De la Palestine au Congo, les femmes en première ligne dans la lutte anti-guerre 

La récente décision de l’État israélien d’attaquer Rafah est un tournant dévastateur pour les Palestinien.ne.s. Considéré comme le « dernier refuge » pour la population, Rafah accueille 1,4 million de personnes fuyant la guerre. 

Par Laura (Bruxelles), article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

Cette attaque alourdit considérablement le nombre déjà important de décès, s’élevant, au moment de la rédaction, à 28.340 personnes dans la bande de Gaza, dont plus de 5.350 enfants. Les femmes et les enfants représentent 70% des personnes touchées par les bombardements (blessés compris). À Gaza, 7 femmes meurent toutes les deux heures, un bilan aggravé chaque jour de façon atroce. La bande de Gaza est aujourd’hui l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant et un cauchemar pour les femmes enceintes. 

Victimes, certainement, mais pas uniquement. Beaucoup de mythes entourent les femmes dans les conflits armés. Perçues exclusivement comme victimes, leur rôle actif a souvent été volontairement caché. Loin d’être de simples spectatrices ou victimes passives, les femmes ont joué et continuent de jouer un rôle crucial dans la résistance à travers le monde, y compris dans des zones de conflit telles que la Palestine. 

La guerre exacerbe les violences faites aux femmes  

La valeur de la vie humaine perdant de son importance en temps de guerre augmente encore les violences subies par les plus vulnérables. Dans tous les conflits, la menace de violences sexuelles est utilisée comme arme de guerre, de nombreux cas de viols et mutilations de Palestiniennes ont été rapportés dans les prisons. Les violences au sein des foyers explosent durant chaque conflit, car l’accès à un accompagnement psychologique nécessaire en cas de crise est réduit, voire inexistant. 

En détruisant les structures de santé, l’accès aux soins maternels est aussi rompu. Depuis le 7 octobre, on estime que 50.000 femmes seraient enceintes. Elles doivent accoucher dans des conditions dangereuses et des césariennes ont lieu sans anesthésie.  Elles doivent quitter l’hôpital directement après l’accouchement alors qu’il s’agit du moment où le risque de complications est le plus élevé.  

Le chemin de l’exil, quand celui-ci est possible, est quant à lui synonyme de vulnérabilité, de précarité et de violences. 

L’engagement des femmes dans les conflits armés  

 Vivant plus lourdement les atrocités de la guerre, les femmes ont toujours été en première ligne dans les mouvements contre celle-ci.  

En Palestine, dès 1948, elles se sont opposées à l’occupation israélienne. En 1987, elles ont joué un rôle essentiel dans le mouvement de résistance lors de la première Intifada : elles ont occupé les rues, elles ont créé et participé à des comités pour organiser les mobilisations et les grèves. Comités qui leur ont permis de se pencher sur les conséquences du sexisme.

La perception du rôle de la femme a évolué également, elles ont rempli de nouveaux rôles au sein de la famille, ont été davantage à la recherche d’emploi rémunéré afin de subvenir aux besoins de la famille, occupant plus l’espace public. Elles ont par ailleurs joué un rôle d’aide aux blessé.e.s, ont caché des militant.e.s recherché.e.s, livré des médicaments,…  

Malheureusement, l’évolution de leur statut a été remise en cause dès le début des années 90 en raison de facteurs multiples tels que la répression militaire israélienne, le développement du Hamas et l’imposition de son idéologie réactionnaire… Non représentées au niveau politique, leur rôle fut considérablement impacté lors de la seconde Intifada – où les attentats-suicides ont pris le pas sur la mobilisation de masse – même si elles continuaient à prendre des initiatives lorsque cela était possible.

Aujourd’hui encore, aux quatre coins du monde, des mouvements de femmes s’organisent dans une véritable lutte anti-guerre. En Russie, plusieurs dizaines de groupes féministes militants se réunissent et sont actifs dans au moins 30 villes, appelant à la fin de la guerre, à une solidarité internationale et apportant leur soutien aux victimes ukrainiennes, et ce, malgré la lourde répression qui sévit. Elles demandent également qu’il soit mis fin aux tentatives de Poutine d’attaquer leurs droits et ceux des personnes LGBTQIA+ sous couvert de guerre, comme l’abolition récemment annoncée du droit à l’avortement. 

En République Démocratique du Congo, où se déroule actuellement le plus gros génocide depuis la Seconde Guerre Mondiale, les femmes s’impliquent dans les négociations avec les groupes armés pour éviter certaines attaques sur les civils en mettant leur vie en danger. Grâce à leurs réseaux d’informations, des militantes permettent à des familles de rentrer chez elles, mais aussi aident les autorités militaires à débusquer les rebelles qui se déguisent en civil.  

Occupons les rues le 8 mars en solidarité avec les femmes de Gaza et d’ailleurs ! 

La guerre exacerbe les inégalités de genre et fait reculer de nombreuses années d’acquis en matière de droits humains. Elle est inconciliable avec les valeurs et les objectifs essentiels du mouvement féministe et LGBTQIA+, mais aussi ceux de la classe des travailleur.euse.s toute entière. Le 8 mars, est une date symbolique dans la lutte contre toutes les formes d’oppression et contre le système capitaliste qui les engendre. 

Clara Zetkin, avec d’autres femmes socialistes, est à l’origine de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Ce sont des femmes révolutionnaires qui ont organisé la première conférence socialiste internationale en 1915 pour organiser leur opposition à la guerre. Et c’est le 8 mars 1917 que des dizaines de milliers d’ouvrières russes, rejointes par les travailleurs, ont manifesté à Petrograd pour réclamer du pain et la fin de la guerre. Cet événement a marqué le début de la révolution russe et a joué un rôle dans la fin de la Première Guerre mondiale. Descendons, nous aussi, dans les rues pour dénoncer chaque forme de discrimination et leur utilisation pour diviser la majorité de la population au profit des plus puissants. Nous y défendrons la nécessité d’une société basée sur les besoins et les capacités de chacun : une société socialiste. 

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