Ci-dessous, un article publié sur le site de notre organisation soeur en Angleterre (Socialist Party) le 29 juin, juste avant la Gay Pride de Londre. Cet article reprend un rapport fait par un camarade de notre organisation soeur en Russie à propos de la Marche qui s’est tenue à Moscou le 27 mai. Cet article a été récemment traduit en français et néerlandais par nos camarades belges .
La communauté Lesbienne, Gay, Bisexuelle et Transgenre (LGBT) va défiler ce 1er juillet à Londre pour l’Europride. Beaucoup de réformes légales importantes ont été obtenues, comme les Partenariats civils qui ont amélioré la vie des personnes LGBT. Elles ont été gagnées suite à de longues années de lutte pour les droits LGBT.
Autant ces réformes sont les bienvenues, autant la lutte n’est pas finie. Si des lois contre les discriminations raciales et sexistes existent bien depuis des années; elles n’ont fait disparaître ni le racisme, ni le sexisme de la société. La récente condamnation de deux hommes pour le meurtre homophobe de Jody Dobrowski à Clapham montre que la communauté LGBT ne devrait jamais se dire que la lutte est terminée.
“ Les droits acquis ont besoin d’être défendus et élargis”. Cela aurait du être le thème de la Marche, et le lien avec les luttes internationales aurait du être mis en avant. En Europe de l’Est, les Gay Prides ont été attaquées par les forces réactionnaires et par l’État. En privatisant, les politiciens du grand patronat ont employé l’homophobie pour soutenir leurs positions.
IGOR YASIN, un socialiste gay et membre de Résistance Socialiste, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) en Russie, a été impliqué dans les événement du 27 mai à Moscou, et rapporte : “Les autorités de la ville de Moscou ont formellement interdit la Gay Pride prévue pour le 27 mai et la Cour a confirmé cette interdiction. Une conférence des militants LGTB russes et étrangers à Moscou a discuté longuement de la tactique à appliquer en vue de préparer la Marche. Le conflit principal était : la Gay Pride devait-elle avoir lieu ?
Le nombre assez restreint de militants LGTB russes était indécis et beaucoup d’entre eux étaient visiblement effrayés. Plusieurs proposaient l’idée qu’au lieu de marcher sous le slogan « L’homophobie n’est rien d’autre qu’une partie de la xénophobie », qu’ils devraient donner une pétition aux autorités de Moscou.
Un membre du CIO, Alexei Kozlov, a essayé de convaincre la conférence de participer à un piquet devant le bureau du maire avec des slogans contre la discrimination et pour la défense du droit de s’organiser et de manifester, comme meilleure manière de dénoncer la discrimination à l’encontre des minorités sexuelles.
Mais plusieurs militants étaient plutôt réservés, disant qu’on avait ni besoin « d’actions radicales », ni de « conflits avec les autorités ». Certain d’entre eux disait que nous devons « respecter les décisions des autorités ».
J’ai avancé que, même selon des lois en vigueur, il n’y avait aucune base juridique pour interdire la Gay Pride, ainsi les activistes gays ne devraient pas abandonner avant que le combat n‘ait eu lieu – nous devons exprimer notre position et nous lever contre toute discrimination et pour la défense de nos droits.
Arrive alors le jour du piquet. Il était prévu à 15h00 devant le bureau du bourgmestre. Bien qu’il s’agissait formellement d’un piquet pour la défense des droits démocratiques, ce dernier s’est transformé en action pour la défense des droits des minorités, en solidarité avec les LBGT discriminés.
Les murs du Kremlin
Le 27 mai, vers midi, une conférence de presse a annoncé que certains militants gay déposeraient des fleurs sur la tombe du soldat inconnu devant les murs du Kremlin et participeraient ensuite au piquet devant le bureau du maire. Notre première réaction a été de dire que c’était une erreur. Les gens seraient disséminés sur différents lieux et cela féliciterait le travail des flics pour nous enlever un par un. Et c’est ce qu’il se produit.
Certains furent arrêté pour « avoir essayé de déposer des fleurs » dans le jardin Alexandorskii (devant le Kremlin) là où se plantaient les foules hurlantes de “patriotes” et de fascistes. D’autres ont été arrêtés lorsqu’ils se dirigeaient vers le bureau du maire.
Avant l’heure prévue pour le piquet, la rue a commencé à se remplir de jeunes à l’aspect plutôt sombre se cachant de la pluie dans les ruelles. À côté de eux, les flics bloquaient le chemin du square devant le bureau du maire. Lentement les activistes ont commencé à s’échauffer, avec eux les journalistes et les inévitables représentants de l’organe répressif de l’État.
