S’inspirer de la dynamique de la France Insoumise pour les combats à venir

Cette campagne présidentielle française a bouleversé tous les repères politiques traditionnels. Un président sortant, François Hollande, qui refuse d’être candidat (une première sous la 5e République instaurée en 1958) ; des primaires à droites organisées pour la première fois d’où émerge contre toute attente François Fillon ; ce même candidat de la droite officielle dont la campagne s’est vue directement plombée par divers scandales ; une figure encore peu connue il y a quelques temps, Emmanuel Macron, propulsée avec la complaisance des médias sur le devant de la scène ; etc. Quant à nous, à l’instar de nombreux jeunes et travailleurs, nous retiendrons surtout la candidature de Jean Luc Mélenchon et la dynamique qui fut celle de la France Insoumise.

Par Nicolas Croes, article écrit à destination de l’édition de mai de Lutte Socialiste, avant la publication des résultats du premier tour

Au côté des intentions de vote où Jean-Luc Mélenchon a progressivement dépassé Benoît Hamon, puis François Fillon pour finir dans les vainqueurs potentiels du premier tour, il y a également eu l’extraordinaire affluence aux meetings de la France Insoumise, dont voici quelques dates clés. Le samedi 18 mars, 130.000 personnes s’étaient réunies à Paris pour commémorer l’anniversaire de la Commune de 1871. Le dimanche 9 avril, ils étaient 70.000 à Marseille et à nouveau 70.000 à Toulouse le 16 avril. Deux jours plus tard, en pleine semaine, 35.000 personnes ont assisté aux meetings simultanés de Dijon, Grenoble, Nancy, Clermont-Ferrand, Nantes et au Port (La Réunion) grâce à des hologrammes, tandis que 65.000 autres regardaient en direct la retransmission du discours. Les autres candidats ne pouvaient que rêver susciter un tel enthousiasme !

De l’audace, de l’audace, encore et toujours de l’audace

Une des grandes leçons de la montée en flèche de la figure de Mélenchon, c’est d’avoir développé une image offensive, pugnace et audacieuse. L’image de quelqu’un qui rend coup sur coup. Qui ne cherche pas à être accommodant avec l’élite. Qui ne plie pas devant les médias. Qui a un objectif en tête et la ferme volonté d’y parvenir. Qui redonne confiance en une victoire possible contre le camp d’en face.
La nécessité d’une telle approche avait déjà été démontrée de manière éclatante par la candidature de Bernie Sanders aux primaires du parti démocrate et son appel à la ‘‘révolution politique contre la classe des milliardaires’’, approche par ailleurs au service d’un programme politique résolument favorable au travailleurs et aux opprimés de toutes sortes.

Tant Mélenchon que Sanders ont compris que les idées politiques ne doivent pas être limitées à ce qui semble raisonnable. Ils ont défendu des idées radicales (bien qu’ayant encore de nombreuses faiblesses) qui ont permis de bousculer le centre de gravité politique du débat global. Il fut un temps où Bernie Sanders aurait tout simplement été banni du débat politique national aux Etats-Unis. Aujourd’hui, il reste l’homme politique le plus populaire du pays en dépit de sa capitulation et de son ralliement à la candidature de Hillary « Wall street » Clinton. Mélenchon a, au contraire, gardé ses distances avec le Parti « Socialiste », même lorsque que Benoît Hamon est sorti vainqueur des primaires de la « Belle alliance populaire ». Il a également défendu sans relâche la nécessité d’un projet de rupture avec les institutions actuelles de la Ve république. On peut déplorer que son projet de 6e république en reste au niveau de l’utopie d’un capitalisme domestiqué, mais l’on ne peut nier que la formule a l’immense mérite d’ évoquer un changement de régime et, peut-être, de société.

L’utilisation des objectifs

Un autre enseignement d’importance est celui de l’utilisation d’un plan de campagne soutenu. Il s’agissait d’abord de dépasser Benoit Hamon dans les sondages. Puis Fillon. Figurer enfin dans les sondages du second tour. Obtenir 300.000 abonnés à la chaine youtube de la France Insoumise pour le premier tour. Etc. Nous avons vu à l’œuvre sur le plan électoral une sorte de plan d’action crescendo à l’image du plan d’action syndical de l’automne 2014 contre le gouvernement Michel qui avait commencé par une manifestation de masse à Bruxelles pour finir après une tournée de grèves provinciales par la grande grève générale du 15 décembre 2014. C’était une manière de favoriser l’engagement actif dans la campagne, de répartir l’effort collectif en organisant la croissance de l’enthousiasme.

Et pour la suite ?

Il n’est d’ores et déjà plus seulement question de la désignation du chef de l’Etat. Divers commentateurs spéculent ouvertement sur la fin du PS. Quoi qu’il en soit, la France Insoumise est aujourd’hui dans une position de force pour prendre des initiatives hardies vers une recomposition radicale de la gauche. Selon nous, le mieux serait de s’orienter vers un nouveau parti de masse démocratique des travailleurs capable de rassembler pour organiser la lutte contre la classe capitaliste, dans la rue comme dans les urnes. Cela exigera d’approfondir le programme politique de la formation pour qu’il devienne un véritable programme de rupture anticapitaliste et socialiste.

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