La meilleure manière de mettre fin à la panique et de permettre à chaque personne de se déplacer en toute sécurité est d’assurer le dépistage systématique de la population. L’efficacité de cette approche a déjà été démontrée dans divers pays, mais pour que ce potentiel soit pleinement saisi, il faut en planifier l’application à une échelle globale. Alors que la période où l’on contamine le plus autour de soi est celle qui précède l’apparition des symptômes, même le personnel soignant n’est toujours pas dépisté ! La communauté scientifique a sonné l’alarme pendant deux mois, mais rien n’a été fait pour anticiper des tests massifs en Belgique. Cette négligence est criminelle.
- Ceci est une partie du programme plus global du PSL face à la crise du coronavirus auquel vous pouvez accéder en cliquant ici.
L’élaboration d’un plan public de dépistage systématique et à plusieurs reprises s’impose, avec l’isolement des personnes positives et la mise en quarantaine des personnes avec lesquelles elles ont été en contact. Ce plan de dépistage public doit commencer par le personnel toujours en activité : personnel soignant, des maisons de repos, de l’alimentation, travailleurs sociaux en contact avec les sans-abris et les sans-papiers,… Aucun lieu de travail ne doit être remis en activité sans qu’un dépistage soit assuré pour tout le personnel. Dans les écoles, ce dépistage doit être également assuré pour tous les élèves. C’est la seule façon d’éviter la discorde entre ceux qui veulent rouvrir ces écoles dans l’intérêt des enfants (ou parce que la prise en charge à domicile est trop lourde) et ceux qui ne veulent pas le faire par inquiétude légitime.
Cela exige évidemment de disposer de suffisamment de tests. Pour parvenir à cet objectif, le libre marché et la propriété privée des moyens de production est un obstacle majeur. Des entreprises refusent de divulguer la recette de composants pour des tests, à l’image de la société Roche Diagnostics, afin de préserver leurs profits, même en temps de grave crise sanitaire. Il en va de même pour le gel hydro-alcoolique, les masques, les vêtements de protection, les appareils respirateurs,…
Des stocks existent pourtant dans différentes entreprises privées du pays, très certainement dans le secteur chimique. D’autre part, la réorientation de l’activité de multiples entreprises est possible pour faire face à la pénurie. Des entreprises comme Safran Aeroboosters (ex-Techspace aéro), la Sonaca et la FN Herstal se sont par exemple mises à la fabrication, limitée, de respirateurs et de pièces de rechange.
Tout le matériel qui peut servir les efforts du personnel soignant doit être réquisitionné sans délai. De la même manière, les usines dont la production peut être réorientée pour sécuriser l’approvisionnement des hôpitaux doivent être réquisitionnées dans un plan de confection massif de matériel. Nous ne pouvons pas laisser les décisions à ce sujet à la discrétion des patrons. Personne ne sait mieux que les travailleurs quelles sont les ressources disponibles et comment la production peut être adaptée aux besoins d’aujourd’hui. Les représentants du mouvement des travailleurs, les délégations syndicales, doivent être mandatés pour révéler les stocks cachés dans les entreprises et garantir leur réquisition immédiate ! Ceux qui refuseraient de s’y plier devraient être démis de leurs fonctions et poursuivis en justice.
Sur ce plan, la faillite des autorités est à deux niveaux. Tout d’abord, la politique d’austérité a laissé le pays dans une situation d’impréparation totale et meurtrière. Pensons à ces 6 millions de masques FFP2 détruits en 2019 et dont le stock n’a pas été renouvelé ! Ensuite, les autorités se sont révélées incapables d’assurer la réorganisation de la production pour faire face à l’épidémie. Il ne faut pas y voir de l’incompétence, mais simplement le respect de la logique du marché libre capitaliste.
Nous exigeons :
- L’élaboration d’urgence d’un plan public qui assure le dépistage systématique et à plusieurs reprises de toute la population, y compris les sans-abris et les sans-papiers, en commençant par les travailleurs des lieux de travail essentiels encore en activité.
- La saisie immédiate des réserves de matériels qui font défaut dans la lutte contre le coronavirus, sans achat ni indemnisation à l’exception des cas où l’entreprise démontre, en présentant sa comptabilité, qu’une indemnisation est nécessaire pour éviter la faillite et après approbation des représentants des travailleurs de l’entreprise en question.
- Les meilleurs outils dont nous disposons pour faire l’état des lieux de ce qui est caché dans les réserves des entreprises, ce sont les ce sont les travailleurs et leurs représentants, les délégations syndicales. Une campagne à cette fin doit être lancée par les organisations syndicales.
- L’ouverture de la comptabilité des entreprises, en premier lieu à leurs travailleurs ainsi qu’aux experts externes de ces derniers, afin de juger de la pertinence on non d’une indemnisation.
- La réquisition des usines dont les lignes de production peuvent être réorientées pour fabriquer massivement : masque, gel hydroalcoolique, bouteilles d’oxygènes, masques et cordons respiratoires, etc.
- L’expropriation et la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs et de la collectivité des entreprises qui spéculent sur le matériel médical ou qui profitent de la crise pour augmenter leurs prix.