rejoint la « médiane » des rémunérations nationales, les avantages sociaux ont été rognés petit à petit.

Depuis le début des années 1980 l’entreprise n’a de cesse de trouver comment augmenter les dividendes de ses actionnaires. Elle a mis au point un système de « dégraissement » du personnel barémisé sous la forme d’une convention collective de retraite anticipée, système il faut bien le dire, plus avantageux que la pré-pension.

Ces 20 dernières années plusieurs études ont été menées pour « rendre l’entreprise plus performante », pour « diminuer les frais fixes » ! Plusieurs centaines de postes de travail sont ainsi passés à la trappe.

Petit à petit la société Solvay a été fractionnée en Business Units indépendantes, ce qui a aussi permis de morceler la comptabilité. La recherche et l’administration centrale restaient néanmoins centralisées en Belgique. Cette organisation en Units a facilité la vente de diverses activités, personnel compris, qui ne semblaient plus essentielles à l’entreprise.

Depuis peu, même les employés « cadres », qui se voient refuser une représentation syndicale au sein de l’entreprise Solvay, ont été approchés individuellement pour se voir proposer, voire imposer, une retraite anticipée. Les barémisés, qui quant à eux avaient, jusqu’à présent, le choix de partir ou rester, ont aussi vu les propositions de départ devenir plus « impératives ».

Aujourd’hui un sommet vient d’être atteint. Une procédure Renault est enclenchée. La Direction se veut rassurante en insistant sur le fait que toutes les mesures seront prises pour effectuer les licenciements annoncés d’une manière aussi douce que possible. On est en droit de se demander comment puisque tous les travailleurs dans les « conditions » de la retraite anticipée ont été contactés et ont déjà entamé les formalités de départ.

Il s’agit donc de 150 à 160 départs supplémentaires, qui n’entrent pas dans le cadre de la convention collective.

Tout ceci nous donne une idée plus exacte de l’ampleur de la restructuration. Restructuration élaborée à la suite d’une décision de régionaliser les Business Units vers l’Asie et l’Amérique du Sud. Encore un effet pervers de la mondialisation.

Bien que dans l’entreprise Solvay le personnel ne soit pas particulièrement adepte d’actions syndicales, le taux de syndicalisation a toujours été élevé.

L’annonce de ces licenciements est non seulement un coup de massue pour le personnel, mais aussi pour les délégués syndicaux SETCa qui ont une double déconvenue par la perte de l’assistance de leur permanent, celui qui les épaulait depuis un grand nombre d’années. Ce permanent, responsable du secteur industrie, vient d’être lui-même licencié par l’organisation syndicale, pour des raisons fantaisistes. Dans un moment aussi crucial que l’enclenchement d’une procédure Renault, les délégués vont devoir travailler avec des permanents qu’ils ne connaissent pas, des permanents qui ne connaissent pas le terrain, des permanents, enfin, qui sont bien gentils mais qui ne sont pas des foudres de lutte syndicale.

Mondialisation augmentée de bureaucratie ! Sale temps pour les travailleurs et les militants syndicaux de SOLVAY S.A. !

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