France : Construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !

Depuis le début de la crise économique en 2008, en France, comme partout en Europe, le gouvernement n’a qu’un seul objectif : faire payer la crise aux jeunes et aux travailleurs pour maintenir les profits des patrons. Ainsi Sarkozy et son gouvernement alternent lois antisociales et mesures et discours racistes. De la casse de l’éducation (100 000 postes supprimés entre 2007 et 2012), aux licenciements en passant par la privatisation de la Santé, rien ne nous est épargné.

Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

En 2009, on a vu se multiplier des luttes isolées contre des licenciements, pour de meilleurs salaires ou encore pour des primes de départs plus élevés pour lors de fermetures d’entreprises ou de plans de licenciements.

Allonger le nombre d’années de cotisation à 41,5 ans, repousser l’âge de départ à 62 ans, et l’âge pour une pension complète à 67 ans : l’attaque du régime des retraites est une des grandes réformes prévues dans le plan d’austérité de Sarkozy . Et c’est évidemment les femmes, et plus tard les jeunes, qui vont le plus subir les effets de cette réforme. Les précédentes réformes ont amené une chute générale de 20% du niveau des pensions sans parler du fait qu’en travaillant plus longtemps, l’espérance de vie des travailleurs va diminuer. En même temps, Woerth, ministre du Travail, en charge de casser les retraites, fait scandale dans l’affaire de corruption avec la patronne de l’Oréal, Bettencourt (qui détient une fortune de 22 milliards d’euro quand on sait que le déficit de la Sécurité sociale, dont la caisse des retraites fait partie, est de 25 milliards d’euros…). La collusion ainsi révélée entre le parti présidentiel et les grandes fortunes a alimenté la colère des travailleurs et de la population contre la politique du gouvernement et contre Sarkozy en particulier.

Une colère qui demande à s’exprimer dans la lutte

Pour beaucoup, la réforme signifie une pension très réduite, et pour les jeunes, un marché du travail encore moins ouvert puisque les travailleurs partiront plus tard en retraite. Des milliards sortis de nos poches offerts en cadeaux aux riches et aux capitalistes, et un but pour eux : avancer pas à pas vers un système de retraites privées.

Depuis mai 2010, les journées de mobilisation réunissant les travailleurs du secteur privé comme ceux du public se sont multipliées. Le 24 juin c’est la première fois qu’un appel à la grève aussi tardif a réuni autant de travailleurs dans les rues, des millions ont manifesté exigeant que la lutte continue en septembre. Durant tous l’été, les militants ont mobilisé de façon intensive pour le 7 septembre, la nouvelle journée de grève posée. Bien que très tôt après la rentrée on pouvait compter 2.5 millions de manifestants. Dans de nombreuses villes on n’avait pas vu un tel niveau de mobilisation depuis 1995.

Suite à cette journée les directions syndicales, poussées par la base qui ne voulait pas en rester là, appellent à une nouvelle journée le 23 septembre. De nouveau la mobilisation est massive, on atteint les 3 millions. Les militants syndicaux et les travailleurs poussent de plus en plus leur direction à appeler à un mouvement plus fort qui s’inscrive dans la durée. Les dirigeants syndicaux ont donc été obligés d’appeler, en même temps qu’une manifestation le samedi 2 octobre, à une nouvelle journée de grève le 12. La journée de samedi loin de marquer l’essoufflement du mouvement montre une réelle colère de l’ensemble de la population. De nombreuses personnes peu habituées à battre les pavés sont sorties dans la rue ce jour là pour montrer leur colère. Il faut continuer à élargir le mouvement, c’est par une lutte de masse qu’on gagnera.

Discours racistes, lois sécuritaires, précarité, bas salaires, licenciements, privatisations… C’est toute la politique de Sarkozy et des capitalistes qu’il faut stopper ! C’est maintenant, Il faut y aller ! Construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !

Un mouvement de fond

Certains secteurs se sont saisi de la journée du 12 octobre pour aller plus loin et tenter d’impulser une grève illimitée. C’est cela qu’il faut faire. Des appels dans ce sens se multiplient : cheminots, dockers, pétrochimie, mines, énergie… Ce sont soit plusieurs syndicats de ces secteurs, soit la CGT seule. Il y a également la multiplication d’initiatives locales ou d’entreprises, qui peuvent jouer un rôle important. L’annonce de l’appel à grève reconductible de la CGT et de SUD dans les raffineries du groupe Total a par exemple poussé la CGT du secteur pétrochimique à se prononcer elle aussi pour la grève reconductible. La ville de Marseille (et le département des Bouches du Rhône dont elle fait partie) a joué depuis le début le rôle de fer de lance, et on compte pas moins de 230 appels à la grève reconductible dans le département, depuis les travailleurs municipaux jusqu’aux marins. A Paris, plusieurs syndicats de la Poste, par exemple, ont également appelé à une grève reconductible. A Rouen, le syndicat CGT des transport en commun a déposé un préavis de grève du 12 octobre au 30 novembre.

Les retraites mais également la situation générale, aggravée par la crise

La question retraite est l’élément unifiant mais c’est la politique globale de Sarkozy qui est contesté. Dans un sondage, 71 % répondaient qu’ils étaient contre la réforme des retraite et 74 % contre la politique de Sarkozy. Ce sentiment anti Sarkozy est très fort dans la jeunesse et de plus en plus les lycéens et les étudiants se joignent aux grèves et manifestations.

