Non à la participation belge à la guerre en Syrie!

SocialistWorld

Les six F-16 belges, qui reprendront leurs frappes en Irak à partir du 1er juillet prochain verront leur mandat élargi à la Syrie selon l’accord conclu entre les partenaires de la majorité ce jeudi 12 mai en soirée. Vous trouverez ci-dessous un article publié dans l’édition de mai de Lutte Socialiste consacré à la participation belge à la guerre en Syrie.


Début mars, le gouvernement américain a officiellement demandé à la Belgique de renouveler sa participation à l’opération de l’OTAN “Inherent Resolve” au Moyen-Orient. Partenaire loyal de l’OTAN, le gouvernement belge acceptera selon toute vraisemblance. Après une participation de neuf mois aux bombardements en Irak en 2014-2015, les F-16 belges serviront à nouveau, y compris en Syrie et peut-être même en Libye.

La ‘‘guerre contre le terrorisme’’ dure depuis déjà 15 ans, depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le nombre de guerres a augmenté, pareil pour les attaques terroristes. Les groupes fondamentalistes religieux tels qu’Al-Qaïda et Daesh (l’Etat Islamique) sont aujourd’hui plus puissants que jamais. En Afghanistan, les Talibans n’ont pas disparu de la scène. En Libye, la destruction est générale et la guerre civile est maintenant invoquée pour promouvoir une nouvelle intervention internationale. En Irak, les autorités occidentales espéraient parvenir à une certaine stabilité en jouant sur les divisions sectaires. Mais ce fut la guerre et cette dernière a ouvert la voie au rapide essor de l’État islamique parmi les sunnites. Les opérations militaires n’entrainent que plus de chaos.

Malgré l’échec des interventions en Afghanistan, en Irak et en Libye, les mêmes tactiques sont utilisées en Syrie. La coalition américaine a, en un an, effectué 8.000 frappes aériennes sur Daesh en ne gagnant qu’à peine du terrain. Les bombardements causent d’inévitables victimes civiles qui alimentent la colère des sunnites au Moyen-Orient contre les États-Unis et aident le recrutement des groupes fondamentalistes religieux.

Toute l’argumentation selon laquelle les interventions occidentales serviraient à instaurer la démocratie, la paix et les ‘‘valeurs occidentales’’ est d’une hypocrisie sans nom. La Turquie, alliée des occidentaux, peut ainsi sans problème livrer une guerre unilatérale contre le peuple kurde tandis que le président-dictateur Erdogan place les médias sous son contrôle. L’Arabie saoudite, autre allié des puissances occidentales, peut exécuter des prisonniers politiques par pendaison ou interdire aux femmes de conduire. Pourtant, la vision profondément conservatrice de l’élite saoudienne a servi de modèle à la fois aux Talibans, à Al-Qaïda et à Daesh. L’establishment occidental a déroulé le tapis rouge aux fondamentalistes. En Belgique, la Grande Mosquée de Bruxelles a été confiée par bail à l’Arabie saoudite : le soutien au fondamentalisme religieux faisait partie du prix à payer pour le pétrole saoudien.

La destruction de la Syrie par des raids aériens ne mettra pas fin au terrorisme. Bien au contraire. Cela augmentera les risques de propagation du conflit, notamment avec la guerre du régime turc d’Erdogan contre les Kurdes. Cela menace d’encore approfondir la misère et la barbarie pour la majorité de la population de la région. La crise des réfugiés pourrait devenir encore plus dramatique qu’aujourd’hui.

La participation belge à la guerre en Syrie rend notre pays en partie responsable de la croissance des violences et des destructions mais aussi de leurs conséquences, comme le terrorisme et les flux de réfugiés. Stimuler les investissements dans l’armement et la Défense au cours des années à venir (notamment par l’achat d’avions de combat F35) est un choix politique. Pas d’argent pour la guerre mais pour combattre la misère !

L’un des rares où les groupes fondamentalistes comme Al-Qaïda & Co. ont été poussés dans la défensive fut au cours de la vague de révolutions et de soulèvements de masse qui a déferlé sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord en 2011. Ces mouvements sociaux ont clairement illustré que l’action des masses pouvait arracher un changement réel. Ces manifestations de masse ont un grand caractère unificateur qui balaie les frontières sectaires. En Irak, des manifestations conjointes de sunnites et de chiites ont eu lieu. En Afghanistan, en 2015, des manifestations de masse ont eu lieu pour dénoncer les violences dont sont victimes les Hazaras, une minorité chiite. Comme nous l’avons vu en Libye, les interventions impérialistes dans la région visent également à stopper le développement des mouvements de masse. Mais il s’agit de la seule façon de lutter efficacement contre Daesh.

Cinq ans après le début des soulèvements de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, il faut retrouver le chemin de ces mobilisations et, parallèlement, en tirer les enseignements. Faire tomber les dictateurs ne suffit pas, c’est tout le système qui doit être renversé. Cela exige de construire des partis révolutionnaires armés d’un programme socialiste de rupture avec le capitalisme.
D’ici à ce que de tels mouvements émergent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous pouvons jouer un rôle en construisant un puissant mouvement anti-guerre. Juste avant le début de la guerre en Irak, en 2003, nous avons connu un large mouvement anti-guerre avec des millions de manifestants. La manifestation contre l’achat d’avions de chasse F35 le 24 avril dernier à Bruxelles était un excellent début pour renouer avec cette tradition.

‘‘Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage’’ déclarait le socialiste français Jean Jaurès avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Pour parvenir à un monde sans guerre, nous devons lutter pour une autre société.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai