Plan Marshall. Un plan néo-libéral a t-il des chances de redresser la Wallonie?

Le “plan Marshall” annoncé avec fracas par le PS peut-il vraiment répondre aux attentes de la population? On se rend compte, quand Elio Di Rupo parle de promouvoir “l’initiative individuelle, la prise de risques,… “, qu’il s’agit d’un plan néo-libéral avec son lot de précarité pour les travailleurs. Avec ce plan, le PS se dévoile: exit le langage de gauche pour cacher les reculs sociaux. Les louanges vis-à-vis du plan se font plutôt entendre du côté des libéraux et du patronat,…et pour cause.

Vincent Devaux

Plus d’un milliard d’euros vont être nécessaire pour ce plan étalé sur 4 ans (2006-2009), ce qui ne représente qu’une augmentation annuelle du budget de 5%. Et l’argent n’est pas encore sur la table. Une part provient de la vente d’un tiers des actions d’Arcelor que la Région wallonne possédait encore. Le PS n’a pas de complexe à vendre les richesses de la collectivité ; par ailleurs Van Cau a dernièrement déclaré au nom du désormais sacrosaint ‘pragmatisme’ qu’il n’aurait aucun complexe à vendre au privé la F.N. ou la SONACA, deux entreprises qui appartiennent de la Région wallonne. 180 autres millions vont provenir d’économies faites dans les divers départements de la Région wallonne. Selon Michel Daerden, “il faut mieux utiliser l’argent”, les fonctionnaires vont donc apprendre à se serrer la ceinture. Pour promouvoir le privé, on étrangle le public.

Les financements seront destinés à promouvoir des « pôles de compétitivités », sous forme d’aides à l’investissement, de formations pour ces différents secteurs, d’aides à l’exportation,… Ce qui réjouit des patrons de l’industrie pharmaceutique comme Pfitzer. Mais ce qui laisse quand même les travailleurs de la SONACA (faisant partie d’un de ces pôles de compétitivité, l’aéronautique) dans l’expectative.

Le plan parle de la création de 2.000 emplois dans les secteurs de la petite enfance et de l’accompagnement des personnes âgées, ce qui ne ferait que combler partiellement un retard immense, mais prévoit d’autre part de réduire également le coût du travail et d’exonérer fiscalement les aides à l’investissement et cela dans le cadre de la création de ‘zones franches’. Toujours dans la même veine, il est question de supprimer les taxes communales et provinciales sur la force motrice, sur la superficie,… Bref encore et toujours des cadeaux au patronat.

Entre 150 et 270 millions seraient affectés à la recherche, mais mis à part 5 millions pour la recherche fondamentale, le reste serait alloué à la recherche appliquée (orientée vers les intérêts des entreprises). Si le plan met l’accent sur la formation (200 millions), dans le même temps Marie-Christine Simonet (CDh) veut remettre dans les mains du privé la rénovation et l’entretien des bâtiments scolaires.

Pour Di Rupo, ce train de contre-réformes est une manière commode pour se présenter comme ‘fréquentable’ et ‘responsable’ auprès de la bourgeoisie et des partis traditionnels néerlandophones, indispensable si il veut s’assurer un avenir au niveau fédéral. Mais s’il fait tout pour convaincre le Nord du pays que la Wallonie va se redresser, il n’est pas seul et doit compter avec les récents dérapages; circuit de Francorchamps, vignette automobile pour la Wallonie et scandale de corruption dans les logements sociaux. Il est difficile d’accorder tous les violons au sein de son parti ; non pas qu’il y ait beaucoup de résistances au sein de celui-ci pour une politique néo-libérale, mais plutôt car ce plan touche également aux intérêts particuliers des différentes baronnies, tenants de mandats,…au dépend d’ailleurs de la classe ouvrière.

En augmentant encore plus les inégalités sociales, le PS trahit le rôle émancipateur pour les travailleurs qui devrait être le sien et utilise les méthodes de la bourgeoisie pour prolonger la vie d’un système capitaliste atteint depuis longtemps de sénilité.

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