Victoire aux Travaux de Voirie à Bruxelles

En route pour l’Hôtel de Ville.

Par Eric Byl

Hier matin quelque 250 travailleurs du département des travaux de voirie de la ville de Bruxelles sont montés à l’Hôtel de Ville au Grand Marché. Après 2 ans de questions, de mails et de coups de téléphones sans réponse, ils ont stoppé le travail pour aller, en groupe, déposer leurs revendications sur la problématique du parking. Le bourgmestre et les échevins compétents ont dû les recevoir et, ce même matin, encore ils ont pu arracher la plus grande partie de leurs revendications.

Bruxelles veut remplir ses caisses

Quel était le problème ? Comme toutes les communes, la ville de Bruxelles essaye de remplir ses caisses de toutes les façons possibles, ce qui est nécessaire pour compenser les pertes consécutives à la débâcle de Dexia et suites aux économies imposées par les autorités fédérales et régionales. Ce ne sont toutefois pas de bonnes excuses pour les communes puisque ce sont les partis qui gèrent les communes qui sont également à la manœuvre au fédéral et au régional.

Dans la cour de l’hôtel de ville.

Résultat : démantèlement des services et augmentation des prix ; coupes dans les dépenses liées au personnel et hausse de la pression au travail ; gel d’investissements urgents dans des logements sociaux, des crèches publiques et des bâtiments scolaires ; mais, de plus, la population et le personnel sont submergés de toutes sortes de taxes exceptionnelles, pour l’usage de l’espace public pour la livraison d’énergie par exemple, ou encore pour des travaux aux égouts et donc aussi pour garer leur voiture.

Aux frais des petites gens

Le service des travaux de regroupe 300 travailleurs et s’occupe de l’entretien et des petites réparations de la voirie, de la collecte des déchets des poubelles publiques et du balayage de rues, du placement des barrières Nadar lors de festivités, de l’installation des podiums, etc. Comme un travailleur le déclarait : ‘‘nous assurons, souvent de manière invisible et discrète, que Bruxelles puisse assumer son rôle de capitale de l’Europe avec qualité’’.

Une partie des travailleurs est statutaire, d’autres sont contractuels. Certains sont engagés dans le cadre de la réintégration sociale, d’autres en articles 60 ou en tant que stagiaires. Mais ce que tous les travailleurs de la voirie ont en commun, ce sont de petits salaires pour un travail sous-évalué. Pour ces travailleurs, l’absence de parking pour le personnel en est l’expression directe, plus encore parce que seule la direction a le droit de se garer à l’intérieur du site.

Les négociateurs du front commun syndical expliquent les résultats obtenus.

Comme c’est le cas sur tous les lieux de travail à Bruxelles, beaucoup de travailleurs habitent en Flandre et en Wallonie. L’un d’entre eux nous expliquait qu’il voyage chaque jour 70 km avant d’arriver au boulot, à 6h du matin. Il n’y a pas de transports publics à cette heure-là. Un autre, de Leeuw-Saint-Pierre, est au boulot en 15 minutes en voiture à cette heure-là, mais il met plus d’une heure en transports publics. Plus de 200 travailleurs commencent à 6h du matin, les autres une heure plus tard.

Se garer a toujours été problématique, surtout pendant l’événement ‘‘Bruxelles les Bains’’. Mais, depuis le début de l’année, la zone bleue a été introduite et les procès-verbaux pleuvent. Beaucoup de travailleurs sont en déplacement durant la journée. Changer de carte bleue toutes les deux heures n’est pas possible pour eux. Résultat : 40€ le PV. Pour quelqu’un qui ne gagne que 1300€ par mois, comme l’un des travailleurs l’accentuait lors de l’action, cela pèse lourdement sur le budget familial.

La solidarité des collègues

Victoire !

Les travailleurs de la voirie ne sont pas seuls à être confrontés à ce problème. Socialisme.be avait ainsi déjà parlé de la lutte du personnel de l’hôpital Brugmann, qui dure depuis des mois et concerne cette problématique, qui touche du reste tous les services publics dans presque toutes les communes de Bruxelles 19. A côté du sentiment militant de solidarité, cela permet également d’expliquer la présence à l’action d’une délégation de Bruxelles Propreté, mais aussi de militants des CPAS et des services communaux de Bruxelles, Ganshoren, Saint-Gilles et Forest. D’autres étaient peut-être encore présents, mais ce sont les seuls avec qui nous avons pu discuter lors de l’action

Le Front commun syndical soutient les revendications des travailleurs :

  • Pas de parking payant, ni de zone bleue au lieu de travail et autour de celui-ci situé dans une zone sans commerces ni habitation.
  • Augmentation de l’intervention du patron dans l’abonnement au transport public à 95% (maintenant 80% pour la STIB et 50% ou moins encore pour la TEC et De Lijn)
  • Pas de perte de salaire pour l’action de grève, mais compensation via les boni/mali de temps de travail (heures supplémentaires)

Lors des négociations avec le bourgmestre Yvan Mayeur et les échevines Marion Lemesre et Karine Lalieux, les négociateurs ont arrachés que la zone bleue soit retirée et que le parking redevienne totalement gratuit. Puisque les places sont insuffisantes, les travailleurs pourront temporairement utiliser le terrain en jachère derrière le site. Pour l’augmentation du remboursement des abonnements aux transports en commun, il faudra attendre le plan de mobilité de la Région, dont il est promis qu’il doive prochainement arriver. L’action de grève sera compensée comme une journée de travail et calculée dans le boni et mali de temps de travail. Les travailleurs ont globalement considéré ces avancées comme une victoire.

La lutte paye, cela a de nouveau été démontré.

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