Notre groupe, qui comprenait les principaux organisateurs et certains militants étrangers est arrivé sur place 5 minutes avant le lancement du piquet.
Aleksei et Dima, les organisateurs officiels, ont été appelé par la police pour « discuter de détails », et nous avons du remballer notre bannière. Je pensait naïvement qu’il me serait possible de distribuer les 500 tracts anti-fascistes que j’avais dans mon sac…
Mais rien à faire! Quand les organisateurs se sont rendus là où la police leur avait demandée d’aller, ils ont été arrêtés. Ceux d’entre nous qui restaient ont été entourés par une foule. Alors un député du parti du “beau parleur” Vladimir Zhirinovsky (Zhirinovsky à récemment réclamé la peine de mort pour les homosexuels!) est monté sur une statue au-dessus de quelques militants pour les droits LGBT et a commencé un discours homophobe et nationaliste.
Les Fachos
La foule de jeunes fascistes a commencé à scander « Mort aux pédés! » et « Renvoyez les tapettes dans les camps de concentration ». Les nôtres se sont alors écriés : « Le fascisme ne passera pas! ». Un de ces idiots a crié vers moi « Ne soit pas stupide, le fascisme a été vaincu en 1945 ! »
Ensuite, les flics ont foncé dans le tas, en arrêtant à nouveau des organisateurs et des participants au piquet tandis que les fascistes les encourageaient avec des cris comme «Longue vie à le Russie !» Les actions de l’extrème-droite et celles de la police semblent avoir été coordonnés. Autrement il est difficile d’expliquer comment les fascistes se sont sentis aussi à l’aise au centre de Moscou ce jour-là.
L’attitude de la Police
Nous avons passé des heures en allez-venues entre le commissariat de police -où les militants ont été enfermés- et l‘Internet Café. Nous avons pourtant repéré des groupes de jeunes fascistes dans le haut des ruelles, dans les passages arqués, dans l’entrée de métro… Comme nous n’avions pas l’air trop gay, ils nous ont ignorés.
Mais un autre camarade qui était dans le commissariat nous a dit qu’il était rempli de skinheads qui semblaient aider la police. Dans un autre poste, 17 personnes étaient retenues dont Alexei, Dima et la fameuse activiste lesbienne Evgenii Debryanskaya. Les gens étaient en état de choc mais tous ont fait ce qu’ils pouvaient. Ils ont été libérés après quatre heures, environ.
Ainsi, malgré qu’une Marche ait bien eu lieu, ce n’était plus une Gay Pride mais une marche de fascistes et de skinheads. Malgré que la communauté gay ait fait un effort pour l’organiser ouvertement, les mass-médias les ont pratiquement ignorés.
Seuls des journaux de l’opposition à petits tirages et la presse réactionnaire a commenté les évènements. Pas un seul parti politique traditionnel n’a dénoncé les discriminations. Même les soi-disant partis « Démocratiques » (nl: néo-libéraux) -que soutiennent beaucoup de LGBT- ont choisi de ne pas commenter les événements ; tout comme ils avaient ignoré les attaques dans des clubs gay par des groupes de fascistes la semaine précédente.
Quelque-uns dits « de gauche » pensent que le fascisme a été vaincu une fois pour toutes par « le peuple soviétique » en 1945. D’autres trouvent la question non pertinente. Mais après ces événements certains d’entre eux ont dû commencer à revoir leur position.
Il n’y a plus de position neutre sur cette question! Quelques jeunes “communistes” se sont vantés sur leur site Web de la façon dont ils ont formé un front commun avec les fascistes contre des homosexuels. Mais d’autres ont été forcés par ces événements à dénoncer ouvertement le nationalisme et à défendre les droits des homos.
Le 27 mai était le premier « coming out » de la communauté LBGT de la Russie en faveur de ses droits. Mais ce n’est qu’un début. De nombreux homosexuels et lesbiennes ont toujours beaucoup d’illusions, peu ont une idée claire de la façon dont ils peuvent s’émancipés.
Notre rôle en tant que socialistes est de prouver que c’est seulement en combattant le capitalisme et sa machine d’État, ainsi que tous les préjudices toxiques qui émergent de ce système et en établissant une nouvelle société basée sur la liberté et l’égalité -une société socialiste-, que ces problèmes seront réglés une fois pour toutes. “