Schiphol. Des sans-papiers meurent dans un incendie, piégés comme « des rats dans une cage » !

Le centre de détention et d’expulsion a failli au niveau des normes de sécurité.

Elizabeth Bakker, CIO, Amsterdam

Un pompier âgé et fatigué avait les larmes aux yeux, malgré les années d’expérience. Il secoua la tête en disant : « Quelque chose a terriblement mal tourné ce soir ». Un autre secouriste déclarait : « C’était vraiment terrible ; on a dû sortir tous les prisonniers morts de leur cellule. Ils n’ont pas eu la moindre chance. »

Après ce terrible incendie au centre de détention de l’Aéroport International de Schiphol, près d’Amsterdam, 11 corps attendaient d’être transportés à la morgue pour identification. Bon nombre d’entre eux ont été transportés hors des bâtiments sur des civières improvisées, telles que des portes de bâtiments. Le feu, qui se déclara peu après minuit ce 27 octobre, a tué 11 personnes et en a blessé 15.

Le centre de détention est en réalité un centre d’expulsion. Il a été construit pour incarcérer les contrebandiers de drogue (la plupart venant d’Amérique Latine) qui essayent d’introduire de la cocaïne en l’enfermant dans des capsules en plastique qu’ils avalent. Par la suite, il a été employé pour enfermer des immigrés « illégaux ».

Le feu a fait rage pendant trois heures dans environ 12 cellules occupées. Cette prison se compose de préfabriqués. Environ 300 personnes étaient détenues dans ce centre. Une aile entière a été détruite, montrant clairement la mauvaise conception et prouvant que les pompiers ont été appelés trop tard : les cellules ne peuvent être ouvertes uniquement à la main et les couloirs sont très étroits.

L’organisation européenne de protection des détenus, après avoir discuté avec quelques survivants , a conclu « qu’ils étaient pris comme des rats dans une cage ». Il y avait clairement un manque de personnel dans le bâtiment, et ceux qui travaillaient ne connaissaient pas la marche à suivre en cas d’incendie. Un des prisonniers interrogés a indiqué que les gardes ont sous-estimé l’incendie. Quand les prisonniers ont dit qu’ils sentaient de la fumée, les gardes ont refusé de les croire. Le syndicat du secteur public (ABVAKABO) a précisé que les détenus en cellule provisoire courent plus de risques que ceux qui sont dans des prisons « normales ». Il y a moins de gardes et leur formation est moins importante. Le porte-parole des syndicats, Dieter, a déclaré que trois gardes étaient responsables de 43 prisonniers.

Lors des incendies précédents (il y en a eu deux dont un quand le bâtiment n’était pas encore utilisé), les organisations de secours avaient déjà pointé du doigt le fait que les bâtiments ne répondaient pas aux critères de sécurité. Quelques mesures ont été prises après cela, mais elles étaient clairement insuffisantes.

Cette tragédie est une conséquence directe de la manière dont les petits contrebandiers de drogue (souvent désespérément pauvres) et les immigrés « illégaux » sont traités par les gouvernements partout en Europe. La politique de « les enfermer et les renvoyer chez eux » est responsable des conditions de détention du centre d’expulsion de Schiphol. Beaucoup de demandeurs d’asile meurent une fois retournés dans leur pays d’origine. Mais les gouvernements n’en ont que faire. Ce désastre a rendu visible à chacun le destin des immigrés. Beaucoup de Hollandais ouvrent les yeux sur la propagande raciste et anti-immigrés de la plupart des partis politiques et d’une partie des médias et du gouvernement. Pour dévoiler cela, la population hollandaise a manifesté courageusement contre les traitements infligés aux immigrés la nuit après le désastre de la prison de Schiphol.

Les socialistes demandent une enquête indépendante par les syndicats et les organisations de défense des droits des sans-papiers pour cet incendie, mais que celle-ci puisse aussi se faire au niveau de la politique que mène le gouvernement.

Les syndicats et la gauche doivent faire campagne contre les lois racistes concernant l’immigration et les conditions barbares dans lesquelles les immigrés et les demandeurs d’asile sont détenus. La lutte contre la politique du gouvernement hollandais doit continuer et s’intensifier, unifiant les travailleurs de tous les milieux. Un salaire, un logement, un travail décents ainsi qu’une sécurité sociale solide doivent être disponibles pour tous !

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