La semaine dernière, les travailleurs des sous-traitants de Ford Genk ont fait grève et mené campagne contre la fermeture du site de Ford à Genk et la perte consécutive de milliers d’emplois. Cette action des sous-traitants a empêché le redémarrage de la production de Ford. Après que les dirigeants syndicaux aient critiqués les »populistes » qui s’opposaient à la reprise de l’activité, une nouvelle étape vient d’être franchie : la police est venue casser un piquet de grève. Il s’agit d’un précédent très dangereux.
Ce matin, des dizaines d’agents de police se sont rendus au piquet de grève tenu chez les fournisseurs. Les travailleurs des sous-traitants craignent d’être totalement laissés de côté avec la fermeture de Ford, et la colère est grande après la tenue du référendum controversé sur la reprise du travail à Ford, où une courte majorité l’a emporté en faveur de la reprise. Les dirigeants syndicaux ont réagi en déclarant que les travailleurs des quatre fournisseurs qui poursuivaient leurs actions ne recevraient ni salaire, ni indemnité de grève. Cette réaction équivalait à donner carte blanche à la direction pour qu’elle aille plus loin, ce qu’elle n’a pas manqué de faire. Et ce matin, la police a été déployée contre le piquet de grève.
Rendre possible à la police de briser un piquet de grève met la totalité du droit de grève en danger. Le personnel des sous-traitants est interdit de mener ses propres actions. La direction de Ford veut que ses fournisseurs travaillent de façon à rendre possible son fonctionnement. Lorsque Ford a réparti des parties de sa production vers des sous-traitants, c’était pour économiser sur les frais du personnel, il n’était aucunement question de laisser aux travailleurs le droit de mener des actions et de mettre en danger toute la chaîne de production !
Aujourd’hui, une grande division existe parmi les travailleurs, des tensions se sont développées entre le personnel de Ford et celui de sa chaîne d’approvisionnement, entre ceux qui veulent continuer à travailler et ceux qui souhaitent que le trésor de guerre (ce qui est produit) ne disparaissent pas dans d’autres mains à l’extérieur de l’usine. Ces divisions ont pu se développer en conséquence directe d’une stratégie syndicale qui a évité l’implication maximum des travailleurs avec des assemblées générales démocratiques et une grande transparence, y compris lors du récent référendum. Les mots ont été rudes envers ceux – les »populistes » – qui disaient refuser d’accepter la logique de Ford. Mais qu’il y a-t-il d’anormal à ce que ces derniers n’aient aucune confiance en une direction qui vient d’annoncer que la fermeture serait un bain de sang social ?
Il faut répondre aux provocations policières contre le droit de grève par une riposte syndicale basée sur la solidarité. Accepter cette situation signifie de laisser tomber une grande partie du droit de grève car le précédent sera utilisé pour justifier d’autres actions contre des piquets de grève. La faiblesse encourage à l’agression patronale. C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui à Genk. A nous de construire un rapport de force plus favorable aux travailleurs.
Cela commence par la solidarité et l’unité dans une lutte constante et conséquente pour le maintien de l’emploi. Dans cette lutte, nous devons tenir compte de la méfiance et des tensions qui existent, et le meilleur moyen de surmonter ces difficultés est de construire l’implication maximale de la base par le biais d’assemblées générales démocratiques du personnel, où chaque étape du combat doit être ouvertement débattue et décidée.
Simultanément, cette offensive massive contre le droit de grève doit recevoir une réponse syndicale combative au niveau national. Les enjeux sont clairs: allons-nous laisser tomber le droit de grève ou le défendre ?
Photos d’une visite de solidarité au piquet le week-end dernier
Samedi, une équipe de militants du PSL (issus du Limbourg et de Gand) se sont rendus au piquet de grève de Genk. Voici quelques photos de cette visite.