Allemagne : 45.000 manifestants contre le programme d’austérité

5 jours seulement après l’annonce du plan d’austérité par la coalition conservateurs-libéraux en Allemagne, 45.000 travailleurs, chômeurs et jeunes ont occupé les rues de Berlin et de Stuttgart pour dire : nous n’allons pas payer pour votre crise !

Sascha Stanicic, Sozialistische Alternative (SAV, CIO-Allemagne)

Le plan du gouvernement d’Angela Merkel est de couper 80 milliards d’euros d’ici 2014 – principalement dans les dépenses sociales et la destruction d’emplois dans le secteur public. Selon un sondage d’opinion, 79 % de la population pensent que ce plan est inégal et injuste. Le Grand Capital et les supers riches ont obtenu des cadeaux fiscaux au début de cette année et ils n’ont même pas dû les reverser. C’est l’une des raisons qui explique l’impopularité croissante du gouvernement Merkel ainsi que les tensions au sein de sa coalition. Les sondages d’opinion démontrent que le soutien au gouvernement est largement descendu sous les 40%.

Les manifestations, prévues depuis quelques mois déjà, avaient été appelées par une coalition large rassemblant Die Linke (un nouveau parti large à la gauche des sociaux-démocrates), le syndicat du secteur public ver.di ainsi que d’autres syndicats, les mouvements sociaux et les groupes de gauche. Sozialistische Alternative (SAV), la section allemande du CIO, est membre de cette coalition et a par exemple imprimé des milliers d’affiches, de tracts et d’autocollants pour aider à mobiliser. Cependant, les directions syndicales n’ont pas fait grand-chose, certains syndicats n’ont d’ailleurs même pas soutenu les manifestations. Voilà comment le potentiel pour une protestation de masse contre le programme d’austérité n’a pas été saisi. Mais 45.000 personnes, c’est tout de même un bon début, et cela pourrait constituer une ouverture pour un automne chaud dans la plus grande puissance capitaliste européenne.

La manifestation de Berlin était dominée par des slogans anticapitalistes, ce qui illustre la radicalisation croissante parmi une couche de jeunes et de chômeurs. Die Linke avait une délégation relativement importante, avec environ 2.000 participants, et ce malgré une campagne de mobilisation limitée. Cela reflète le potentiel qui est présent pour Die Linke si la direction du parti met toute son énergie dans la construction d’un mouvement de protestation conséquent dans la rue. Mais l’orientation politique des dirigeants de Die Linke a été clarifiée par le discours de Gesine Lötzsch, nouvelle porte-parole du parti. Après avoir parlé des revendications du parti pour une plus grande taxation des riches et contre les coupes dans les budgets sociaux, elle a appelé les gens à continuer les protestations mais “par-dessus tout (!) à se souvenir de qui était à leur côté pour les prochaines élections” – ce que beaucoup de manifestants n’ont pas apprécié.

Parmi les orateurs, il y avait également le syndicaliste socialiste Mustafa Efe, de l’usine berlinoise de Daimler. Il est l’organisateur d’un groupe de membres critiques du syndicat IG Metall appelé “Alternative” et est actuellement menacé d’expulsion de son syndicat parce que lui et son groupe se sont présentés indépendamment, contre la majorité de droite du syndicat lors des récentes élections sociales (en remportant tout de même 25 % des votes!). Mustafa a expliqué que les syndicats devaient redevenir des organisations de lutte, et il a appelé les syndicats à organiser une riposte européenne contre les assainissements budgétaires et à placer l’industrie sidérurgique sous contrôle public et démocratique, comme l’exigent les statuts syndicaux (“oubliés” par la direction).

La manifestation de Stuttgart a vu une plus grande participation du secteur public, le syndicat ver.di y ayant concentré sa mobilisation. De façon honteuse, le SPD (l’équivalent allemand du PS, ndlt) et le Parti Vert ont essayé d’être présents et ont eu des orateurs sur l’estrade. Mais les travailleurs n’ont pas oublié que c’est un gouvernement réunissant les sociaux-démocrates et les verts qui a entamé la destruction de la sécurité sociale en 2003, avec l’introduction de l’‘Agenda 2010’. C’est pourquoi le parlementaire régional du SPD a été hué et a reçu des œufs.

Les membres du SAV étaient présents aux deux manifestations dans les délégations jeunes, avec leur syndicat, proposant notre journal, criant des slogans, récoltant des signatures contre l’expulsion des travailleurs de Daimler hors de leur syndicat, récoltant de l’argent pour la coalition à la base de l’organisation des manifestations. Nous avons appelé les syndicats à commencer une champagne de masse contre le plan d’austérité avec une journée de grève générale en automne et, en même temps, en avançant une programme clairement contre la crise du capitalisme, un programme socialiste.

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