Grèce : Entretien avec Andreas Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)

Des millions de travailleurs ont bloqué la Grèce ce 29 juin, alors que le Parlement discutait des réformes concernant les retraites et la législation sociale. Il est question de diminutions des retraites, de recul de l’âge d’accès à la retraite et les patrons pourront licencier plus facilement. Ces mesures d’austérité suivent des diminutions salariales importantes pour les fonctionnaires, une augmentation des impôts et une augmentation de la TVA de 19 jusqu’à 23%. Le gouvernement du PASOK (équivalent grec du PS) veut aussi privatiser les services publics.

Les travailleurs Grecques ripostent avec six grèves générales en quelques mois.

Andreas affirmait ‘La grève générale était solide. Toutes les confédérations syndicales du secteur privé et du public ont appelé à la grève, ainsi que la confédération des petites entreprises (qui a même mené campagne et produit des affiches). L’ensemble du pays était paralysé pendant cette sixième grève générale contre les plans d’austérité du gouvernement.

Environ 20.000 personnes ont participé à la plus grande manifestation, à Athènes, et encore 10.000 à celle organisée par les syndicats liés au Parti Communiste (qui manifeste toujours séparément du reste des travailleurs). C’était une illustration importante de la colère des travailleurs, mais la manifestation était plus petite que celle de mai où plus de 200.000 manifestants avaient occupé les rues d’Athènes.


A lire également:

Les camarades de Xekinima (CIO-Grèce) avaient leur propre contingent dans la manifestation, ont vendu leur journal et ont distribué des milliers de tracts qui résumaient la phase actuelle de la résistance. Comme propositions : arrêt du paiement des dettes, opposition aux diktats du FMI, de la Banque Centrale Européenne et du gouvernement du PASOK, la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’industrie sous contrôle et gestion des travailleurs ainsi qu’un appel aux travailleurs de se joindre à la lutte pour une société socialiste.

Partout en Grèce, des grèves importantes touchent plusieurs secteurs de façon permanente. Presque chaque jour, des grèves et des manifestations se déroulent à Athènes et dans d’autres villes. Les travailleurs des hôpitaux, les enseignants, les journalistes, les dockers, les conducteurs de bus, de tram, de métro et de train, les électriciens, les postiers, les employés des municipalités, les épiciers, les retraités et même des sections de l’armée se sont mobilisés ces dernières semaines.

Les travailleurs sont en colère contre les attaques du gouvernement du PASOK. Ils pensent qu’il est nécessaire de faire grève maintenant, même s’il n’y a aucune perspective immédiate que les attaques peuvent être stoppées. Beaucoup de travailleurs disent ‘on sera de retour en septembre!’ indiquant ainsi qu’ils ne peuvent pas gagner cette manche de la lutte, mais qu’ils considèrent l’automne comme le début d’une nouvelle phase de résistance contre les plans d’austérité.

Les jeunes n’ont pas encore rejoint le mouvement, partiellement à cause d’une certaine désillusion après les luttes des jeunes et des étudiants menées ces dernières années, qui n’ont pas été couronnées de victoire. Actuellement, beaucoup d’étudiants sont en examen. Le secteur de l’éducation, très volatile mais possédant des traditions de lutte militantes, pourrait se mobiliser à l’automne.

Colère contre les privatisations

Les dirigeants syndicaux utilisent une phraséologie militante pour attaquer le gouvernement, le FMI et la Banque Centrale Européenne, mais ils ne font rien de plus. Dans certains cas, les dirigeants agissent pour éviter que des modes d’action plus radicaux se répandent. Ainsi, il y a eu un ‘sit-in’ des travailleurs des hôpitaux, qui s’est vite répandu d’un hôpital à l’autre, touchant environ 30 d’entre eux. Les membres de Xekinima ont joué un rôle d’initiateur dans cette action, mais elle a été sabotée par des dirigeants syndicaux proches du PASOK.

La colère parmi les travailleurs contre les privatisations est énorme. Les électriciens ont récemment occupé les bureaux de leurs patrons pour 48 heures et 3.000 d’entre eux ont marché vers le Parlement pour protester contre la privatisation du secteur. Le président du syndicat des électriciens a publiquement affirmé que si le gouvernement voulait faire passer la privatisation, il allait devoir arrêter et emprisonner chaque membre de la direction de ce syndicat pourtant proche du PASOK. Même s’il y a toujours une différence entre les paroles et les actes, c’est une illustration d’un état d’esprit généralisé.

La gauche a face à elle une opportunité d’agrandir son influence pendant ces mois de mouvement de masse. Mais Syriza, l’alliance dans laquelle Xekinima est impliquée, ne met pas en avant un programme clairement socialiste, même après la démission des dirigeants de droite de Synaspismos, le plus grand parti de l’alliance. Les militants de Xekinima luttent pour un programme plus concret pour cette coalition, incluant la revendication de l’annulation de la dette.

La gauche – Syriza, le Parti Communiste grec (KKE) et d’autres forces de la gauche radicale – ont une influence importante en Grèce. Ils ont la possibilité de construire un front unitaire contre le sectarisme et le séparatisme traditionnel de la gauche en Grèce, tout en développant un programme socialiste en tant qu’alternative aux attaques drastiques du gouvernement. Ils ont le devoir d’agir maintenant, pendants ces mois d’été de canicule, et de préparer un automne qui, en termes de classe, sera encore plus chaud.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai