Allemagne : Merkel sur la route de sa réélection

Il faut renforcer Die Linke !

L’Allemagne connaîtra de nouvelles élections législatives le 22 septembre prochain. La chancelière conservatrice Angela Merkel (CDU, chrétiens-démocrates) est bien partie pour être réélue, mais son partenaire de coalition libéral risque de perdre pas mal de plumes. Le parti social-démocrate SPD ne parvient pas à menacer la position électorale de Merkel. A gauche, Die Linke (La Gauche) fait campagne pour limiter la casse électorale depuis les dernières élections. En 2009, ce parti représentait encore 12%, mais il risque de tomber à 7 ou 8%. Le texte ci-dessous est un résumé de la déclaration de notre organisation-sœur allemande, le SAV, qui milite au sein de Die Linke.

Les loyers et les prix de l’énergie s’envolent et, une fois leur salaire dépensé, beaucoup de gens doivent encore tenir le coup une bonne partie du mois. Alors que les travailleurs, les retraités et les chômeurs payent de plus en plus, les banques ont été sauvées avec l’argent des contribuables et des milliards d’euros ont été consacrés à des projets de prestige comme ‘‘Stuttgart 21’’ (une nouvelle gare et un nouveau réseau ferroviaire) ou l’aéroport de Berlin.

Beaucoup d’électeurs trouvent que tous les partis se ressemblent et ne comptent donc pas participer au scrutin. Il est vrai que quelque soit la coalition qui sortira des urnes – noire-jaune (chrétiens-démocrates et libéraux) ou rouge-verte (SPD et Verts) – rien ne changera, la politique restera unilatéralement favorable aux riches et aux grandes entreprises. Après tout, il y a dix ans, c’était une coalition socio-démocrates / Verts qui avait appliqué la batterie d’attaques contre nos conditions de travail et nos salaires que constituaient ‘‘l’Agenda 2010’’ et le plan Hartz IV. Ces mêmes partis, prétendument de gauche, ont conduit l’Allemagne à participer à diverses opérations militaires et ont œuvré à la libéralisation accélérée du secteur financier.

Aujourd’hui, le dirigeant du SPD Peer Steinbrück tente de faire croire qu’il s’est découvert une conscience sociale en parlant de la nécessité de redistribuer les richesses. Si le SPD et les Verts réclament maintenant l’instauration d’un salaire minimum, c’est principalement parce que Die Linke défend cette revendication avec un certain succès, ils ont dû lui emboîter le pas. Mais le SPD, les Verts, les chrétiens-démocrates du CDU/CSU et les libéraux du FDP savent pertinemment que de nouvelles mesures d’économies suivront directement le 22 septembre et s’ajouteront à l’austérité aux niveaux local et régional.

Une députée de Die Linke nous rejoint

“Renforcer le SAV, c’est renforcer la gauche au sein de DIE LINKE”

La députée de Die Linke pour la Basse-Saxe, Heidrun Dittrich, vient de rejoindre Sozialistische Alternative (SAV), notre organisation-sœur en Allemagne. Cela fait suite à toute une période d’intense collaboration au sein de Die Linke et de son courant de gauche, la “Gauche Anticapitaliste’’. En tant qu’élue de notre organisation, elle ne touche que l’équivalent du salaire moyen d’un ouvrier qualifié, le reste étant reversé pour soutenir diverses luttes sociales. Elle ne sera hélas pas réélue en septembre puisqu’elle n’est plus candidate, mais elle restera très impliquée dans la construction de Die Linke et du SAV. Voici ci-dessous une version abrégée de sa déclaration d’adhésion.

Au vu des mouvements de masse qui prennent place sur tous les continents, de l’actuelle absence d’alternative dans l’esprit de nombreuses personnes et de la désillusion face aux partis néolibéraux, la construction de forces socialistes conséquentes est décisive pour montrer une voie de sortie hors de la crise du capitalisme.

Sans cela, des groupes pro-capitalistes ou mêmes fascistes peuvent instrumentaliser la désillusion existante, des mouvements progressistes peuvent tourner à la guerre civile comme en Syrie ou des militaires peuvent prendre le pouvoir comme en Egypte. De tels développements ne peuvent être prévenus que si la classe ouvrière dispose de forces indépendantes qui luttent pour une alternative à une échelle internationale.

J’ai été élue au Parlement allemand sur une liste présentée dans l’Etat fédéral de Basse Saxe en 2009. Je suis d’opinion que notre travail parlementaire doit être premièrement et principalement utilisé, comme Rosa Luxemburg l’avait écrit il y a plus de cent ans, afin d’exposer l’hypocrisie des partis bourgeois, de propager notre alternative politique, de diffuser les revendications des mouvements extra-parlementaires et de renforcer la résistance locale. J’ai toujours été opposée à la conception des positions parlementaires considérées comme un but en soi.

