Sarko et co : Racisme, corruption, crise et lutte des classes

‘‘Ne jamais faire confiance à un animal blessé’’, voilà un dicton qui illustre merveilleusement les derniers actes du gouvernement Sarkozy. La situation actuelle du capitalisme français, caractérisée par une combinaison explosive de crises, a poussé la classe dirigeante à recourir à la vieille arme du racisme.

Par Cédric Gérôme, CIO

Depuis la fin-juillet se développe une féroce chasse aux sorcières contre les Roms, entre autres mesures répressives et racistes. Entre autres propositions du gouvernement, on trouve le retrait de la nationalité française à des personnes d’origine étrangère qui ont commis des actes criminels. Ce n’est qu’une tentative désespérée de détourner l’attention des nombreux problèmes accumulés par des années de politique en faveur des capitalistes, et surtout, d’essayer de briser les luttes de classes cruciales à venir. La clique politique au pouvoir a été secouée par une succession de scandales contribuant à faire chuter le soutien à Sarkozy dans la société à des niveaux record, dans un contexte de crise économique. Le déficit budgétaire approche des 8% du PIB, et le réduire sous les 3% comme le prévoit le gouvernement impliquerait d’arracher 100 milliards d’euros des poches des travailleurs en 3 ans. La classe dirigeante française n’a jamais rien fait de tel de toute son histoire…

Selon le Pôle Emploi, l’année 2009 a été la pire depuis la 2e guerre mondiale : 256.100 emplois ont été détruits et 168.200 dans le seul secteur industriel. C’est comme si une usine de 700 ouvriers fermait chaque jour… tandis que les profits des grandes entreprises françaises ont évolué en sens inverse. Les profits de 28 des 40 plus grandes entreprises françaises ont augmenté de 2,5 fois durant le premier semestre 2010 par rapport à la même période l’an dernier. Ce montant spectaculaire de profits a principalement été généré sur base d’une réduction massive de l’emploi industriel et de la super exploitation des travailleurs restants, combiné à des aides de l’Etat au secteur financier.

La nouvelle guerre contre l’insécurité – Diviser pour mieux régner

Dans un discours à Grenoble fin juillet, le président a annoncé qu’il mènerait “une guerre nationale” contre le crime, tout en annonçant de nouvelles mesures visant principalement les immigrés. La déclaration du Ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, “français ou voyou, vous devez choisir” (en d’autres termes : vous êtes français, ou vous êtes un voyou…et donc un immigré) résume la nouvelle ‘politique’ du gouvernement français faite d’attaques contre les Roms ou encore de quotas d’expulsions d’immigrés.

Par la suite, le FN s’est vite manifesté pour indiquer que : “le nouveau ton du Président de la République et de son administration a seulement un mérite: il apporte une confirmation officielle du caractère criminel d’une certaine immigration, une vérité pour laquelle le Front National a été persécuté pendant trois décennies.” Si une résistance ouvrière claire et un parti pour l’organiser ne sont pas construits dans la période à venir pour battre Sarkozy, il y a un risque réel que la seule ‘opposition’ tirant avantage de cette désaffection générale et de la propagande raciste du gouvernement soit l’extrême-droite elle-même.

Même si ce n’est pas à la même échelle, les mesures racistes initiées par le gouvernement sont des réminiscences du régime de Vichy et de l’occupation nazie pendant la seconde guerre mondiale. Des mesures spécifiques qui traitent des communautés particulières comme des citoyens de seconde classe étaient aussi des éléments de la politique du régime français pendant la guerre d’Algérie, illustrée par le tristement célèbre massacre de centaines de militants du FLN par la police parisienne en octobre 1961, alors qu’ils manifestaient pacifiquement contre un couvre-feu imposé sur les « travailleurs musulmans algériens », les « musulmans français » et les « musulmans français d’Algérie ».

Alors qu’il prétend combattre les délinquants et les criminels, Sarkozy protège les vrais voyous ; les grands qui contrôlent l’économie et concentrent entre leurs mains une partie grandissante des richesses. Ces derniers poussent des pans entiers de la société vers la privation sociale et conduisent les secteurs les plus aliénés de la population vers les activités criminelles et la délinquance.

Classe ouvrière et résistance

L’appel à une « guerre nationale contre l’insécurité » n’est rien d’autre qu’une tentative clairement affichée de semer les graines du racisme dans les rangs de la classe ouvrière et une manœuvre de diversion destinée à éclipser les batailles sociales qui vont avoir lieu dans la toute prochaine période. Ce dernier point est démontré par le fait que le gouvernement a décidé de présenter son projet de loi sur la « sécurité nationale » devant le Sénat le 7 septembre, c’est à dire le jour où les syndicats avaient décidé d’une journée d’action et de grèves nationale contre la réforme des retraites. Le 4 septembre déjà, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté contre les mesures racistes du gouvernement et, le 7 septembre, plus de 2,5 millions de personnes sont descendues dans les rues pour défendre les fins de carrière.

La classe ouvrière en France, ce «pays traditionnellement anticapitaliste», comme l’a commenté récemment le journal anglais le Guardian, pourrait potentiellement mettre ce gouvernement pourri à genoux, si elle a à sa tête une direction déterminée, capable de donner confiance à la masse de la population et dépasser les limites imposées par le conservatisme des dirigeants syndicaux.

La construction d’un parti qui intervienne constamment dans la lutte des classes, sur les lieux de travail et dans les syndicats, en défendant un clair programme pour une transformation socialiste de la société est une tâche primordiale. Les luttes qui vont se développer offriront énormément d’opportunités pour la mener à bien et les membres de la Gauche Révolutionnaire (section française du CIO et courant construisant le Nouveau Parti Anticapitaliste), mettront toutes leurs forces pour aider à ce processus, dans les grandes confrontations qui vont certainement exploser dans la prochaine période.

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