Réactions de Karel Gacoms sur la loi Renault

Ce lundi 27 novembre, le tribunal de Première instance de Bruxelles a prononcé une ordonnance en référé qui condamne Volkswagen pour non-respect de la Loi Renault. Les syndicats ont confirmé l’information, en soulignant que la procédure ne vient pas de leur part et n’a pas reçu leur soutien. Présent en solidarité au piquet de VW ce mardi, Karel Gacoms, principal négociateur de la FGTB dans les dossiers SABENA, Philips ou encore Renault Vilvorde, s’exprime sur la loi Renault.

Nicolas Croes

« La Loi Renault dont on parle tant n’est pas une loi pour les travailleurs. Rien n’a changé sur le fond par rapport aux fermetures. Sur la forme, oui, un peu. On dispose maintenant, quand la loi est respectée, d’un certains temps pour faire des propositions alternatives à une fermeture, et puis aussi pour construire un rapport de forces entre les travailleurs et le patron. Mais les conventions sur les licenciements collectifs ne sont pas respectées. Evidemment, un loi ne change pas le système capitaliste. Il faut s’y prendre d’une autre manière pour le changer…

Le plus important dans une situation pareille, c’est le rapport de forces, la solidarité et les actions. Moi, j’ai mes idées, mais c’est à la délégation de faire des propositions. »

La loi Renault a fait suite à la fermeture du siège de Renault à Vilvorde en 1997. Cette nouvelle avait été rendue publique dans les salons d’un grand hôtel par le PDG Louis Schweitzer. C’est de cette manière que les travailleurs de l’usine avaient appris quel avenir leur direction leur réservait…

Le gouvernement a par la suite fait passer une loi sensée renforcer l’information et la consultation des travailleurs en cas de licenciement collectif. Selon celle-ci, le Conseil d’entreprise doit être le premier informé de la possibilité de cette décision. Bien qu’à ce stade, le patron n’a officiellement pris de décision définitive, le licenciement collectif est de toute façon très souvent prévu de longue date. Les travailleurs peuvent alors émettre différentes contre-propositions, demander plus d’explications,… Comme l’a démontré l’exemple de Ford-Genk, au finish, cela change peu au sort des travailleurs.

L’efficacité de cette loi a souvent été remise en doute dans les rangs des syndicats et est plus l’expression de la (vaine) volonté du gouvernement de démontrer qu’il était capable de faire quelque chose que d’un véritable soutien aux futurs licenciés. Marc Deschrijver (FGTB-employés) s’exprime ainsi : « La loi Renault sert à occuper les ouvriers en les obligeant à participer à des « consultations » et des « séances d’information ». Mais, en fin de compte, les emplois sont tout de même supprimés. »

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec Karel Gacoms quand il affirme que « Le plus important dans une situation pareille, c’est le rapport de forces, la solidarité et les actions. » Mais lorsqu’il précise qu’il a ses idées sur les propositions à faire, le souvenir douloureux de la manière dont les luttes ont été freinées à Renault nous revient en mémoire…

A l’époque la colère des ouvriers les plus combatifs a été canalisée vers des actions spectaculaires sur le territoire français au lieu de mobiliser pour une grève nationale de tout le secteur automobile en Belgique. Les secrétaires syndicaux, Karel Gacoms pour la FGTB et Jacquemyn pour la CSC, ont fait voter par référendum, et sans donner la parole aux travailleurs en assemblée, la reprise du travail "pour continuer la lutte autrement ". Un tiers des travailleurs votent contre. L’usine ne tourne qu’au ralenti car beaucoup de travailleurs ne se présentent pas au travail.

Karel Gacoms avait alors expliqué : « Nous ne voulons pas d’une longue grève qui épuise les gens. Nous pensons qu’il est nécessaire de reprendre le travail, tout en maintenant l’occupation ». Résultat ? L’usine a complètement fermé, et 400 travailleurs (13% de l’effectif de départ), ont été repris dans des activités annexes.

Karel Gacoms avait aussi dit qu’il favorisait « de mobiliser tous les moyens pour maintenir Renault ouvert, pas la grève classique, mais des actions orientées vers les médias. Cela devrait obliger les politiciens à reprendre nos mots d’ordre ».

Nous connaissons donc l’exemple à ne pas suivre.

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