Le coronavirus a aggravé la santé d’un enseignement déjà malade

Photo : Pixabay

Les enseignants ne peuvent pas faire de miracle, il nous faut les moyens nécessaires !

Le mercredi 11 novembre, les membres du PSL/LSP travaillant dans le secteur de l’enseignement se sont réunis afin d’échanger sur les difficultés qu’ils rencontrent sur leurs lieux de travail, notamment en cette période de crise sanitaire, ainsi que sur le rôle que peuvent jouer les socialistes révolutionnaires dans l’enseignement, plus précisément au niveau syndical.

Crise sanitaire oblige, cette réunion s’est faite par visioconférence. Elle a réuni des travailleurs de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles, actifs dans différentes organisations syndicales, dans l’enseignement obligatoire et l’enseignement supérieur.

Dans la première partie de la réunion, la crise sanitaire et sa gestion par les responsables politiques ont occupé une part importante de la discussion : absolument rien n’a été fait entre le mois de mars et maintenant pour préparer l’enseignement à la deuxième vague, pourtant annoncée depuis des mois !

Pour les autorités, le port du masque reste l’unique stratégie contre le virus. Aucune initiative n’a été prise en termes de testing rapide, aucune solution n’a été livrée vis-à-vis des transports en commun, il n’y a eu aucune augmentation de la capacité d’accueil pour assurer la distanciation sociale, aucune aide pour contrer l’augmentation de la charge de travail face aux absences importantes d’élèves et du personnel, aucune solution pour la fracture numérique qui renforce les inégalités sociales. Il y a eu par contre une avalanche de circulaires, souvent difficilement applicables sur le terrain, et des décisions incomprises comme le rallongement du congé de Toussaint de deux jours.

Un autre sujet récurrent a été les problèmes d’infrastructure. L’enseignement était déjà en détresse avant la pandémie.

Comment faire vivre le syndicat sur le lieu de travail ?

Dans la deuxième partie, un échange a eu lieu concernant nos expériences syndicales. Chaque lieu de travail comporte évidemment ses particularités. Mais il y a tout de même un contexte général : à cause de l’absence de réponse appropriée à la politique néolibérale, il existe beaucoup de préjugés et de désillusions vis-à-vis des syndicats ou vis-à-vis des possibilités de luttes collectives. On entend souvent nos collègues dire : à quoi ça sert de faire grève ? Il n’y a plus de solidarité, nous sommes dans une société individualiste… Mais il y a aussi une contre-tendance : On voit apparaître des foyers de lutte ponctuels et locaux, souvent isolés les uns des autres, et pourtant souvent pour les mêmes raisons.

Comment pouvons-nous reconstruire les traditions syndicales là où elles n’existent pas, comment saisir les opportunités là où des luttes émergent ? Comment créer une dynamique collective dans nos écoles et contrer les attitudes individualistes et défaitistes ambiantes ? Fondamentalement, le potentiel de lutte collective ne dépend pas de l’appareil syndical, mais des rapports de force concrets. Et pour construire un rapport de forces dans le syndicat il faut d’abord construire une base sur le terrain.

Malgré ses faiblesses, surtout au niveau de la direction syndicale, le syndicat reste un outil indispensable pour créer des liens avec les travailleurs d’autres écoles et d’autres secteurs, pour trouver des informations, pour pouvoir profiter des acquis qui nous permettent de s’organiser au travail, notamment dans les organes de concertation,… Il y a 3,5 millions de travailleurs syndiqués en Belgique, c’est-à-dire plus de 70% des travailleurs. La FGTB et la CSC sont en fait les seules et principales organisations de masse du pays.

Les échanges ont démontré que le travail syndical reste très important surtout dans cette période. La crise sanitaire a été souvent utilisée par les employeurs – et certains syndicats – comme prétexte pour supprimer toute concertation sociale ou activité syndicale. Plusieurs interventions de délégués ont souligné qu’un travail syndical reste possible, même en temps de confinement. Divers témoignages ont abordé l’obtention de primes de télétravail, l’imposition de mesures sanitaires sur le lieu de travail, la communication au personnel par voie numérique,… D’autres ont développé différentes initiatives visant à impliquer les collègues dans l’activité syndicale en dépit de la crise sanitaire : des actions sur les réseaux sociaux, l’écriture collective de cartes blanches dans la presse,…

D’autres interventions ont été consacrée à la façon de surmonter les divisions sur le lieu de travail, par exemple entre de jeunes collègues qui ne se sont pas encore stabilisés dans l’école et des collègues plus anciens qui ont des difficultés à trouver un équilibre entre vie de famille et vie professionnelle.

Ce genre de discussions collectives et de partage d’expériences très concrètes au sein de notre parti nous permet d’apprendre des essais et erreurs personnelles et d’en tirer les leçons qui s’imposent pour créer une dynamique collective de discussion afin d’affiner nos positions, de cibler les thèmes et méthodes d’intervention dans le but de populariser une alternative socialiste, dans nos écoles, dans le syndicat et dans le mouvement des travailleurs au sens plus large.

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