Il y a un ras-le-bol global et de nombreux travailleurs se radicalisent. Beaucoup de luttes locales se déclenchent sur des questions de conditions de travail ou de salaires ou contre d’autres attaques du gouvernement. Les employés des deux ports pétroliers près de Marseille sont en grève depuis 15 jours contre la réforme des ports qui va conduire à une dégradation des conditions de travail, avec la perspective d’un mouvement plus long à la prochaine journée de grève touchant l’ensemble des activités portuaires. Dans de nombreux bureaux de poste, centre de tri ou de distribution postale, des grèves locales ont éclaté.

Il reste incertain de savoir si le secteur privé est en mesure de faire une grève reconductible. Les retraites sont une question aussi importante que les conditions de travail ou les salaires. Néanmoins, les cortèges des entreprises du privé étaient en croissance le 23 septembre par rapport au 7. Et parfois, des grèves éclatent dans des entreprises où des travailleurs se mettent en grève pour la première fois. Des commerciaux d’Educatel (une entreprise donnant des cours par correspondance), par exemple, en sont à leur 42ème jour de grève. 2500 ouvriers du secteur automobile ont envahi le « Mondial de l’auto », on pouvait lire, entre autre, « Michelin champion du monde des fermetures d’usines ».

Quelles perspectives ?

Le gouvernement n’a fait que de maigres concessions, et a annoncé refuser d’en faire plus. Certaines mères de trois enfants et certains parents d’enfants handicapés bénéficieraient d’une retraite sans décote maintenue à 65 ans. En effet, Les femmes parties en retraite dernièrement avaient toujours 5 annuités de moins que les hommes ! 5 annuités manquantes entraînent une décote de 25% ! Sachant que le calcul de la pension est fait au prorata entre carrière réalisée et exigée et avec 2 ans de plus à faire ! Pas de doute, la réforme aggrave les conditions des femmes à l’âge de la retraite.

Malgré la situation explosive, les perspectives restent confuses et l’absence de réelle volonté des directions syndicales de construire une véritable grève générale pèse négativement. La colère sociale, le sentiment anti-Sarkozy ont une tendance à se généraliser mais sans pour l’instant trouver de voie nette pour s’exprimer sur le terrain social et politique. Parmi les nombreux travailleurs et travailleuses qui veulent lutter, tout le monde n’en est pas au même point de discussion sur les moyens de lutter et de gagner.

Les freins bureaucratiques restent nombreux dans les syndicats même si le calendrier syndical a permis une mobilisation constante car la colère est très élevée. A chaque mobilisation, ça a répondu présent, mais il manque un plan d’action, une stratégie claire discutée entre tous ceux qui font grève et luttent pour monter d’un cran.

Ne pas rester dans son coin, généraliser la grève

Évidemment, un recul sur ce sujet serait un signal à toute l’Europe, celle des capitalistes comme la classe ouvrière européenne, qu’une défaite européenne des politiques néolibérales est possible. La droite, qui est extrêmement divisée et craint une grève générale massive et illimitée, serre les rangs. Pour l’instant, seule une généralisation de la grève après le 12 Octobre (y compris en utilisant la nouvelle date annoncée par les syndicats d’une journée de manifestation… le samedi 16 octobre) peut permettre d’avancer. La multiplication des assemblées générales, des comités de lutte doit permettre d’aller dans ce sens et de se diriger vers les entreprises qui ne sont pas encore en grève mais qui pourraient y entrer. C’est à cela qu’il faut travailler tous ensemble : dans les entreprises, les universités, les lycées… Il faut également créer des instruments pour coordonner les luttes au niveau local et plus tard à l’échelle régionale et nationale.

Le coeur du problème reste l’absence d’une perspective politique, d’une alternative socialiste au capitalisme et d’un parti de masse des travailleurs et des jeunes qui porte celle-ci. Le mouvement actuel pose les base d’une période sociale et politique agitée, qui va être riche de luttes, de discussions politiques sur l’alternative à Sarkozy et au capitalisme. Chaque jour nous montre un peu plus que le gouvernement travaille pour les intérêts des capitalistes.

Si le mouvement continue, si la grève s’étend et se généralise, la question de virer Sarkozy et son gouvernement se posera. Pas question d’attendre 2012 et une nouvelle gauche plurielle. Nos intérêts, ceux des travailleurs, des jeunes et de la majorité de la population ne sont défendus que par nos luttes. Un gouvernement qui voudrait réellement en finir avec ces politiques devra être celui des travailleurs et de la population, issu des comités, des coordinations de nos luttes, un gouvernement des travailleurs eux mêmes et de leurs organisations syndicales et politiques, indépendant des politiques capitalistes. Un mouvement de longue durée doit permettre de débattre et de décider ensemble des pas concrets pour la lutte et aussi de la perspective de la révolution socialiste pour en finir avec le capitalisme. C’est pour cela que la Gauche révolutionnaire se bat, section française du Comité pour une internationale ouvrière, et courant au sein du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). N’hésitez pas à en discuter avec nous !

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai