Solidarité avec les victimes de VW

Jamais VW n’a vendu autant de voitures qu’aujourd’hui. De nouveaux profits records sont atteints d’année en année. Mais pour les actionnaires et les managers, cela n’est pas assez. Ils veulent encore plus: un profit de 5,1 milliards d’euros en 2008 au lieu de 1,12 milliard aujourd’hui. Des milliers de familles seront privées de leur revenu ou laissées dans l’incertitude. Mais, de cela, la direction de VW s’en moque.

Eric Byl

4.000 familles de travailleurs de VW et au moins 8.000 familles de travailleurs chez les sous-traitants seront privées de leur revenu si la direction peut réaliser ses plans. La commune de Forest va perdre plus de 10% de ses revenus de taxes. C’est à peu près la même valeur que le budget communal pour l’enseignement, alors que des investissements urgents dans les bâtiments et le personnel de l’enseignement communal se font attendre depuis des années. Ce ne seront donc pas seulement les travailleurs de Forest et les sous-traitants qui seront les victimes des mesures de VW mais aussi tous les parents, les petits commerçants,… Bref, tout un tissu social.

Dès l’annonce des licenciements, beaucoup d’offres d’emploi ont été présentées via la presse pour les travailleurs de VW qui disposent d’une certaine expérience. Le gouvernement et le patronat essaient ainsi de montrer qu’il ne faut pas lutter mais que chacun doit chercher une solution individuelle. On verra bien les résultats de cette opération. Un paquet de boulots précaires probablement – contrats temporaires, intérimaires, à temps partiel, mal payés,… – qui iront aux travailleurs de VW à la place de chômeurs sans expérience qui devront attendre encore plus longtemps pour avoir un revenu.

La collectivité n’a pourtant pas rechigné à se serrer la ceinture pour maintenir l’emploi. La flexibilité, les assainissements, le travail de week-end,… ont fait que Forest est le deuxième site de VW en termes de productivité et de qualité. En plus, le gouvernement a investi des millions d’euros de la caisse collective dans l’espoir de garder VW en Belgique. Des terrains de la STIB et de la SNCB ont presque été offerts gratuitement pour la création de l’Automotive Park. Le prix de ces cadeaux avec notre argent: 35 millions d’euros! L’ouverture officielle de l’Automotive Park a eu lieu en 2005, en présence de Guy Verhofstadt.

La politique de cadeaux, fiscaux et autres, au patronat pour maintenir l’emploi n’a pas réussi. C’est un tunnel sans issue que le gouvernement tente de cacher en accusant le soi-disant nationalisme de l’employeur allemand et surtout du syndicat allemand IG-Metall. Mais sa propre politique de cadeaux pour maintenir les emplois en Belgique aux dépens des travailleurs étrangers, ce n’est pas du nationalisme, ça ?

Les syndicats doivent arrêter de suivre les politiciens dans leurs tentatives d’augmenter la compétitivité en détruisant les conditions de travail et les salaires. Cette politique ne peut que mener à des réflexes nationalistes et à la division des travailleurs. Et tant que cette division existera, le gouvernement pourra toujours rejeter la faute sur les syndicats pour cacher ses propres responsabilités…

Les travailleurs et leurs syndicats doivent rompre avec la surenchère patronale sur le plan de la destruction sociale. Ils doivent construire la solidarité entre secteurs et au-delà des frontières. La manifestation du 2 décembre ne doit pas être un cortège funèbre, mais doit être utilisée pour lancer un appel à une grève générale de 24 heures comme réponse à toutes les restructurations des multinationales.

Le patronat allemand a réussi à faire déclarer toutes les grèves de solidarité illégales. Le patronat belge serait content de faire appliquer une telle mesure ici. Des lois injustes doivent être brisées si nécessaire. Nous sommes convaincus qu’une réponse unifiée des travailleurs belges aura aussi un impact en Allemagne, et pas seulement chez les politiciens ou les patrons, mais aussi et surtout parmi les travailleurs. Et nous sommes prêts à parier que cette sympathie auprès des travailleurs ne se limitera pas à l’Allemagne mais rayonnera partout en Europe.

Mais cette stratégie ne sera pas possible si les travailleurs ne disposent pas d’un parti politique indépendant du patronat. La FGTB et la CSC doivent rompre les liens avec les politiciens néolibéraux des partis traditionnels. Comme dans des pays voisins, les travailleurs doivent construire une nouvelle formation qui défende leurs intérêts. C’est une telle formation que le MAS essaie de construire avec le Comité pour une Autre Politique.

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