Ce matin, 7h30, au piquet de Techspace, à Herstal. Les ouvriers sont en grève depuis le 12 mars. Hier, les négociations avec la direction ont duré tard et les ouvriers en grève sont fébriles. Finalement, après une Assemblée Générale à 10h, les grévistes ressortent le sourire aux lèvres: victoire, la lutte paie!
- Les travailleurs de Techspace tiennent le cap – INTERVIEW
- Techspace: De l’emploi pour les jeunes, une revendication de riches?
Pour des Marches des jeunes locales pour l’emploi!
Aujourd’hui, la crise du capitalisme frappe de plein fouet les travailleurs et les jeunes. La récession serait terminée? Seuls les actionnaires le ressentent. Pour les jeunes et les travailleurs, le pire reste à venir. Les annonces de licenciements se succèdent et un chômage de masse qui touchera plus fortement les jeunes nous attend. Les gouvernements ont sauvé les grands actionnaires des banques pour un montant d’environ 26 milliards € – nous exigeons un plan de sauvetage de l’emploi dans notre intérêt!
- Plateforme Jeunes et Emploi du PSL
Un comité "Jeunes en lutte pour l’emploi" est en train de se constituer sur Liège avec les Jeunesses Ouvrières Chrétiennes, la FGTB-Jeunes, le PSL, la LCR, Ecolo-J, EGA et Comac. Plus d’informations arriveront sous peu sur ce site.
Cette grève des ouvriers avait débuté pour réclamer l’octroi de prépensions combinées à l’engagement de jeunes avec des Contrats à Durée Indéterminée. En front commun, les syndicats avaient argumenté que les moyens étaient bien présents pour ce faire : le résultat d’exploitation est passé de 2,72 millions d’euros en 2008 à 22,3 millions en 2009, le bénéfice net est en progression de pas moins de 7 millions d’euros pour atteindre les 18 millions et, grâce à la déduction des intérêts notionnels, depuis 4 ans, l’entreprise économise une moyenne de 2,5 millions d’impôts par an! De leur côté, les actionnaires ont pu recevoir 9,14 millions de dividendes (contre 7,6 millions en 2008).
Au final, après n’avoir voulu discuté que de 4 prépensions, les travailleurs ont pu obtenir 37 prépensions avec engagement d’autant de jeunes en CDI (sur une durée de trois ans), une prime unique de 200 euros d’ici fin juin, une prime à l’intéressement de l’entreprise (comme les employés l’avaient déjà depuis longtemps) et la possibilité de passer en 4/5e temps à partir de 55 ans avec une compensation de 150 euros brut et sans perdre de jours de congé!
Pour Pasquale Albanesi, de la CSC: «C’est un grand exemple pour les entreprises du bassin liégeois. Nous avons réussi grâce à la solidarité totale entre CSC et FGTB. Il n’y a eu aucune différence de couleur, la compréhension de l’intérêt commun était très forte.» Cette notion d’exemple, nous avions pu en discuter durant le temps de l’AG avec un délégué de chez Marichal Ketin. On se rappelle qu’en 2004-2005, la direction avait cherché à y imposer les 40 heures semaines payées 37, ce qui aurait constitué un dangereux précédent pour les autres entreprises. Ici, c’était la question des prépensions – à l’heure ou le ministre Daerden (PS) parle de faire travailler plus longtemps nos aînés – et surtout de remettre l’agenda des travailleurs sur la table.
Après une lutte de deux semaines, les travailleurs sont heureux de leurs efforts et de leur lutte, décriée de façon ignoble dans les médias (nous reviendrons sur cette question dans un autre article).
«Nous n’avons aucun mérite, c’est la solidarité qui a payé» explique Jérôme Knops, un jeune délégué FGTB. Peu après, un ouvrier qui a déjà quelques années de boîte derrière lui affirme «On peut être fiers de nous, mais surtout de nos jeunes. La relève est là pour les prochains combats. Je souhaite à tout le monde d’entrer en lutte et d’avoir la même chose!» Et effectivement, des jeunes, il y en a eu pas mal au piquet, de quoi tordre le cou à quelques idées toutes faites sur les jeunes qui ne savent se mobiliser sur rien.
Cette grève démontre, après des luttes comme celles de Bayer à Anvers ou d’InBev, que la lutte paie, même en temps de crise. En ces temps d’augmentation massive du chômage, particulièrement chez les jeunes, et alors que certains parlent de s’attaquer à nos fins de carrière, les travailleurs de Techspace ont porté un message : à nous de nous organiser et de riposter!