C’est par la lutte que nous leur présenterons la note
Au moment où, dans la plupart des pays européens, d’importantes économies sont réalisées, se pose la question de la justesse de ces attaques contre nos salaires, nos pensions et nos allocations sociales. Les travailleurs se sont déjà serrés la ceinture ces 30 dernières années, depuis le début des contre-réformes néolibérales plus précisément. Pendant ce temps, les revenus des riches ont augmenté de façon exponentielle.
Par Peter Delsing
L’impasse économique du capitalisme menace le consensus idéologique sur le marché libre et conduit à une résistance massive. C’est dans ce contexte que nous assistons à de soudaines poussées de ‘‘générosité’’ de la part de milliardaires tels que Warren Buffet (troisième fortune mondiale). Il a bien vite été suivi par un certain nombre de superriches à travers le monde qui, eux aussi, ont estimé qu’ils payaient trop peu d’impôts. En Belgique, le millionnaire Etienne Davignon a suivi le mouvement, avec un peu de retard. C’est amusant de voir qu’alors que nous avons dû attendre 30 ans pour cela, ces déclarations coïncident avec la plus grande “crise systémique” en 80 années !
Entre 1970 et 2007, ce que nous produisons chaque année en Belgique a augmenté de 140%. Cela a donc plus que doublé. Mais au lieu de donner une vie décente à chacun – ce qui est parfaitement possible – la pauvreté a triplé depuis les années ‘80 (pour atteindre 15%). Aujourd’hui, une famille a besoin de deux salaires pour faire face à l’augmentation du coût de la vie. Bref, la croissance de la richesse s’est principalement écoulée vers un club de riches. En Belgique, 10% de la population possède plus de 50% des moyens.
Pour accompagner de lourdes économies, le PS veut aujourd’hui imposer à hauteur de 0,5% les fortunes de plus de 1,25 million d’euros. Le PSL est favorable à chaque mesure vers une plus juste répartition des richesses, mais pas en brisant nos services publics et notre pouvoir d’achat… Il est illusoire de penser qu’une majeure redistribution des richesses puisse réussir sans lutte massive des travailleurs et des jeunes, et sans toucher aux vaches sacrées du capitalisme.
Aujourd’hui, les revenus du travail composent plus de 50% des recettes fiscales belges, tandis que les taxes sur l’alimentation représentent encore 7,3% du total. Le secret bancaire doit être complètement aboli afin de pouvoir connaître ce que représentent les revenus et les fortunes des plus riches. Ce sont des sommes énormes: la richesse financière sur les comptes d’épargne (200 milliards d’euros en mars 2011), les actions et obligations, etc. dépassent le double de ce que nous produisons annuellement dans le pays. Les grandes banques doivent être retirées des mains des actionnaires privés et de leurs gestionnaires pour avoir un suivi réel de ces avoirs.
Mais comment les travailleurs et leurs familles peuvent-ils laisser le contrôle de ces institutions aux mains de l’Etat actuel ? Le même Etat capitaliste qui désorganise consciemment le contrôle des impôts sur les entreprises et donne année après année de gigantesques cadeaux fiscaux aux multinationales et aux super-riches? Avec la déduction des intérêts notionnels et autres mesures fiscales, plusieurs grandes entreprises paient moins d’impôts qu’un travailleur de base.
Si les entreprises avaient payé en 2009 un impôt effectif similaire à celui de 2001 (19,9% au lieu de 11,8%), selon la CSC, cela aurait permis de récolter 7,6 milliards d’euros de plus. Et si elles avaient payé ce qu’elles devraient normalement payer (un taux de 33,99%), c’est 20 milliards d’euros supplémentaires qui auraient été perçus, un montant quasi identique à la grande opération d’austérité qui se prépare. Imposer les sociétés à hauteur des plus haut taux d’imposition sur les personnes physiques (52% et 55%) engrangerait à nouveau 6 milliards. La lutte contre la fraude fiscale rapporterait quant à elle entre 6 et 30 milliards d’euros (selon les diverses estimations)… En 2009, les entreprises avaient réalisé 93,3 milliards d’euros de bénéfice en Belgique.
Opposons à ces déclarations hypocrites un véritable contrôle démocratique des ressources de la société: une économie démocratiquement planifiée sous le contrôle des travailleurs et de leurs familles.