En Bref…

Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, des cartoons, de petites vidéos,…

Course à droite dans le groupe Rossel…

Le groupe de presse Rossel, c’est Le Soir, mais aussi Sudpresse (La Meuse, La Nouvelle Gazette, La Capitale,…), le Vlan, la Voix du Nord, L’Echo / De Tijd, RTL-TVI, Club RTL, Plug RTL, Bel RTL et Radio Contact. Bref, un monstre des médias. Et dans la bataille de l’austérité, quel est le camp choisi par le groupe? Celui du patronat évidement. Le Soir s’est ainsi fendu de dossiers nauséabons sur les "tabous » que représentent les syndicats et les chômeurs. Quant à la Meuse, elle a publié en première page ce mercredi  »Les femmes ne doivent-elles pas travailler plus longtemps que les hommes? » Et de continuer, toujours en première page, "Comme l’espérance de vie féminine est plus grande, la question de l’âge de départ à la retraite en fonction du sexe pourrait se poser un jour » Voilà une belle logique de cours de récré ! Précisons toutefois que le  »journaliste » n’était pas une femme.


La pension des femmes 23% plus basse…

Alors que La Meuse remet en question l’âge de départ des femmes à la retraite, comme expliqué ci-dessus, des données très intéressantes et pertinentes ont été publiées par l’Institut pour l’égalité des chances concernant la différence entre les hommes et les femmes. L’écart salarial entre les hommes et les femmes dans le secteur privé, observé sur la base du salaire horaire brut, s’élève à 25% chez les employés et 17% chez les ouvriers. L’écart salarial dans le secteur public est beaucoup moins élevé (5% chez les contractuels) et s’explique par le fait que les salaires sont beaucoup plus réglementés dans l’administration. Au niveau des pensions, la différence est en moyenne de 23%, à cause de l’écart salarial mais aussi par des carrières plus irrégulières. Les réformes de Van Quickenborne concernant le crédit-temps pénalisé dans le calcul de la pension va encore plus durement frapper les femmes. Le ministre estime visiblement qu’un écart 23% au niveau de la pension n’est pas suffisant.


Confessions d’un cheminot

Cette semaine, Le Vif a laissé la parole à un agent de la SNCB. Morceaux choisis :  »Pour le moment, ce qui tracasse les collègues, c’est l’augmentation du tarif pour les gens qui achètent leur billet dans le train. Apparemment, à partir d’octobre, ce ne sera plus 3 euros, mais 7 euros de supplément si on paye son ticket à bord. Mettre 7 euros en plus à un voyageur, imaginez… On va recevoir des coups. (…) Un samedi soir, je suis resté trois heures en rade à Floreffe. Caténaire cassée. Une locomotive diesel aurait dû venir secourir mon train. Mais le dispatching m’explique : pas de conducteur, pas de locomotive non plus. J’avais à bord un groupe de jeunes qui devaient se rendre à une mégasoirée à Hasselt. Ils étaient surexcités. J’ai cru que je ne survivrai pas. Toutes les demi-heures, je téléphonais au dispatching pour leur demander s’ils avaient une solution. On me répondait : ah non… Les voyageurs énervés ont compris que je n’en savais pas plus qu’eux. Finalement, Securail a envoyé un bus. C’est typique. Le week-end, il n’y a plus de personnel ni de machines disponibles pour ce genre d’incidents. »

A côté des exemples du sous-investissement, le cheminot a également pointé du doigt les problèmes de gestion :  »A Charleroi, les toilettes du local des accompagnateurs de train sont bouchées. De la pissotière au gros tuyau, ça relève de la SNCB. A partir du gros tuyau, par contre, c’est le holding. Le holding dit : le petit tuyau est bouché, c’est à la SNCB de réparer. La SNCB rétorque : pour réparer, il faut casser le mur, qui appartient au holding. Véridique ! »


Toutes les 3 minutes, un salarié européen meurt à cause de son travail

Laurent Vogel, de l’Institut syndical européen, a récemment accordé une interview au site Bastamag.net au sujet de l’état de santé des travailleurs européens à l’heure des plans d’austérité. Alors que l’âge de départ en retraite est sous pression partout en Europe :  »Nous assistons à une détérioration de la santé au travail sur le long terme. Le problème est moins l’impact immédiat des conditions de travail sur la santé que le cumul des atteintes à la santé dans la durée. Dans le cadre de l’enquête européenne sur les conditions de travail, lorsque l’on demande aux salariés s’ils se sentent capables de travailler jusqu’à l’âge de 60 ans, les réponses négatives sont importantes. Un effet d’usure se manifeste : seulement 44 % des ouvriers non qualifiés pensent ainsi pouvoir tenir le coup jusqu’à 60 ans, et à peine la moitié des ouvriers qualifiés. » En Europe, 460 personnes meurent chaque jour à la suite d’accidents et de maladies liés au travail (168 000 par an selon la Commission des affaires sociales du Parlement européen). selon Laurent Vogel, c’est  »une estimation plutôt basse. »


La stratégie du choc en Grèce, interview de Naomi Klein

Retranscription en français

 »Ce qui se passe actuellement en Grèce, ressemble en quelque sorte à ce qui s’est passé en Corée du sud durant la crise asiatique, dans le sens où il y a eut cette guerre évidente avec la démocratie. La Corée du sud était en pleine période électorale quand le FMI a obligé tous les candidats à la présidence à signer l’accord passé avec le FMI. En réalité le FMI a annulé le sens même des élections.

 »Et peu importe le résultat des élections, l’accord reste inchangé parce qu’ ils redoutaient que celui qui négocie avec le FMI, n’aura pas une grande influence politique pour imposer l’accord et perdra les élections.

 »C’est le moment ou le masque tombe complétement et où le système des marchés est en guerre avec la démocratie. Les projets du néolibéralisme sont de discréditer la démocratie et de faire en sorte que les élections deviennent une course au candidat le plus populaire. Les marchés veulent de la sécurité. La sécurité que les élections n’amènent aucun changement au statu quo des affaires.

 »Et il y a beaucoup de mécanismes pour assurer ce statu quo. La soit-disant indépendance de la banque centrale est un de ces mécanismes avec lequel ils disent : « les hommes politiques ne peuvent pas toucher à nos jouets ».

 »Dans « la Stratégie du Choc » je raconte que c’est ce qui s’est passé au Chili durant la période transitoire vers la démocratie. La fin de la dictature de Pinochet est survenue comme le régime Pinochet l’a voulue. C’était une transition contrôlée. Les « Chicago boys » (groupe d’économistes qui ont travaillé avec Pinochet) disaient ouvertement qu’ils allaient réinventer le sens, la définition de la démocratie, vers une démocratie technocratique.

 »Dans la réalité il s’agit d’une démocratie où l’économie est hors d’atteinte des politiques. Ils ont utilisé des mécanismes constitutionnels, de sorte que tout changement des règles du jeu économique devienne impossible ou illégal. Les programmes de restructuration sont une des manières d’atteindre leurs buts. Les accords du libre échange en est une autre.

 »Il y a plusieurs manières de raconter l’histoire du néolibéralisme, comme l’histoire du « comment lier les mains de la démocratie », de sorte qu’elle ne puisse pas inciter le pouvoir à changer l’économie.

 »La Grèce est considérée comme une nation peuplée d’enfants à qui il faut retirer des mains les clés de la voiture. »

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