Après le livre, maintenant le film : ‘‘La stratégie du choc’’ de Naomi Klein

Le livre de Naomi Klein “La stratégie du Choc” avait déjà fait pas mal de bruit, sa version cinéma est sortie ce 2 juin en Belgique. Naomi Klein est loin d’en être à son coup d’essai, son livre “No Logo” avait eu un succès tel qu’il avait fait d’elle l’une des porte-paroles du mouvement antimondialisation.

Tout comme le livre, le documentaire livre une analyse acerbe et bien argumentée de l’histoire du néolibéralisme et de ses effets sur les masses d’Amérique Latine, d’Asie et d’Europe de l’Est. L’idée de base est que la phase actuelle du capitalisme recourt à des “chocs” afin d’imposer les contre-réformes procapitalistes du FMI et de la Banque Mondiale. Elle compare cette stratégie à l’usage désastreux d’électrochocs dans les années ‘40 et ‘50.

Aujourd’hui, les chocs sont utilisés par le capitalisme pour imposer l’agenda néolibéral sur les plans social et politique. Ces chocs peuvent prendre la forme d’écroulements économiques (comme avec la chute de l’URSS), de catastrophes naturelles (l’ouragan Katrina, le tsunami d’Asie du sud-est), de changements de régime (Pinochet), etc. En bref, de tout ce qui cause assez de désorientation publique pour que les dirigeants du pays aient le champ libre de faire ce que bon leur semble.

Naomi Klein détaille clairement les méfaits du capitalisme. Son exposé sur le Chili des années ‘70 et le passage au néolibéralisme après qu’Allende ait été renversé par le coup d’Etat de Pinochet soutenu par la CIA a beaucoup de mordant et est très bien rendu. Le rôle des soi-disant “conseillers économiques” qui avaient profité de leur formation à Chicago sous la supervision de Milton Friedman est parfaitement décrit. Ces “conseillers” ont été placés au Chili mais aussi dans d’autres parties d’Amérique Latine. Aujourd’hui encore, ils continuent leurs méfaits en Chine. Naomi Klein dresse encore un tableau des conséquences de la restauration capitaliste en Europe de l’Est et en Asie, mais également des conflits pour l’occupation des terres au Sri Lanka et dans d’autres pays asiatiques après le tsunami.

Hélas, après un brillant exposé, les conclusions politiques sont très limitées et se bornent à appeler à un “retour” à un “meilleur capitalisme”, avec une plus forte sécurité sociale et un Etat-providence. Naomi Klein n’est pas marxiste, son livre illustre tout de même une confiance envers le pouvoir des travailleurs et pauvres dans leur lutte contre le néolibéralisme et le capitalisme.

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