750 personnes assistent à une journée de réflexion sur le socialisme

Cela faisait longtemps que l’Internationale, le chant du mouvement ouvrier socialiste, n’avait pas retenti avec autant de force dans les murs du Vooruit… Ce samedi, 750 personnes s’étaient réunies dans ce lieu hautement symbolique pour la première Journée du Socialisme. Ancien palais des fêtes du mouvement socialiste à Gand, le Vooruit était le contre-pied socialiste de ce qu’était l’Eglise pour les catholiques. C’était un «temple» pour les travailleurs, l’endroit où ils pouvaient manger et boire à bon marché, avec un théâtre et une salle de cinéma, de l’espace pour les troupes de théâtres et toutes sortes d’activités culturelles, une imprimerie, la rédaction du journal,…

Par Bart Vandersteene

Photo: dewereldmorgen.be

Un enthousiasme généralement partagé…

Quel évènement! Pour la première fois depuis longtemps, une audience assez large a discuté d’une alternative au capitalisme. Jan Blommaert (un intellectuel de gauche relativement connu en Flandre) a dit à cette occasion que la gauche se réveillait d’une hibernation de 20 ans, commencée à la chute du Mur en 1989. L’effondrement des régimes staliniens, autoproclamés «socialistes», a été utilisé comme la preuve que le socialisme était irréalisable. Le néolibéralisme a alors bombé le torse comme le grand vainqueur et l’unique horizon pour l’avenir de l’humanité.

Ces 750 personnes réunies à Gand n’ont pas discuté de la nostalgie de ces régimes, mais du socialisme comme la seule façon possible de sortir de la crise du capitalisme. Quelques fausses notes toutefois, comme la prise de parole du bourgmestre de Gand, Termont, connu pour sa facilité à adapter son discours en fonction du public. Son ton était bien différent de celui qu’il utilise dans ses discussions avec le patronat portuaire.

Sans surprise, il a fulminé contre les charognards du capital financier. La profondeur de la crise du capitalisme s’illustre notamment par le fait qu’il ne faut pas être révolutionnaire, loin de là, pour tenir de tels propos, comme l’ont démontré Obama et Sarkozy. Termont a déclaré que son parti, le SP.a avait «trop facilement» accepté la pensée unique néolibérale et avait été «trop loin» dans les privatisations. Son passage à la Journée du Socialisme n’était qu’une occasion de dépoussiérer son image de gauche. Le jour suivant, il est redevenu bourgmestre de Gand et membre du bureau national du parti social-démocrate flamand d’où proviennent la chasse au chômeur, le Pacte des Générations,…

A notre avis, c’était une faute de laisser ce politicien prendre la parole en session plénière, surtout en tant que seul représentant d’un parti politique. Cela pouvait donner l’illusion que la table Ronde des Socialistes à l’initiative de la journée voulait faire pression pour pousser le SP.a à gauche. Tout comme le PS du côté francophone, le SP.a utilise toujours le terme de «socialisme» et se réfère aux symboles du mouvement ouvrier socialiste. Mais dans la pratique, PS et SP.a se révèlent être les meilleurs managers du capitalisme.

… mais aussi du réalisme

Cette présence regrettable ne change toutefois rien au mérite le plus important de cette journée, à savoir qu’un espace a été créé pour que les socialistes puissent débattre entre eux. Hélas, il ne s’agissait que d’un évènement néerlandophone, ce que nous déplorons fortement.

Durant cette première journée, certains thèmes difficiles ont été abordés, et des discussions sont parfois restées fort abstraites. Mais à l’avenir, nous devons discuter de la traduction concrète des idées socialistes dans un programme et certains désaccords émergeront peut-être à ce moment. Ainsi se pose la question des appels d’offre, comme avec le «modèle Kiwi». Doit-on oui ou non intégrer cela dans un programme socialiste?

Nous ne pourrons pas non plus éviter de parler des leçons du socialisme au cours du 20e siècle et reconnaître que le socialisme est aujourd’hui rapidement confondu avec la dictature, le parti unique, la bureaucratie,… Le socialisme du 21ème siècle ne peut être victorieux que s’il prend ses distances vis-à-vis de ces expériences et reconnaît qu’il s’agissait de caricatures tout en ne jetant pas par-dessus bord l’idée d’une économie planifiée.

Cette journée a remporté un vif succès grâce à la coopération d’organisations existantes (comme le PTB et le PSL) et de beaucoup d’indépendants. La raison qui explique pourquoi différentes centrales syndicales ont soutenu cette journée et pourquoi les nombreux orateurs et le public ont manifesté tellement d’enthousiasme était cette coopération unique de tout ce qui se trouvait à gauche du SP.a et de Groen.

Cet enthousiasme nous offre un aperçu de ce qui serait politiquement possible si une telle coopération débouchait sur la création d’un nouveau mouvement politique qui, à côté de l’organisation du débat (une première tâche cruciale), serait également en mesure de lancer des campagnes politiques concrètes qui pourraient mener à une campagne électorale qui impliquerait de nombreux jeunes, travailleurs et pensionnés. Cette dynamique pourrait conduire à un nouveau parti qui accueillerait les différents courants existants.

Les conditions pour pouvoir lancer un tel parti ne sont clairement pas encore là, et cette question est loin d’être claire, mais que cette Journée ne soit pas un évènement unique et doive continuer par la suite est déjà un bon succès. Des initiatives, même locales, seront peut-être prises dans le cadre de la Table Ronde. Toutes ces démarches pour des débats ouverts pourront compter sur notre soutien.

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