CONTRE LE NSV
LE 2 DÉCEMBRE, 1.500 antifascistes ont participé à la manifestation annuelle anti-NSV à Gand (le NSV est l’organisation étudiante du VB). Cette manifestation était la plus grosse depuis longtemps et portait comme slogan principal «pour une opposition de gauche contre la politique de droite».
Boris Van Acker
Blokbuster, la campagne antifasciste du LSP/MAS et l’organisation étudiante ALS/ EGA ont assumé presque seuls la mobilisation. Alors que l’ensemble de la gauche et des intellectuels soi-disant de gauche végètent en philosophant sur la manière de faire reculer l’extrême droite, nous allons vers ces quartiers populaires où le VB obtient d’énormes scores. Nous y construisons des campagnes politiques, indépendamment des partis traditionnels bourgeois qui sont responsables de la montée du Vlaams Blok. Nous avons su non seulement rassembler 1500 manifestants pour une opposition de gauche, mais nous avons également su obtenir le soutien des travailleurs et de leurs familles dans les quartiers traversés par la manifestation.
Nous y avons vendu plus de 100 journaux et divers riverains ont prit part à la manifestation. De par son manque de soutien parmi les étudiants, le NSV a dû mobiliser toute la crapule néo-nazie de Flandre pour sa manifestation annuelle. Il est inacceptable que des dizaines de néo-nazis puissent terroriser le quartier étudiant.
C’est la raison pour laquelle, après la dissolution officielle de notre manifestation pacifique, des centaines d’antifascistes se sont dirigés vers le quartier étudiant. La police n’a nullement voulu empêcher les fascistes, après la dissolution de la manifestation NSV, de s’acheminer vers le quartier étudiant où ils comptaient trouver des victimes faciles. Des groupes de 10-20 fascistes entraînés militairement ont chargé la majorité d’antifascistes qui n’étaient pas préparés à un assaut d’une telle envergure et ils ont dispersé la foule. La police a voulu en remettre une couche, cette fois-ci avec des matraques. Dans diverses régions, nous avons déjà porté plainte collectivement contre la violence physique des fascistes et auprès du Comité-P contre les brutalités policières.
Celui qui connaît l’Histoire, sait ce que signifient les méthodes fascistes. Mais pour beaucoup, cette confrontation directe a choqué. Parmi les combattants de rue, nous avons pu distinguer plusieurs mandataires du VB, dont Stefaan Sintobin, parlementaire d’Izegem ainsi que Luc Vermeulen actuellement dirigeant du service d’ordre du VB, et leader de la milice privée VMO, interdite dans les années 80. Pendant que les mandataires VB peuvent se lancer comme seule opposition au parlement avec leur langage populiste, dans le même temps ils envoient des troupes entraînées militairement pour casser chaque tentative de riposte antifasciste. Pour ceux qui avaient encore des doutes sur les liens entre les milices comme Voorpost, le NSV et le Vlaams Belang, ils pouvaient les vérifier en direct ce deux décembre.
«Gand envoie les autopompes une deuxième fois en deux jours», De Gentenaar (3/12)
Comme toujours les médias traditionnels bourgeois ont fourni des rapports plutôt légers sur la manifestation anti-NSV…
Pour eux, il s’agissait d’émeutes entre des jeunes d’extrême droite et d’extrême gauche. Les errances de la gauche ont renforcé cette fausse image. Le jour avant la manifestation anti-NSV, une autre bataille de rue a eu lieu dans le quartier populaire de Brugse Poort. Dans ce quartier populaire, la politique de “mixité sociale” du conseil de ville a abouti à la destruction de 89 maisons ouvrières. Ce drame a été baptisé “Oxygène pour le Brugse Poort”. A travers la mise sur pied d’un comité d’action contre la démolition, le MAS a voulu organiser les riverains concernés et l’ensemble du quartier.
On s’attendrait à ce que le Centre Anarchiste dans le Brugse Poort soutienne cette initiative, même si ce n’était que pour donner plus d’ampleur à leur travail de quartier. Mais une vision sur la manière de construire un rapport de force contre le conseil de ville et sa politique antisociale semble totalement absente chez les “autonomes”.
Après une lutte difficile de plus d’un an, les maisons ont été expropriées, mais pas sans résistance. Face à l’agressivité du conseil de ville, les riverains concernés se sont organisés, ont répondu à la propagande du conseil de ville et ont défendu leurs droits au travers de la construction de la solidarité.
Lorsque finalement la plupart des habitants originaux sont partis, les squatters ont occupé les maisons vidées. Il n’est pas étonnant que cette forme de protestation n’ait pas reçu le soutien des habitants du quartier: où étaient nos courageux squatters lorsque les habitants originaux du quartier ont mené leur lutte?
Le premier décembre, la veille de la manifestation anti- NSV, les squatters ont dit que les maisons allaient être dégagées. Diverses sources ont réfuté cette information. De gigantesques barricades étaient mises sur pied avec des amoncellements de déchets pillés dans les maisons abandonnées ou volées dans les maisons encore occupées! Quelques squatters masqués se sont retranchés sur le toit d’une maison située à un coin de rue et ont jeté des caddies et des vieux vélos vers le bas. Les médias se sont jetés sur les images. Leur action héroïque a été dispersée sans beaucoup d’efforts, une éviction n’a pas été prévue… Cette action était une véritable gifle pour les habitants de quartier expropriés et nos efforts au Brugse Poort.
Il était prévisible que le conseil de ville se serve des rapports spectaculaires dans la presse pour criminaliser toute la résistance contre le projet de prestige au Brugse Poort. Le lendemain on pouvait lire à la une des journaux: «Belfast sur Escaut» (De Morgen) et «Les squatters construisent leur interprétation a eux du Mur de Berlin» (De Gentenaar). A ce moment, Beke (bourgmestre de Gand) avait l’initiative. Avec un regard un peu compatissant, il déclarait devant les caméras qu’ «il ne comprenait pas les squatters. Des maisons délabrées sont démolies pour y construire des logements sociaux. Je ne vois pas le mal.» L’image consécutive nous montre un vélo tombant du toit. Les autopompes sont utilisées. Un habitant du quartier crie à Beke qu’ «il ne peut pas tolérer cela! Ces squatters doivent partir! « Beke n’aurait pas pu imaginer mieux.
Pour regagner les votes du VB, nous devons aller vers les quartiers où le VB récolte des voix. Si nous voulons les convaincre, alors il est de notre responsabilité de construire une opposition de gauche contre la politique de droite qui forme le substrat à la moisissure de l’extrême-droite. Le fait de monter des barricades et d’aller à des confrontations directes cagoulé avec la police fait le jeu de nos opposants. Ils dissimulent avec des méthodes «radicales » leurs incompétences et/ou leurs réticences ainsi que leur incompréhension totale des problèmes de société pour changer réellement quelque chose.
Sans approche transitoire les radicaux peuvent continuer à faire du sur place détaché du soutien de la population. Sans ce soutien, leur « lutte » est par définition une cause perdue. Ils se constituent eux-mêmes en oiseaux pour le chat devant la répression policière et le vilipendage des médias.
Les antifascistes doivent mener leur lutte non pas dans leur milieu radical, mais via la construction d’une opposition de gauche combative dans les entreprises, les écoles et les quartiers. Rejoins la seule opposition utile! Rejoins le MAS!