Relations commerciales Etats-Unis / Union Européenne : Echange entre l’ambassadeur américain et Joe Higgins

Ce premier juin, dans la Commission du Parlement Européen consacrée au commerce international, l’eurodéputé Joe Higgins (CIO-Irlande) s’est adressé à l’ambassadeur américain auprès de l’Union Européenne. Il y a abordé la crise économique actuelle et le rôle de l’administration Obama. Voici la vidéo de cet échange, ainsi que la traduction de cette discussion en français.

Joe Higgins :

‘‘Merci Président.

‘‘M. l’Ambassadeur, vous avez dit qu’un des plus graves problèmes sur base de laquelle nous, je veux dire la génération actuelle, serons jugés, est la manière dont nous nous occuperons de la crise économique et financière actuelle.

‘‘Cependant, comme vous le savez, ce désastre économique a été précipité par la spéculation et par la soif de profit téméraires de la part d’institutions financières américaines et internationales, qui ont été facilitées par la folie de la dérégulation et de la libéralisation mise en place coûte que coûte par les administrations américaine et européenne.

‘‘Et donc, que va faire l’administration Obama quant à cette situation, si l’on prend en compte que des hedge funds surpuissants sont toujours en train de mener le même type d’activités sur les marchés financiers et sur le plan international ?

‘‘Ou en train de spéculer, par exemple, contre le peuple grec et exigeant un prix énorme de la part de la classe ouvrière grecque qui est en train de payer pour les superprofits engrangés par la spéculation de ces mêmes personnes.

‘‘La plupart de ces requins sont basés sur la côte Est des Etats-Unis, les hedge funds, et plus à Londres.

‘‘Donc, que pense faire votre administration contre ce que j’appelle la dictature de ces hedge ffunds et de ces institutions financières ?

‘‘Deuxièmement, vous avez mentionné le fait que le libre-échange était considéré avec suspicion par la population laborieuse des Etats-Unis. Les accords de libre-échange.

‘‘Et l’instinct de la classe ouvrière américaine est ici correct, parce que les accords de libre-échange, selon moi, n’ont pas été faits dans leur intérêt, mais dans l’intérêt des grandes corporations internationales qui bénéficient du libre-échange, forçant par-là une spirale vers le bas des salaires et des conditions de travail pour la population laborieuse.

‘‘Ceci s’est très certainement vérifié aux Etats-Unis, comme ailleurs dans le monde.

‘‘Maintenant, puis-je vous demander, M. l’Ambassadeur – comme vous le savez, dans les années 60, 70, et 80, les administrations américaines ont soutenu pratiquement chacune des dictatures puantes qui ont émergé en Amérique latine et ailleurs, au nom de la facilitation du commerce, avec un immense profit pour les grandes entreprises américaines.

‘‘Pourtant, qu’est-ce qui a changé dans l’approche de l’administration Obama par rapport au commerce ?

‘‘Le commerce est-il toujours une activité « neutre », qui ne doit pas se mêler des Droits de l’Homme et autres ?

‘‘Ou bien, qu’est-ce qui a réellement changé avec la nouvelle administration ?

‘‘Et si quelque chose a réellement changé, pourquoi votre administration continue-t-elle toujours à accorder un soutien économique et un traitement énormément favorables à des Etats qui violent les Droits de l’Homme à la face du monde entier, tels qu’Israël, et que sera le résultat du désastre et du massacre de ces gens qui apportaient de l’aide humanitaire à Gaza ?

‘‘Et ceci va-t-il causer une quelconque modification de vos relations commerciales avec Israël, par exemple ?

‘‘De la même manière, avec le Honduras, comment justifiez-vous le maintien de relations ouvertes avec un gouvernement boiteux, provenant au départ d’un coup d’Etat ?