Tout comme les camarades du SAV, je ne pense pas que la crise actuelle est juste une crise des marchés financiers, mais une crise systémique du capitalisme. Cette crise ne pourra pas être résolue par une redistribution des richesses, parce que la force principale au sein du capitalisme est celle de la maximisation du profit. Une solution ne peut être trouvée que dans la socialisation des moyens de production et dans la planification écologique et sociale de l’économie au sein d’une société socialiste. Notre tâche est, à partir des problèmes quotidiens de la population, de montrer une issue socialiste et de construire un pont vers une alternative socialiste.

Afin de fondamentalement changer les relations sociales, nous devons gagner la majorité de la société. Cela ne saurait être possible qu’en stimulant l’entrée en activité militante pour que de plus en plus de gens rentrent en conflit avec le système. Cela ne se fera pas avec des coalitions parlementaires avec des partis bourgeois comme le SPD et les Verts.

Parvenir à un changement nécessite de construire un rapport de force à partir de la base de la société – dans les entreprises, les universités, les écoles et les quartiers. Dans ce cadre, ces élections de septembre revêtent tout de même une certaine importance car elles offrent l’occasion à Die Linke d’être à nouveau – le plus fortement possible – présent au parlement.

Die Linke : Un parti différent ?

Contrairement à l’ensemble des partis de l’establishment, Die Linke défend l’homme de la rue, le chômeur et le retraité, et utilise pour ce faire tant sa position au parlement que des actions en dehors des institutions. Ainsi, Die Linke mène une campagne active pour soutenir le personnel du secteur de la distribution qui revendique des salaires plus élevés et une convention collective de travail décente. Dans le secteur des soins de santé, Die Linke défend la revendication de l’augmentation du personnel et appuie les actions menées par le personnel hospitalier (y compris les grèves, comme à l’hôpital de la Charité à Berlin). Les actions de Blockupy contre la dictature des banques (tenues à Francfort le 1er juin dernier aux abords de la Banque Centrale Européenne) ont pu compter sur la présence active de députés de Die Linke, qui eux aussi ont été arrêtés. Le parti s’est opposé à tout plan de sauvetage des banques, a voté contre la participation des troupes allemandes aux interventions impérialistes – les prétendus ‘‘militants de la paix’’ des Verts ne peuvent pas en dire autant. Lors du débat sur l’utilisation de drones (des bombardiers téléguidés) en Afghanistan, Die Linke a défendu le slogan : ‘‘Investir dans l’aide à l’enfance au lieu de la tuer avec des drones.’’

Die Linke a joué un rôle actif dans la résistance contre les politiques antisociales et a permis de laisser moins d’espace aux forces populistes de droite. Mais tout cela n’est qu’une face du parti de gauche. Certaines forces en son sein veulent rendre le parti plus ‘‘acceptable’’ en vue de collaborer avec le SPD et les Verts. Mais là où Die Linke participe à des coalitions locales, comme dans le Brandebourg, le parti applique la politique d’austérité. A Berlin, dix ans de coalition ‘‘rouge-rouge’’ (SPD/Die Linke) n’ont apporté qu’une succession de mesures antisociales. Certains veulent faire de même au niveau national.

Die Linke n’est pas un parti homogène, mais c’est le seul parti qui s’oppose à la pensée unique néolibérale. Voter pour Die Linke entraîne le renforcement de la résistance contre les prochaines mesures d’austérité du nouveau gouvernement. Die Linke fourmille de partisans d’une opposition combative, avec une participation active de la base du parti.

Pourquoi s’engager ?

La différence ne sera pas faite au Parlement. Il faut frapper les grandes banques et les grosses entreprises là où ça leur fait le plus mal. Le Parlement et le gouvernement ne sont composés que de pantins à leurs ordres, Die Linke doit jouer un rôle actif dans l’organisation de la résistance contre les marionnettistes !

Il nous faut un puissant mouvement de travailleurs, de chômeurs, de jeunes et de retraités, accompagné d’un parti de masse ayant une orientation socialiste pour que la colère puisse forcer l’arrivée de réels changements et faire plier les super-riches. Un tel parti doit s’élever contre le capitalisme et pour une société socialiste démocratique. Des positions parlementaires peuvent être utilisées à cette fin, mais uniquement comme moyen de renforcer les revendications et les luttes concrètes du mouvement social.

Sans une réponse anticapitaliste globale, l’infime élite qui est aujourd’hui la seule à avoir son mot à dire continuera sa politique antisociale faite de destruction sociale et environnementale, le tout saupoudré des mensonges nécessaire pour nous la faire avaler.

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