‘‘Et pour terminer, MM. le Président et l’Ambassadeur : vous vous êtes référés au désastre de la marée noire dans le Golfe du Mexique, qui constitue bien entendu une énorme source d’inquiétude pour le peuple américain, pour les travailleurs, pour les écologistes, pour tout le monde.

‘‘Quelles en sont les implications pour le forage pétrolier à grande profondeur, après ce désastre ?

Réponse de William E. Kennard, Ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union Européenne :

‘‘M. Higgins, vous avez soulevé un certain nombre de problèmes et posé un certain nombre de questions.

‘‘Une sur la régulation financière, et vous avez émis le commentaire que les Etats-Unis sont responsables de la crise financière.

‘‘Je pense que nous avons passé le stade où nous pouvons chercher à savoir sur qui mettre la responsabilité de qui a causé cette crise et de qui ne l’a pas causée.

‘‘Vous voyez, nous y sommes tous ensemble, et on doit résoudre cela tous ensemble.

‘‘Une anecdote familiale – mon père était un petit entrepreneur. Il avait un petit partenariat. Mon père est un Afro-Américain, et son partenaire était un Blanc. Et je me souviens d’une époque, où ils avaient du mal, ils avaient des difficultés avec leur entreprise et ils se demandaient comment ils pourraient rentrer dans leurs frais. Et mon père s’est tourné vers son partenaire et lui a dit « Tu sais, on n’est pas arrivé ici sur le même bateau, mais maintenant, on est tous les deux dans la même galère ».

‘‘Voilà où nous en sommes. Je pourrais dire que la crise de l’Eurozone est un produit de l’Europe, mais en quoi cela va-t-il nous aider ?

‘‘En quoi cela va-t-il nous aider à résoudre le problème ? La réalité, est que nous sommes tous emmêlés dans un réseau financier mondial et interconnecté, et que nous devons travailler à cela tous ensemble. Vous avez aussi dit que nous n’avons rien fait pour réformer la finance.

‘‘Je prends assez mal ceci. Nous sommes très près de faire passer au Congrès Américain une des plus importantes réformes de nos lois financières depuis la Grand Dépression. Nous en sommes très près.

‘‘Et il est très important que, tandis que nos lois passent à travers le Congrès Américain, il y ait une coordination étroite avec l’Union Européenne. Parce que, à nouveau, ceci est un système interconnecté.

‘‘M. Abory était à Washington et à New York récemment, pour justement parler de cet enjeu, et je suis conforté dans l’idée que nous pouvons agir ensemble – si pas en harmonie, au moins en coordination au fur et à mesure que notre réforme financière sera mise en place.

‘‘De même, je ne suis pas du tout d’accord avec votre thèse selon laquelle la politique de libre-échange ne prend pas en compte les enjeux sociaux et environnementaux.

‘‘Le Président Obama a mené campagne autour d’une plate-forme visant à s’assurer que les négociations commerciales soient sensibles aux enjeux sociaux et environnementaux.

‘‘Il a donné une directive à l’ensemble du gouvernement, et c’est quelque chose auquel nous pensons chaque jour au gouvernement des Etats-Unis.

‘‘Israël, je m’excuse, je n’en ai pas parlé. Hier, nous avons tous été témoins d’une tragédie en haute mer autour d’une tentative d’amener un convoi d’aide humanitaire à Gaza. Le Président a tout de suite émis une déclaration.

‘‘Je ne sais qu’en dire de plus, à part que, avant de tirer une quelconque conclusion, il nous faut bien nous renseigner sur ce qui s’est passé.

‘‘Je pense qu’à chaque fois que qu’une telle chose se produit, il est important de comprendre ce que sont les faits, ce qui s’est réellement produit, et ensuite d’agir en conséquence.

Joe Higgins MEP:

‘‘Un acte de piraterie dans les eaux internationales, M. l’Ambassadeur, ce qui s’est produit est assez clair.

Ambassadeur américain:

‘‘Eh bien, nous verrons. Tous les faits ne nous sont pas encore parvenus.

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